Approvisionner le pays en moutons suffisants à l’occasion de la fête de l’Aïd el kébir ou « Séliba » est un casse-tête pour les autorités sénégalaises qui se retournent vers des pays voisins comme la Mauritanie ou le Mali. Mais sans pondération de la quantité destinée à l’exportation, n’y a-t-il pas un risque de pénurie pour notre pays ?
Il y a de plus en plus d’éleveurs au pays de la Téranga, mais c’est pour proposer de gros béliers à des prix pratiquement inaccessibles de la part du Sénégalais lambda. En effet, c’est dans ce pays que l’on peut voir, à l’occasion de la fête de Tabaski, des moutons vendus jusqu’à 1 million de nos francs. C’est pourquoi d’ailleurs, dans ce pays, on fait la différence entre les moutons du pays élevés de façon domestique donc vendus plus chers et ceux en provenance de l’étranger élevés dans les troupeaux.
Comme d’habitude, le Sénégal compte sur le Mali pour satisfaire ses besoins en moutons de Tabaski et d’ores et déjà les autorités de ce pays, très prévenants, ont déjà pris langue avec nos professionnels de la filière bétail-viande qui les ont assuré de pouvoir leur livrer plus de 280.000 béliers. Le ministre de l’Elevage et des productions animales du Sénégal, Aminata Mbengue Ndiaye, a même présidé une rencontre avec les transporteurs, les associations d’éleveurs du Sénégal et ceux du Mali regroupés au sein de la Fédération nationale des groupements de bétail viande. C’est au cours de cette réunion que nos professionnels de la filière se sont engagés à convoyer plus de 280.000 béliers sur le marché sénégalais non sans soulever certaines questions comme les tracasseries que rencontrent les transporteurs sur le corridor Dakar-Bamako, la mobilisation des véhicules le long des frontières entre les deux pays ainsi que les taxes abusives appliquées par le Sénégal une fois les moutons sur place dans ce pays.
Pour satisfaire ses besoins en moutons cette année à l’occasion de cette fête musulmane estimés à environ 750.000 têtes dont 260.000 pour la seule région de Dakar, le Sénégal devra aussi compter sur l’approvisionnement en provenance de la Mauritanie où l’année dernière, avec les importations du Mali, le Sénégal avait reçu 362.000 têtes sur une prévision de 400.000 têtes.
Selon le Dr Dame Sow, directeur de l’Elevage, « Beaucoup de moutons proviendront de la région de Mopti ». Qu’en sera-t-il du marché malien pour cette fête ? A l’heure où la hausse généralisée des prix des produits alimentaires, fruit d’une spéculation, a été érigée en règle de fonctionnement du marché, il y a de quoi redouter les dépenses de « Séliba » surtout en ce qui concerne le mouton car les populations gardent encore un amer souvenir de ce qui s’est passé lors de la fête de fin du Ramadan où les prix des produits, hormis celui de la viande, étaient hors de portée.
Karamoko Diarra
Source: journallesphynxmali