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Pratiques négatives sur le fleuve Niger: le dragage menace nos cours d’eau

La commune rurale de Baya abrite du 15 au 20 de ce mois la rencontre d’échanges entre les responsables de la protection de l’environnement et les hommes de média sur la gestion intégrée de l’eau et les changements climatiques. Le sous-préfet de Kangare, Allaye CISSE, a procédé, le mercredi 16 août 2017, au lancement des activités dudit atelier dans la salle de réunion de l’Hôtel Club de Sélingue, en présence du chargé de programme de l’ONG Wetlands International, Mohamed GARYANE, ainsi que du maire de la commune rurale de Baya, Maguette N’DIAYE.

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Étaient également présents une vingtaine d’hommes de médias du Mali et de la Guinée, des représentants du ministère des Mines, de l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN), de la protection civile, de la gendarmerie ainsi que des responsables des services de l’ONG Wetlands International qui prennent part à cet atelier.
S’inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre du programme GIRE de l’ONG Wetlands International, sur financement de l’ambassade du Royaume des Pays-Bas, ce séminaire vise spécifiquement à faire comprendre l’ampleur de la problématique de l’orpaillage et de l’installation des dragues dans le Fleuve Niger et ses affluents. D’autre part, élaborer des messages de communication et de sensibilisation insistant à l’abandon des pratiques négatives sur le fleuve Niger tout en dégageant des meilleures approches de communication sur les enjeux environnementaux.
Le chargé de programme de l’ONG Wetlands International, Mohamed GARYANE, a expliqué que le présent atelier s’inscrivait dans le cadre d’une collaboration entre les hommes de médias et l’ONG Wetlands International en rappelant qu’il y a eu en 2015 et 2016 le même cadre de travail. Il a aussi promis la poursuite de ce cadre de collaboration en vue d’améliorer la gouvernance environnementale.
Il a par ailleurs soutenu que l’on ne peut parler de la Gestion intégrée de l’eau, sans faire allusion à l’orpaillage et au dragage, deux pratiques qui contribuent à la dégradation de notre environnement. À ce titre, ils constituent, à son avis, une problématique complexe avec ses conséquences néfastes sur notre environnement. Pour y faire face, il a souligné la nécessité d’échanger avec les acteurs afin de voir dans quelle mesure les synergies d’actions peuvent concourir à améliorer le secteur.
« Pour agir, il faut comprendre d’abord, avant d’agir. Pour cela, je pense que les hommes de médias constituent un maillon important de la communication pour le changement de comportement », a déclaré M. GARYANE.
Pour sa part, le Sous-préfet de Kangare, Allaye CISSE, a salué et félicité l’ONG Wetlands International pour avoir pris l’initiative de l’atelier. Aussi, a-t-il félicité et remercié l’ambassade du Royaume des Pays-Bas qui soutient financièrement l’initiative ainsi que le gouvernement du Mali pour ses efforts en faveur de la protection de l’environnement.
Près de 3000 dragages au Mali
Sur le thème « Les impacts environnementaux de l’orpaillage et l’installation des dragues », le Dr N’DIAYE Baba Faradji de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), a d’emblée rappelé que le Mali, depuis l’antiquité, a fait l’objet d’intenses activités d’exploitation d’or par des procédés artisanaux et traditionnels et de soutenir que le pays exporte 70 tonnes d’or par an.
Selon lui, plus de la moitié de cette quantité provient du secteur informel d’exploitation aurifère qui est estimée entre 10 à 36 tonnes et plus d’un million de mineurs artisanaux sont recensés sur notre territoire répartis sur 350 sites d’orpaillage. Aussi, dénombre-t-il près de 3000 dragages sur les fleuves au Mali qui sont tous illégalement faits parce qu’ils ne sont autorisés par aucun document officiel.
Or, précise-t-il, la loi est claire : les substances minérales ne peuvent être exploitées qu’en vertu d’un permis d’exploitation, d’une autorisation d’exploitation de petite mine ou d’une autorisation d’exploitation artisanale. En dépit de cette disposition, les gens continuent d’exploiter les dragues sans aucun document officiel émanant du ministère des Mines, seul habilité à délivrer le permis.
Par ailleurs, pour illustrer ses propos sur l’ampleur de l’utilisation du dragage, il a cité la situation dans le cercle de Kangaba où la pratique est intense et généralisée.
Dans ce cercle, c’est presque toute la population qui s’adonne au dragage. On trouve également sur ces sites, toutes les couches sociales : des jeunes comme des vieux, des hommes et des femmes, des illettrés et analphabètes, etc. À Kangaba, c’est seulement 8 % de la population qui ne vit pas du dragage, a expliqué M. N’DIAYE.
Cependant, dans sa présentation, le Dr Baba Faradji N’DIAYE a aussi fait cas des motifs qui encouragent l’orpaillage et le dragage de façon générale. À ce titre, il a signalé que les populations s’adonnent à la pratique parce que c’est une source de revenus, parce qu’elle permet de lutter contre le chômage.
Il pense qu’au regard ces motifs, on ne peut pas interdire ces pratiques, mais il serait mieux d’organiser le secteur afin de minimiser ces conséquences néfastes comme la pollution de l’environnement par l’accumulation des déchets ; la création des turbidités et contamination des eaux ; la destruction de l’oxygène dissout. Des conséquences qui causent la disparition de la faune aquatique ; la perturbation des équilibres locaux au niveau des cours d’eau où l’activité s’est installée.

par Sikou BAH

 

Source: info-matin

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