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Pratique de l’esclavage par ascendance : A quand la fin ?

Au cours de la dernière décennie au Mali, la question de l’esclavage est devenue une crise sociale dans la région de Kayes opposant certaines communautés Soninké. Si une des parties trouve que c’est une coutume, le mouvement anti esclavagiste Gambana dénonce la pratique et réclame l’adoption d’une loi pour interdire la considération de l’esclavage par ascendance. Mais à quand l’État mesurera-t-il les conséquences de cette pratique y mettra un terme ? 

Médiatisé par le mouvement anti-esclavagiste Gamabana vers 2015-2016, la question de l’esclavage par ascendance est devenue une crise sociale dans la région de Kayes  et une partie de la région de Koulikoro.

Des jeunes d’une communauté Soninké se sont  alors révoltés contre leur statut  « d’esclave par descendance ». 

Diaguily Moro Kanouté, représentant du mouvement anti esclavagiste Gambana dans la région de Kayes a indiqué sur la chaine France 24 en  octobre 2019  qu’un « esclave est considéré comme un animal ». Selon lui, ceux qui se considèrent comme nobles « t’envoient là où ils veulent.  Tu travailles pour eux, tu cultives pour eux, tu fais tout pour eux. Tout ce qu’ils veulent, tu fais… on ne peut pas se marier. Nos enfants ne peuvent pas marier leurs enfants. Même quand tu es instruit, tu es diplômé, tu ne peux pas être maire. Dans les prises de décisions, toi tu t’assois seulement, tu écoutes. Un esclave n’a rien à dire dans l’assemblée du village » a-t-il déploré avant d’ajouter que « quand tu déclares que tu n’es pas esclave, tu es chassé du village. Tu es chassé du village ou si tu restes, tu n’as pas de terre de culture. On te prive de tout ».

Tout en reconnaissant que l’esclavage par ascendance a commencé depuis les ancêtres, ce représentant de Gamabana indiqué que « le monde a changé, la jeunesse d’aujourd’hui ne veut plus cette pratiquer»

En plus de cela, la Chaine France 24 a montré, En 2019, une vidéo non professionnelle montrant une scène de violence contre des personnes  qui ont refusé de se soumettre au système d’esclavage à Kremis, un village de la région de Kayes. Selon cette chaine, ces victimes avaient fini par trouver refuge dans la ville de  Yélimané.

C’est pourquoi entré dans la danse, le mouvement anti esclavagiste Gambana s’est donné comme mission de médiatiser cette pratique au Mali. Selon  Sekhou traoré, membre du bureau exécutif de Gambana en France, « il y’a encore des autorités qui sont dans le déni », cela parce que selon lui, ils ont peur pour l’image du pays. Mais l’objectif de gambana est d’avoir une loi criminalisant l’esclavage par ascendance au Mali.

Contrairement à ces témoignages, Gangara  Camara, maire de la commune de Diangounté Camara dans la région de Kayes  refuse, pour sa part, toute existence d’esclavage dans la région de Kayes. Il a reconnu qu’il y a, certes, une crise sociale mais pas d’esclavage. Selon lui, c’est une pratique coutumière qui est sortie de son contexte par certains ressortissants de la diaspora. D’ailleurs, y’a pas de servitude et ceux qui sont conférés comme des esclaves ont, selon lui, leur propre famille, leur propre champ et travaillent à leur propre compte. Donc pour lui, on ne peut pas parler l’esclavage dans ce contexte.

Pour sa part, Bessidi Diarra, enseignant psychologue dans la région de Kayes indique, lors d’un débat à studio Tamani en 2019, que l’esclavage existe mais de nom. Certes que certains de ces gens sont dénigrés par ce statut selon lui, il n’y a pas de servitude.   Donc on peut comprendre que c’est l’appellation, souvent de façon péjorative qui existe toujours. Et c’est qui pose problème. Cependant, le combat ne devait-t-il pas s’accentuer sur la sensibilisation pour un changement de mentalité ?

Aujourd’hui, le constat est là. Il est amer. La crise est profonde et risque d’être une bombe à retardement. Comme le mouvement Gambana, des associations de défense des droits de l’homme dont la CNDH réclament toujours l’institution d’une loi criminalisant cette pratique au Mali. Il est revient donc aux autorités maliennes d’agir en ce sens pour éviter d’autres frustrations.

Issa Djiguiba

Source: Journal le Pays- Mali

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