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Pourquoi je soutiens le Premier ministre

Depuis un moment je ronge mon frein pour m’exprimer sur le cas Choguel Kokala Maiga.
Bien entendu, je ne peux pas être un sympathisant politique de quelqu’un qui a défendu l’héritage politique du régime dictatorial de Moussa Traoré au moment où le peuple malien dans sa très grande majorité venait de dire NON à la dictature au prix du sang des martyrs de la démocratie.

Ceci étant, on doit aussi avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître quelques points qui me semblent essentiels pour la suite de mon propos :
– il a un vrai parcours universitaire et ce mérite lui revient ;
– il n’a pas été comptable du bilan du régime dictatorial puisque dans les faits il n’a pas occupé de responsabilités pendant cette période ;
– il a fait preuve d’un courage certain en défendant l’héritage du régime déchu, même si il est évident que c’était plus par posture politicienne pour exister que par conviction ;
– l’expérience démocratique n’a pas été à la hauteur des attentes et les idéaux ont été trahis ;
– il a été dans l’opposition au régime démocratique dont il a utilisé les armes au point d’en devenir un farouche défenseur.
Je n’ai pas une connaissance fine de son bilan dans les postes occupés, mais si je m’en tiens aux généralités, on peut noter les points suivants :
– un homme brillant sans aucun doute et cela transparaît dans chacune de ses interventions où le discours est à la fois consistant, cohérent et fluide ;
– un homme loyal en politique, même si cela a pu le mettre à mal vis-à-vis de ses convictions, notamment sur la question du Nord ;
– un homme habile politiquement qui a su se rendre indispensable sans avoir un véritable appareil politique.
En revanche, j’ai suivi son parcours au sein du M5-RFP et là je dois avouer qu’il a fait le job. Qu’on le veuille ou non, il a été de tous les combats de ce mouvement, il a été à la manœuvre pour maintenir une unité fragile entre des acteurs très hétéroclites, et il s’est imposé aussi par la force du travail. C’est donc normal qu’il ait été désigné comme porte-parole puis président du Comité stratégique de ce mouvement avec clairement des arrières pensées politiques.
Il est lucide sur son poids politique et sur le sens de l’histoire. Il s’est donc préparé méthodiquement à diriger un gouvernement de transition en jouant la carte de l’instant présent pendant que ses camarades s’inscrivent dans la conquête du pouvoir par les urnes sans réussir à s’entendre sur une candidature unique.
Sa désignation a été négociée en dehors du M5-RFP et c’est la raison pour laquelle il n’y a pas eu d’accord politique. C’est donc un Premier Ministre fragile qui n’a pas les leviers du pouvoir.
Ceci étant, il sait qu’il a besoin d’une partie du M5-RFP dans sa mission et que les acteurs politiques de ce mouvement qui ont des ambitions présidentielles ont besoin de son soutien.
Deux options pour la suite des événements :
– soit il se renforce politiquement et obtient de plus en plus de marge de manœuvre lui permettant d’initier un véritable agenda de Refondation ;
– soit il échoue et c’est l’ensemble de la Transition qui va dans le mur et on ne sera pas à l’abri d’un nouveau rebondissement.
Il faut donc le soutenir, mais pas à n’importe quel prix ni n’importe comment, et surtout il faut continuer à être vigilant sur le déroulement de la Transition et ne pas hésiter à critiquer de façon constructive parce que c’est aussi une façon de renforcer son positionnement interne dans l’intérêt de l’agenda de Refondation dont le Mali a tant besoin.

Zouber Sotbar

Source : Info-Matin

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