Hier pour la première fois depuis que le Mali a ouvert ses urnes aux démocrates, j’ai failli à mon devoir de citoyen… Pourquoi?

Je ne peux dire exactement les raisons qui m’ont poussé à le faire.

Je me sentais déçu, profondément frustré par ce que j’avais attendu du Changement.

L’enthousiasme qui m’animait au premier tour des présidentielles m’a quitté.

Je ne retrouve pas les débuts des Temps Nouveaux promis par notre candidat IBK.

Je ne sais plus pour qui je dois voter car sur la liste de mon parti, je retrouve nos adversaires ADEMA, PDES, UDD, FARE, ASMA et autres. Je suis désorienté. Mes idées ne sont plus claires.

Car si je vote pour mon candidat du Renouveau, je vote aussi pour ceux qui ont été les fossoyeurs de notre pays. Je vote pour ceux qui sont dans la ligne de mire de notre Président quand il dit qu’ils vont être poursuivis pour les détournements qu’ils ont commis.

Et que dire de la liste du RPM où, déjà depuis le premier tour, les Rebelles condamnés par le peuple malien, poursuivis par la CPI et grâciés par IBK campaient et se faisaient élire du premier coup… Je ne sais plus dans quel camp je suis. Je suis pour les Rebelles, pour une Kidal indépendante avec des MNLA armés jusqu’aux dents et faisant la loi, terrorisant les populations noires et harcelant nos braves soldats si je vote pour mon parti le RPM…

Tout ceci est très confus.

Le RPM est devenu le parti des adémistes, des mpristes, des urdistes et même des indépendants… Et dire que nous reprochions à ATT sa politique consensuelle. A l’allure où l’on va nous allons vers le parti unique… Et Adieu la démocratie!

Si je vote pour ce parti amalgamé à l’ADEMA, au PDES et Cie comment pourra-t-on lutter contre la corruption? les corrompus étant dans nos propres files?

Un véritable casse-tête.

IBK ne me convainc plus.

Trois mois déjà et Kidal est toujours infréquentable. Les terroristes et le MNLA font bon ménage et les attentats y ont lieu sans que les innombrables check-points ne les détectent.

Ĺe dialogue avec des groupes armés? Impossible. Alors qu’attend-t-on pour désarmer ces rebelles et remettre Kidal sur la bonne voie, celle de la République du Mali, une et indivisible.

Je n’ai pas voté pour élire nos futurs députés, comme beaucoup de mes compatriotes, parce que nous ne savons plus qui est quoi et pour qui on vote… Un vote exprimé est un choix et nous n’avons plus l’option du choix, l’option de l’expression de notre positionnement dans l’échiquier du paysage politique malien. Le Malin a brouillé les pions et le jeu est faussé. Je reste sur la case de départ en attendant que le jeu reprenne avec des données claires et des pièces qui représentent des parcours bien précis pour atteindre la victoire finale.

Les représentants du peuple sortis de ce vote et de ces listes de partis amalgamés défendront la couleur de quel parti et quel programme politique?

Quel peuple pourra leur faire confiance pour exprimer sa voix à travers eux?

Dommage que pour des fins électoralistes les hommes de ce parti qui ont donné au peuple malien l’espoir du Renouveau soient prêts à vendre leur âme au diable et à pacter  avec les fossoyeurs de notre pays.

Non, je n’ai pas voté et je n’en ai aucun regret.

A l’heure où l’Afrique enterre Mandela, mon souhait est que dans mon pays surgissent des hommes qui sachent rester fidèles à leurs idéaux même au prix de leur défaite politique ou de leur liberté.

Que Dieu protège le Mali et mène ses enfants dans les sentiers du Renouveau!

Mahamane Sidibé (un malien lamda)