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« Pourquoi il faut soutenir les femmes de science en Afrique »

TRIBUNE. La conjugaison de l’impact des femmes avec celui de la science et de l’innovation peut être une formule gagnante pour le développement de l’Afrique.

Par Alexandra Palt

Si le développement économique et la croissance démographique du continent africain sont inédits à l’échelle mondiale, ils ne doivent cependant pas faire oublier que les États africains font face à des défis majeurs : dérèglement climatique, pauvreté, accès inégal à l’éducation ou encore raréfaction des ressources naturelles. Pour les relever, la science et l’innovation sont des leviers essentiels, et il est indispensable que les femmes puissent contribuer pleinement et équitablement au développement de solutions issues de la science en favorisant l’innovation et en enrichissant la recherche au niveau local.

Pourquoi cet engagement est-il important  ?

Parmi les chercheurs mondiaux, on compte seulement 2,4 %** de scientifiques africains, dont à peine 30 % sont des femmes. Aujourd’hui, il n’y a tout simplement pas assez de femmes scientifiques en Afrique, avec de fortes disparités selon les pays. En Afrique de l’Ouest, seuls 8 % des laboratoires de recherche sont dirigés par des femmes.Au Kenya, en Afrique de l’Est, seulement 75 des 300 étudiants qui obtiennent un doctorat chaque année sont des femmes sur une population totale de 48 millions d’habitants. Au Tchad, en Afrique centrale, seuls 5 % des chercheurs sont des femmes.

En Afrique subsaharienne, de nombreuses difficultés se dressent devant les scientifiques, femmes ou hommes de manière indifférenciée, en particulier dans les pays les plus pauvres du continent, où le manque de financement et l’insuffisance des ressources impactent lourdement les infrastructures des laboratoires et la qualité de la recherche. Les femmes doivent cependant surmonter d’autres obstacles bien spécifiques cette fois. La faible présence des femmes en science et le manque de rôles modèles, comme la perpétuation de traditions culturelles profondément ancrées, qui attribuent certains rôles aux femmes, n’encouragent pas les jeunes filles à entamer des études scientifiques. Et, pour celles qui songent à se lancer dans la recherche, équilibrer études et obligations familiales représente un défi de taille, que viennent parfois encore renforcer les verrous propres à la structure du système académique.

Il est donc essentiel de mettre en avant et soutenir les extraordinaires chercheuses du continent, qui sont indispensables pour développer une recherche inclusive en Afrique, pour l’Afrique et menée par des Africain·e·s. Il est indispensable que l’Afrique puisse compter sur ses meilleurs talents. Parce que l’Afrique a besoin de science, et que la science a besoin des femmes.

Une initiative pertinente : un prix pour les scientifiques africaines

Au regard de sa mission, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture n’ignore pas cette réalité et a entendu s’impliquer dans la promotion des femmes dans le domaine scientifique. Avec L’Oréal, il a donc été institué le prix international L’Oréal-Unesco Pour les femmes et la science. Depuis sa création puis celle du programme dédié à l’Afrique subsaharienne, 11 femmes scientifiques d’exception et 129 jeunes talents, doctorantes et post-doctorantes, toutes issues du continent africain, ont été accompagnés et mis en lumière. En ce mois de novembre 2019, le programme Afrique subsaharienne fête son dixième anniversaire. De quoi renforcer l’engagement de nos deux entités. Pour mieux soutenir toutes les chercheuses où qu’elles soient sur le continent, il a été décidé de créer deux programmes distincts : l’un dédié à l’Afrique du Sud, et l’autre se déployant dans les 48 autres pays de la région subsaharienne. Le nombre de jeunes femmes scientifiques qui bénéficieront du programme à été fait doublé. Ainsi, pour l’année 2019, 20 jeunes talents originaires d’une quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne, pionnières dans de nombreux domaines scientifiques, ont été sélectionnés parmi près de 400 candidatures. Rassemblées à Dakar en ce mois de novembre, elles ont une formation au leadership à même de leur permettre d’être mieux armées pour mener leur carrière. Et pour les célébrer, une cérémonie ! De quoi encore mieux partager l’idée que pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain, rien ne vaut la formule femme et science.

Source: lepoint

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