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Pourquoi faut-il respecter les droits humains dans la lutte contre le terrorisme ?

La cinquième édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’ouvre ce lundi 05 novembre au Centre international de Conférence Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, connait une révolution de taille.

Cette année, la question liée au respect des droits de l’Homme dans l’épineuse lutte contre le terrorisme fait son entrée dans les débats de fond. Et c’est le moins qu’on puisse dire puisqu’au total, ce ne sont pas moins de trois panels qui sont prévus pour parler des droits humains lors de cette rencontre informelle qui mobilisera des sommités venues des quatre coins de la planète et de secteurs divers. En effet, après le panel des chefs d’Etat qui suivra la cérémonie d’ouverture, la première plénière tournera autour du thème : “Droits, Justice et Libertés face aux enjeux sécuritaires”. Le la est donné.
A coup sûr, il ne manquera pas de sceptiques pour s’interroger sur la pertinence du respect des droits humains dans la lutte contre l’extrémisme violent. Ce qu’ils semblent ignorer, c’est que la violation des droits les plus basiques de l’être humain s’est avérée l’une des alliés incontournables des mouvements extrémistes de tout bord. Dans leurs vidéos de propagande, les organisations dites terroristes islamistes brandissent souvent des victimes civiles pour avoir l’empathie de la communauté musulmane. Et malheureusement, nombreux sont les jeunes qui ont épousé leur idéologie après avoir visionné ces vidéos réalisées avec une mise en scène déconcertante. La situation des Palestiniens, la persécution des Rohingya en Birmanie, les difficultés auxquelles font face les musulmans en République centrafricaine sont souvent citées par les “embrigadés” pour légitimer leur engagement dans un tel groupe ou dans un autre. Au Mali, les attaques régulières dont font l’objet les “peuls” sont une aubaine pour Aqmi et l’Etat islamique dans le Grand Sahel qui y trouvent un moyen de recruter pour leur cause. Que ce soit dans le septentrion ou dans le centre, les populations qui font l’objet d’attaques de milices parfois soutenues par l’armée sont obligées d’organiser leur propre défense si elles ne s’attachent pas tout simplement les services d’organisations jihadistes pour les protéger.
Au Sénégal, faut-il citer l’exemple des groupes d’auto-défense créés au lendemain d’un assaut de fidèles d’une confrérie à l’encontre d’un Imam salafiste à Diourbel ? C’est au sortir de cet affront que des jeunes du mouvement dit “ibadou” (appellation des salafistes au Sénégal) ont jugé nécessaire de se constituer en bouclier humain contre les potentielles attaques dont pourraient être victimes leurs “Cheikh”. Et malheureusement, ces petits groupes ont donné les premiers jihadistes sénégalais. Le procès de l’Imam Alioune Badara Ndao et Cie a ouvert les yeux de bon nombre de Sénégalais sur cette vérité. Lors de ces incidents malheureux qui remontent à la fin de l’année 2011, Moussa Mbaye du nom d’un maitre coranique mort au Nigeria en combattant pour Boko Haram, était scandalisé par la phrase du ministre de l’Intérieur d’alors. Le premier flic aurait laissé entendre à l’époque que la minorité doit se soumettre à la loi de la majorité. Selon l’un des accusés du procès de l’Imam Alioune Ndao, c’est cette sortie de Me Ousmane Ngom qui a radicalisé Moussa Mbaye qui tenait un “daara” au Lac Rose.
Comme si on n’avait pas tiré toutes les leçons de ces expériences, on se serait permis de “torturer” l’Imam Ndao en prison (finalement condamné à un mois avec sursis pour détention d’arme sans autorisation administrative alors qu’il était poursuivi pour actes de terrorisme par association de malfaiteurs, actes de terrorisme par menace ou complot, financement du terrorisme, blanchiments de capitaux, apologie du terrorisme et détention d’armes et de munition sans autorisation administrative). C’est du moins ce que le religieux de Kaolack a clamé lors de sa comparution devant la chambre criminelle à formation spéciale. Il a prétendu avoir été soumis à un traitement à la limite inhumain avec des odeurs nauséabondes qu’il devait inhaler à longueur de journée, une chaleur étouffante et des décharges d’ondes électromagnétiques jusque dans la salle d’audience. Le récit glaçant de ce supplice qu’il aurait subi a outré plus d’un au dernier jour des débats d’audience. En sus, la moitié des accusés ont été acquittés après deux ans de détention dans des conditions parfois difficiles. La sinistre prison de Guantanamo nous a appris que ce genre de situation peut produire des effets néfastes. Sorti de cette prison américaine installée à Cuba, le Britannique Jamal al-Harith a mené une mission suicide pour l’Etat islamique en Irak. D’où l’urgence d’intégrer le respect des droits humains dans la lutte contre l’extrémisme violent même si dans cette guerre, rien ne semble conventionnel. Mais, si tous les camps devaient se déshumaniser, que resterait-il de l’humanité ?

 

Source: dakaractu

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