Les résultats des discussions directes entre le Mali et ses groupes armés sur la tenue de la présidentielle du 28 juillet prochains sont attendus aujourd’hui. Tenant compte de l’urgence du moment et de l’importance de l’accord attendu, le médiateur de la Cédéao dans la crie malienne, Blaise Compaoré, a soumis aux parties un plan de négociation qui s’articule autour de quatre axes majeurs. Comme pour signifier aux groupes armés du MNLA et Co. que le temps des micmacs est révolu.
Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, serre la main du leader de la délégation Ansar Dine, Alghabass Ag Intalla, le 8 juin 2013 à Ouagadougou.
AHMED OUOBA / AFP
Longtemps considéré, à tort ou à raison, comme un soutien supposé des rebelles touaregs du MNLA pour les avoir hébergés chez lui depuis le début de la crise malienne en janvier 2012, le médiateur de la Cédéao, Blaise Compaoré, a coupé l’herbe sous les pieds de ceux qui sont considérés comme les « enfants gâtés » de la République qui sont également les principales causes de la crise sécuritaire malienne.
Le samedi 8 juin 2013, à Ouagadougou le président du Faso a dit, peut-être pour l’une des rares fois, la vérité crue aux leaders du MNLA en les soumettant à un plan de négociations axés sur quatre points précis.
Le chef d’Etat burkinabé demande : la cessation des hostilités qui créera les conditions de la tenue d’élections libres et transparentes tout en facilitant le retour des réfugiés et des personnes déplacés ; le reploiement de l’administration général, les services sociaux de base et les forces armées et de sécurité au nord, précisément à Kidal, selon des modalités pacifiques qui seront à négocier ; la création de mécanismes de suivi et d’accompagnement composé de pays, d’organisations et des partenaires techniques et financiers (PTF) ; la poursuite des pourparlers de paix après l’élection présidentielle en vue de l’établissement d’une paix définitive dans le Nord.
Le médiateur Compaoré a surtout insisté pour que les discussions se déroulent dans un esprit cordial et fraternel en mesurant à leur juste valeur les aspirations légitimes de développement inclusif et l’ensemble des besoins urgent de sécurité du peuple malien et les pays de la sous-région.
En précisant le contexte des présents pourparlers, Blaise lance un signal fort aux groupes armés du Nord du Mali pour qu’ils s‘inscrivent dans une logique de respect de la continuité et du respect des engagements. En effet, le 4 décembre 2012, rappelle-t-il, dans une déclaration faite dans la capitale du Faso, les deux parties avaient affirmé leur détermination à préserver l’unité nationale, la forme républicaine de l’Etat, l’intégrité territoriale, la laïcité du Mali.
Pour le médiateur, les discussions doivent s‘inscrire dans le cadre de ces efforts et de l’approfondissement du dialogue engagé afin d’aboutir à la paix pour parachever les efforts des Maliens et de toute la communauté internationale.
Pour lui, le dialogue entre les parties s‘impose pour deux raisons principales. D’une part, il y a la nécessité de l’élection présidentielle du 28 juillet 2013 qui marquera la fin de la période de transition et consacrera la mise en place d’un pouvoir démocratique et légitime. Un pouvoir qui pourra engager l’Etat malien dans les discussions pour la quête d’une solution durable à cette crise. La réussite des pourparlers, ajoute-t-il, favorisera le retour de réfugiés et des personnes déplacées et constituera le socle d’un processus de stabilité et de paix pour le Mali l’ensemble de la sous-région.
Les piques de Tiébilé Dramé
Avant de rappeler lui aussi l’urgence de déposer les armes pour l’amorce du processus électoral à Kidal, l’émissaire spécial de Bamako pour le Nord, Tiébilé Dramé a félicité le chef d’Etat burkinabé pour l’accueil réservé à ses concitoyens en territoire burkinabé.
Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères du Mali, le présent dialogue qui vise à créer les conditions propices à la tenue de l’élection présidentielle sur toute l’étendue du territoire national, sera inclusif et concernera tous les groupes armés du Nord du Mali. Ce qui est déjà le cas le samedi, la délégation du Mouvement des forces patriotiques de résistance (MPFR) et celle du Mouvement arabe de l’Azawad, ont été reçu par le médiateur.
Tout en se réjouissant du consensus international sur la résolution de la crise malienne, M Dramé estime que celui-ci s’articule autour du respect de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale du Mali, du respect de la laïcité et de la forme républicaine de l’Etat.
« Ce consensus international a été considérablement renforcé, le 25 avril 2013 par l’adoption de la résolution 2100 par le Conseil de sécurité des Nations unies qui, expressément, demande aux groupes armés du Nord du Mali de déposer les armes et de s’engager sincèrement dans la voie du dialogue et de la concertation », explique-t-il.
Se disant fort de ce consensus, il invite ses compatriotes qui ont pris les armes à les déposer sans délai afin que l’Etat malien exerce sa souveraineté sur l’ensemble du territoire et favoriser, ainsi, le redéploiement rapide de l’administration et des forces armées et de sécurité dans toutes les régions du Nord et à Kidal en particulier.
Tiébilé Dramé réaffirme la disponibilité du Mali à signer, sur les bases claires énoncées ci-dessus, un accord intérimaire favorisant la tenue de l’élection présidentielle partout au Mali.
Pour lui, une fois élu et installé, le nouveau président de la République s’attèlera, dans un dialogue inclusif avec toutes les forces vives, à la résolution définitive de la crise du Nord.
Tentant de justifier leur prise des armes par son mouvement, le porte-parole de la délégation conjointe MNLA/HCA, Mamoudou Djéry Maïga, a fondé l’espoir à ces pourparlers pour le début d’un règlement de la crise du nord qu’il qualifie de territoire de l’Azawad.
Au sortir de l’audience avec le médiateur, Me Harouna Toureh, porte-parole du MFPR, a salué la clairvoyance du médiateur Blaise de tenir des pourparlers inclusifs impliquant l’ensemble des groupes armés du nord du Mali.
Me Badi Ould Sidi Mohamed, coordonnateur du Mouvement Arabe de l’Azawad ne désespère pas que l’accord qui sera signé à Ouagadougou permettra d’organiser l’élection présidentielle partout au Mali.
Pour sa part, le médiateur associé, David G. Bala, ambassadeur du Nigéria au Mali a lui insisté sur la nécessité des élections sur toute l’étendue du territoire malien.
Etaient présents à ces discussions, les représentants des pays comme l’Algérie, la France, la Mauritanie, le Tchad, de la Suisse, des Etats-Unis. Etaient présentes les organisations comme l’OCI, l’Union européenne, l’Union africaine, les Nations unies, le représentant de la Cédéao au Mali…
Markatié Daou
Envoyé spécial à Ouagadougou