Les pourparlers ont repris à Alger mardi matin. Pour la troisième fois les uns et les autres se retrouvent pour discuter de l’avenir du pays et du sort de la partie nord de notre pays.
C’est fait. Les protagonistes de la crise malienne, après la suspension observée pour cause de fête de Tabaski, sont à Alger pour discuter d’un Accord inclusif et définitif. C’est samedi dernier qu’a démarré en réalité cette phase (la dernière en principe) des pourparlers. Les médiateurs s’y sont réunis ce jour pour plancher une dernière fois sur les documents à eux proposés et par le gouvernement malien et par les groupes armés.
Il y a donc de fortes chances que ce dernier round soit bref et concluant. Les observateurs en sont convaincus pour plusieurs raisons.
D’abord parce que tout le monde semble fatigué de cette crise au nord de notre pays. En effet, cette dernière crise a été la plus grave pour le pays. Pour la première fois, un groupe rebelle parle, insiste, et même soutient la partition du pays, l’indépendance. Le pays n’a jamais frôlé la division. En plus (peut être occasionnée par la rébellion) la crise politico-militaire est venue s’y ajouter. Ainsi que le terrorisme. Il n’en fallait pas plus pour donner une autre dimension à ce qui s’apparentait à un simple mouvement d’humeur de quelques jeunes ressortissants du Nord.
Ensuite, les partenaires, qui commencent à perdre beaucoup d’hommes et qui ont énormément investi dans notre pays, estiment qu’il est temps d’en finir avec cette crise. La preuve, le chef des opérations militaires adjoint à l’ONU Hervé Ladsous a été, on ne peut plus catégorique avec les mouvements armés en fin de semaine dernière. Il les a invités à s’impliquer plus dans la lutte contre le terrorisme et montrer patte blanche pour ce qui concerne les attaques contre les soldats de la paix. Mieux, il pense que les mouvements armés ne peuvent pas dire « qu’ils ne sont pas au courant de attentats au Nord« .
A sa suite, c’est le président français qui a appelé son homologue malien pour lui demander de faire en sorte que cette dernière soit la plus brève possible. François Hollande a aussi demandé aux uns et aux autres de« négocier de bonne foi« . Pour dire, que les pourparlers, cette fois-ci, se passe dans un nouveau contexte et rien ne sera plus comme avant.
Même l’Algérie qui croit mener la danse et contrôler la situation est surveillée de près par la communauté internationale qui n’a, décidément, plus envie de « passer sa vie au Mali« . En peu de temps, elle a compté un peu trop de morts et estime qu’il fait aller rapidement vers un accord et s’occuper de l’autre dimension (plus importante) de la crise malienne : la lutte contre le terrorisme.
Un fléau qui met directement ces amis du Mali face à leurs responsabilités. Pas fondamentalement pour les populations maliennes, mais pour celles de l’Occident. La communauté internationale sait, désormais, qu’en jouant avec le Nord de notre pays se sont des nids de jihadistes qui vont s’y former, former des candidats à la mort directe, et s’attaquer à l’Occident.
Cette réalité explique d’ailleurs le changement de langage de nos partenaires et tant mieux pour le Mali. Surtout la France qui a été accusée à un moment donné de soutenir le MNLA pour la simple et bonne raison que ses leaders lui ont fait croire, et sont parvenus à convaincre ses responsables d’alors, qu’ils peuvent lutter contre le terrorisme. Le terrain a montré autre chose. Ironie du sort, c’est au moment où les mouvements armés sont réunis pour parler de négociations que les attentats se multiplient dans une zone qu’ils disent contrôler. Et les victimes ne sont autres que les soldats de la Minusma.
Depuis, on a l’impression que les « amis« du Mali ont ouvert les yeux (il était temps) et qu’ils ont une meilleure perception de la crise malienne désormais. Tout cela plaide en faveur du gouvernement dont les représentants ne doivent plus se laisser faire et ne défendre que la ligne rouge fixée par le président de la République.
Moussa Touré