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Pour un Mali nouveau : Il faut un changement radical !

«La démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré leur dignité, les hommes ne supportent plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière.» (Emile Fottorino).

Au sortir des événements de 1991, l’espoir d’un Mali nouveau était né en nos masses laborieuses. Bien de Maliens attendaient des changements fondamentaux à l’issue de la bataille contre le régime autocratique et sanguinaire de Moussa Traoré. Parce que le principal mot d’ordre était : ‘’An tè Korolé fè fo koura !’’. Pour ce faire, le peuple malien réclamait à cor et à cri le kokadjè en vue de demander des comptes à tous les déprédateurs du tissu économique national. Cela était un vœu pieux dès lors que les ‘’démocrates’’ ont diabolisé ce terme.

L’on comprend donc pourquoi les économistes chevronnés et les hommes de droit rompus à la justice ont camouflé dans les méandres du verbiage creux le concept ‘’d’audit de la nation’’. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que dans les rangs des ‘’démocrates’’ pullulaient à flot des hommes et des femmes qui ont appris à vivre de la sueur des masses travailleuses du Mali ! Une façon de dire que le mouvement dit ‘’démocratique’’ était tout simplement hétéroclite, un fourre-tout où ceux qui voulaient un changement réel étaient incontestablement minoritaires à tel point qu’ils n’ont pas compris en son temps que les chats et les souris ne pouvaient faire cause commune, que les avatars de la démocratie n’avaient que faire de la défense des intérêts fondamentaux de notre peuple travailleur.

Aussi, le mouvement dit ‘’démocratique’’ n’a pas travaillé en sorte que le peuple malien soit réellement conscient de la nécessité d’un changement du tout au tout. Cette absence notoire de prise de conscience populaire  de la nécessité d’un changement véritable a conduit à désorienter la lutte patriotique de notre peuple qui, il faut le rappeler, a sacrifié 224 de ses enfants pour l’avènement de la démocratie pluraliste.

Aujourd’hui certes, les ‘’partis politiques’’ (qui ne sont pas de vrais partis) pullulent au Mali. Mais les ‘’démocrates’’ ont mis entre parenthèses la nécessité de construire une vraie démocratie dans notre pays. Ce qui suppose un logement décent, des soins de santé décents, une nourriture décente et des œuvres culturelles décentes. Bref, la démocratie à la malienne est un vrai trompe l’œil qui se résume dans la bamboula politique irresponsable.

Aujourd’hui, l’affairisme, le parentalisme, la gabegie, l’irresponsabilité dans la gestion des biens publics, l’homme qu’il ne faut pas à la place qu’il ne faut pas, le non respect des textes régissant la République.

Pour tirer le Mali du bourbier d’une démocratie absolument ratée il faut des réformes justes, populaires et radicales. La première condition pour un tel changement, c’est une vraie prise de conscience du peuple pour la réforme de la conscience. C’est  dire que notre peuple a besoin (pour ne plus être mené en bateau) de prendre conscience de la nécessité du changement et aux dépens des déprédateurs du tissu socio-économique national. C’est seulement par cette prise de conscience que le combat pour un Mali nouveau peut réussir.

Comme le dirait l’autre: «Pour rendre l’oppression de fait plus oppressive, il faut lui ajouter la conscience de l’oppression.» Cette prise de conscience du peuple passe avant tout par la connaissance des hommes politiques maliens. Cela  évitera de tomber dans le bric- à- brac que notre pays a connu à la chute de Moussa Traoré.

Tenez ! En 1991, lorsque la chute du régime était devenue inévitable, les responsables et militants de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) ont rejoint le mouvement démocratique pour se couvrir. Le parti ADEMA- PASJ a été le lieu le plus sûr pour abriter ces fuyards du parti unique. C’est pourquoi l’on entendait souvent que ‘’les frelons ont envahi la ruche’’. Mais pourquoi donc ceux de l’ADEMA qui travaillaient pour un changement véritable n’ont pas rallié les autres patriotes pour rendre à ce peuple ce qui lui revient de droit à savoir le mieux-être socio-économique, politique et culturel ?

Si l’histoire n’est pas une répétition, il est nécessaire de constater que bien d’hommes et de femmes qui prennent aujourd’hui  tambours et trompettes pour demander un changement de gouvernance sont absolument comptables de la souillure du mouvement démocratique. Mais ce qu’ils doivent avoir à l’esprit c’est qu’ils ne peuvent pas éviter de rendre compte à ce peuple meurtri par leurs fautes à eux aussi. Ils doivent donc se rendre à l’évidence qu’ils ne peuvent continuer à tromper les Maliens qui les ont vus à l’œuvre ici au Mali. C’est bien ce que Abraham Lincoln disait en ces termes: «On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps.»

Notre peuple ne mérite pas une telle souillure de sa dignité et de son honneur par les ‘’démocrates’’ criquets et caméléons. Nos ‘’démocrates’’ dans leur écrasante majorité sont des démocrates «criquets» parce qu’ils changent de partis politiques chaque fois qu’ils sentent qu’ils ne peuvent  y assouvir leurs ambitions personnelles. Ils sont aussi des ‘’démocrates’’ caméléons dans la mesure où ils changent de couleur au regard de leurs terrains de prédilection

Aujourd’hui, il n’y a pas de doute qu’il faut un changement mais pas de façade. Notre peuple a besoin maintenant d’un État laïc et de droit pour tous. Cela est indispensable car sans autorité véritable de l’État, la loi ne s’appliquera pas à tout le monde. Il convient de rappeler à ce niveau que le socle d’une démocratie digne d’envie c’est le respect scrupuleux des textes de la République. C’est dire qu’il est plus que jamais urgent d’entreprendre des réformes au Mali pour qu’enfin s’installe dans la pratique concrète la justice pour tous et l’équité sociale. Et comme la 3ème République a échoué à donner le mieux-être au peuple malien (parce que les textes ne sont plus adaptés aux réalités maliennes), il ne reste qu’à passer à la 4ème République.

Cette 4ème République devient une impérieuse nécessité pour un nouveau départ pour le Mali. Avec un changement radical qui seul intéresse les masses travailleuses du Mali, rien ne sera plus comme avant. Désormais, ceux qui travaillent doivent bénéficier du fruit de leur labeur et les oisifs paieront les frais de leur oisiveté. Il y aura une instruction gratuite pour les tous les fils du pays.

En 1994, alors qu’il était Premier ministre (PM) d’Alpha Oumar Konaré, IBK a dit à qui veut l’attendre que si les enfants de pauvres n’étudient pas, ils seront gouvernés par les enfants des nantis et des gouvernants comme ceux-ci gouvernent actuellement leurs parents. Tout cela reste vrai sauf que le Premier ministre a oublié de dire au peuple travailleur du Mali avec quel argent ces nantis de la bourgeoisie militaro- bureaucratico-compradore envoient leurs progénitures étudier dans les somptueuses écoles d’Europe et des États- Unis. Avec la 4ème République, ce sont toutes ces combines politiciennes qui seront systématiquement combattues et interdites.

Ainsi, on comprendra que le peuple est plus fort que toutes les armadas de guerre qui étouffent aujourd’hui (hélas !) l’expression populaire. C’est dire qu’à beau retirer la parole au peuple, il finit toujours par la prendre. Aujourd’hui contre Ibahim Boubacar Kéita des gens dédaignent la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et cela à juste titre car celle-ci n’a jamais aidé un peuple de la sous région ouest africaine à retrouver son honneur, sa dignité, son bien- être socio-économique et politique. Elle a toujours aidé autant que possible le club des chefs d’État en charge de la gestion de nos affaires. Malheureusement, cette organisation oublie qu’elle ne peut imposer de code de conduite à un peuple en marche. Sauf que bien de gens du M5 qui disent aujourd’hui non à la CEDEAO l’ont sollicitée hier pour imposer un embargo au peuple malien (leurs greniers de vivres étant toujours pleins à craquer).

Si l’embargo venait à durer, ce serait l’affaire des citoyens maliens ! Aussi, ces maliens multicolores ont vite fait de solliciter des mercenaires contre notre armée nationale pour avoir chassé Amadou Toumani Touré du pouvoir, quand bien même c’est dans ce coup d’Etat que le peuple avait trouvé son salut. La suite, tout le monde la connaît: leurs mercenaires, guidés par des soldats maliens trompés par des politiciens en mal de credibilité, ont été foudroyés par notre armée nationale. C’était le 30 avril 2012.

En effet, lorsque la démocratie tourne le dos aux besoins de développement populaire, elle conduira immanquablement à des révoltes et même à des révolutions. À ce sujet Emile Fottorino disait: «La démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré leur dignité, les hommes ne supportent plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière.»

La corruption, le laxisme au travail, les détournements de deniers publics, l’affairisme, l’absence de justice sociale, l’insécurité chronique, le terrorisme, les fraudes électorales amorales et immorales à grande échelle, l’achat des consciences, les unions contre nature à l’occasion des manœuvres électorales, sont entre autres, des raisons qui permettent de dire qu’au Mali il faut un changement radical du tout au tout. À ce seul prix, on peut parler de démocratie qui ne signifie rien d’autre que le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Toute démocratie qui ne garantit pas aux masses laborieuses la nourriture décente, les soins de santé décents, l’instruction pour tous, la sécurité, le logement décent, conduit nécessairement à des explosions aux conséquences imprévisibles.

Fodé KEITA

 Source: Inter De Bamako

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