Le président de cette structure, Nouhoum Chérif Haïdara a lancé un appel pressant aux syndicats des enseignants et aux autorités afin qu’ils s’investissent pour préserver un des droits fondamentaux de l’enfant
L’avenir d’un pays repose sur ses enfants, a-t-on coutume de dire. L’école est l’un des lieux les plus sûrs pour construire un avenir radieux des enfants. Les enfants du Mali constatent avec amertume que leur avenir est mis en danger depuis quelques années pour des conflits «d’intérêts» de certains décideurs et enseignants.
Le Parlement national des enfants a décidé de ne pas rester les bras croisés face à cette situation.
La structure dont la vocation est défendre les droits des tout-petits a pris la résolution de faire respecter le droit à l’éducation, un droit fondamental. Les dirigeants du Parlement des enfants l’ont fait savoir le vendredi dernier, au cours d’une conférence de presse, tenue à la Cité des enfants.
À cette occasion, le président du Parlement national des enfants du Mali, Nouhoum Chérif Haïdara, a exprimé son inquiétude face à la suspension des actions pédagogiques par les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016.
Suite à l’adoption par le gouvernement de l’ordonnance portant unification de la grille salariale des fonctionnaires, les syndicats des enseignants ont lancé un mot d’ordre pour la rétention des notes de classe et de compositions depuis le jeudi 1er juillet dernier, le boycott des épreuves anticipées des examens de fin d’année scolaire 2020-2021 et des examens scolaires à venir comme le Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), les Brevets de techniciens 1 et 2 (BT1 et BT2), le Diplôme d’études fondamentales (DEF) et le Baccalauréat (Bac). Nouhoum Chérif Haïdara a rappelé que la crise multidimensionnelle a occasionné le déplacement massif, la déscolarisation et une déperdition scolaire de plusieurs enfants et élèves du pays depuis 2012.
ENFANTS DE PAUVRES- À ces difficultés s’ajoutent les grèves incessantes du bureau national de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) et des enseignants du fondamental 1 et 2, du secondaire et du supérieur et la pandémie du coronavirus qui a occasionné la fermeture des écoles.
Toutes choses qui ont affecté et mis en retard notre système éducatif. Le président du Parlement des enfants a fait remarquer aussi que ce sont les enfants des pauvres qui paient le plus lourd tribut à la discorde entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation.
Le bras de fer entre les deux parties remet en cause tous les acquis des enfants et des élèves à savoir le droit des enfants à l’éducation, suspend leur instruction et hypothèque leur avenir, a critiqué, le président du Parlement national des enfants.
Nouhoum Chérif Haïdara a, par ailleurs, rappelé que la Convention relative aux droits de l’enfant précise que l’éducation est l’un de ses droits fondamentaux.
À ce titre, il est incompréhensible, inadmissible et décourageant de voir que ce droit n’est pas respecté. «C’est pourquoi nous enfants du Mali avons décidé de nous prononcer à travers notre déclaration pour réclamer notre droit à l’éducation.
Nous demandons en larmes à nos papas et mamans membres du gouvernement et enseignants à plus de réflexion et de dialogue pour ne pas mettre notre avenir en jeu», a plaidé Nouhoum Chérif Haïdara. Il a supplié les parents d’élèves à jouer leur rôle de protecteur, de conciliation et de médiation pour que les enfants puissent étudier.
Le «député» a aussi déclaré que la suspension des activités pédagogiques par les syndicats signataires du 15 octobre 2016 représente une menace pour les droits fondamentaux des enfants les plus élémentaires.
Cependant, les évaluations et les examens scolaires sont une obligation qui s’impose à chaque citoyen ayant fait le choix de s’engager dans l’enseignement. C’est cela même l’essence des devoirs et obligations des enseignants comme l’atteste le serment du philosophe «Socrate», premier acte de l’enseignant qui s’engage à promouvoir l’égalité devant la réussite scolaire de tous les élèves en ces termes .
«Je m’engage à mettre toutes mes forces et toute ma compétence au service de l’éducation de chacun des élèves qui me sera confié». « Nous enfants et élèves du Mali demandons tout simplement la poursuite effective des cours et la tenue des examens conformément au calendrier établi dans toutes les écoles du pays», a encore plaidé Nouhoum Chérif Haïdara.
Et de rappeler que l’article 18 de la Constitution du Mali de 1992 stipule que «Tout citoyen a droit à l’instruction. L’enseignement public est obligatoire, gratuit et laïc». Alors si l’enseignement est obligatoire pour les enfants, l’éthique, la déontologie et l’égalité devraient s’imposer à ceux qui ont pris l’engagement et la responsabilité d’en assurer le service, a soutenu le président du Parlement national des enfants.
Nouhoum Chérif Haïdara a, au nom des enfants, remis une copie de sa déclaration au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, au Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, au Conseil national de Transition (CNT), au ministre de l’Education nationale.
Il a aussi transmis le même document aux syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016, à la Fédération des associations des parents d’élèves, à l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la culture et la science (Unesco), à l’Unicef (Organisation des Nations unies pour l’enfance), à l’Union des femmes chrétiennes (catholiques et protestantes), à Save the Children. Le Collectif des mamans pour sauver l’école, le Collectif «Anw Ko Kalan Doron» et «l’Éducation pour tous» ont également reçu des exemplaires de la déclaration du Parlement national des enfants.
Sidi Y. WAGUÉ
Source : L’ESSOR