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POLITIQUE GENERALE DU GOUVERNEMENT : Mission impossible pour le team d’AIM ?

Le gouvernement du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga fera les frais d’environ quatre ans de mal gouvernance du régime actuel.

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Le premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a présenté sa Déclaration de politique générale (DPG) lundi dernier à l’Assemblée nationale. Pendant un peu plus d’une heure, le chef du gouvernement promu le 8 avril dernier a révélé les grandes lignes de la politique de l’équipe qu’il a l’honneur de diriger, le tout en conformité avec la lettre de cadrage du président de la République. Reconnaissant d’entrée de jeu que sa « mission se situe à  moins de deux ans de la fin du mandat constitutionnel » d’Ibrahim Boubacar Keita, l’orateur du jour a voulu faire comprendre à l’audience que la course contre la montre est déjà lancée. Les chantiers sont immenses et les ambitions grandes, du moins sur le papier. Le successeur de Modibo Keita que certains observateurs ont qualifié d’« homme providentiel »  ne veut pas perdre de temps. Il a décliné quatre axes sur lesquels s’articulera la politique de son team. La diplomatie, l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’apaisement du climat social et le fameux Programme présidentiel d’urgences sociales. Si dans les milieux proches du pouvoir, l’on se félicite déjà des mesures annoncées, beaucoup de citoyens anonymes pensent que le directeur de campagne du président IBK lors de la présidentielle de 2013 a simplement lancé les hostilités pour le scrutin présidentiel de l’an prochain. Quoi qu’il en soit, il est évident qu’Abdoulaye Idrissa Maïga se lance des défis presqu’impossibles. Sa détermination ne pourra pas effacer quatre ans de mal gouvernance et de populisme.

Le gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga fait de la paix au Mali une de ses priorités.

« La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, constitue un pilier solide pour le retour à la paix, le renforcement de notre souveraineté nationale et le développement harmonieux de notre pays », a affirmé le PM devant les députés. Malheureusement, l’Accord pour la paix et la réconciliation a du plomb dans l’aile. Depuis sa signature par les protagonistes de la crise du septentrion malien il y a environ deux ans, peu d’avancées ont été enregistrées dans son exécution, la faute aux conditions de négociation du deal et à des clauses sujettes à caution. La conséquence est que l’on a assisté à deux ans de manœuvres dilatoires, de méfiance, de défiance et de politique de chaise vide.

Déliquescence

Quand l’Etat annonce par exemple le retour de l’administration dans le nord du Mali, les ex-rebelles, qui contrôlent des localités importantes du septentrion, répliquent par des communiqués de désapprobation de la démarche gouvernementale. Tout cela fait les affaires des mouvements séparatistes qui gagnent en légitimité aux dépens d’un Etat moribond. Visiblement déterminé à redresser la barre, Abdoulaye Idrissa Maïga est obligé de composer avec des éléments qu’ils ne maitrisent pas. Une situation délicate quand on sait que la reforme de l’armée, qui va de pair avec l’Accord pour la paix, est elle-aussi très mal enclenchée.

Le climat social n’est pas plus enviable que le processus de paix. Abdoulaye Idrissa Maïga a été promu PM au milieu de tempêtes sociales, elles-mêmes résultant de la colère de plusieurs couches socioprofessionnelles.  Des syndicats de travailleurs ont suspendu leurs mouvements de grève suite à des accords de principe avec le gouvernement, qui venait de s’installer. En dépit d’une accalmie apparente, rien ne garantit le maintien de la quiétude sociale, le régime IBK ayant emprunté un mauvais chemin dès le départ. Quand l’Etat favorise le corporatisme, il créée plus de frustrations dans les milieux socioprofessionnelles. Des syndicats décident alors de monter sur leurs grands chevaux, avec comme corollaires des victimes innocentes et la prise de tout un pays en otage. Le nouveau PM et son équipe entendent changer les choses. Mais, à ce niveau aussi, le team d’Abdoulaye Idrissa Maïga doit faire face à la gestion désastreuse des gouvernements précédents d’IBK. L’Etat a pris des engagements qu’il doit respecter et la satisfaction de ces promesses engendrera inéluctablement d’autres mouvements de colère sociaux.

L’engourdissement de l’Etat se ressent aussi dans nos relations avec d’autres pays. Le nouveau gouvernement veut donner une belle image du Mali dans le concert des nations. Eu égard à la situation post-crise de notre pays, la diplomatie malienne doit être l’une des plus dynamiques sur le continent, avec des démarches pointues. Mais, de l’analyse minutieuse de notre coopération avec certains pays, il ressort que ces derniers agissent plus dans le sens de leurs intérêts que dans le cadre d’un vrai partenariat gagnant-gagnant. La France a une position ambiguë au Nord-Mali, mais le gouvernement n’a jamais su ramener Paris à la raison en mettant cet aspect du dossier du septentrion sur le tapis. L’ex-puissance coloniale continue d’entretenir le flou artistique sur ses relations avec les différents protagonistes, particulièrement les mouvements séparatistes, puisque cette confusion lui permet de réaliser en douceur ses ambitions. Comme avec la France, notre coopération avec l’Algérie doit être empreinte de plus de sincérité. En tant que chef de fil de la médiation, l’Algérie a un rôle clé dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. A ce titre, le pays d’Abdelaziz Bouteflika doit être un partenaire de choix pour le Mali. Cependant, le processus de paix au Mali a, à plusieurs reprises, révélé la duplicité du médiateur algérien. Il n’a pas pu rester à équidistance des diverses parties impliquées dans la crise du Nord. Les différentes sessions du comité mixte Mali-Algérie doivent être mises à profit pour poser les jalons d’une vraie complicité entre les deux nations par rapport au problème du Nord. Que dire aussi de ces organisations internationales qui contribuent à l’humiliation quotidienne des Maliens? Abdoulaye Idrissa Maïga a du pain sur la planche car certaines mauvaises habitudes ont de beaux jours devant elles. Le gouvernement devra changer de ton et de méthodes afin d’espérer renverser la tendance.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

 

 

Source: lesechos

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