On avait de la peine à le voir tant miné par sa mauvaise communication. Bad-com, un mal qui aura affecté le leadership national du président IBK tout en l’éloignant de son peuple. On demeure triste à le voir se faire détruire et le Mali avec par sa seconde maladie : bad strategy. Cette mauvaise stratégie du président IBK, qui le place, lui et son camp, dans l’opposition au Mali et à dépasser celle-ci dans le pourrissement du climat politique au Mali.
On a de la peine encore à croire que le bon Dieu ne veille plus sur ce pays, du fait de ce manque de retenue nécessaire pour un président élu à 77% dans un pays en pleine crise. Rien d’étonnant donc que la tension soit au maximum au Mali. Elle émane de la confrontation de deux oppositions : l’opposition républicaine, habilitée à critiquer le pouvoir comme dans toute bonne démocratie, et l’opposition majoritaire de la mouvance présidentielle, décidée, elle, à n’accepter aucune critique, convaincue en cela qu’elle est l’œuvre des «hassidi», des ingrats et autres apatrides. Surtout à rendre coup pour coup par le fait d’un président, IBK, qui aura cessé d’être le président de tous les Maliens. Une stratégie portée par IBK lui-même, soutenue par les médias de son camp, et distillée par une équipe de médias sociaux qui comptent sur la durée pour se faire le maximum de «pognon».
On le sait, de par ses références, Dieu «Allah Soubanawata Allah» et les divinités gréco-romaines, telles que Hadès (Dieu des enfers et de la richesse) ou encore Até (Déesse des fautes et de l’égarement), le président IBK ne s’accommode guère de la contradiction. Unique, il est celui qui pratique au mieux la parabole «pas deux capitaines dans un même bateau». Une stratégie qui veut que lui IBK soit l’unique et le seul au Mali. Ce qui pose problème en démocratie.
S’il est un grand républicain, il a tout de même besoin de s’adapter à l’exercice d’un pouvoir démocratique qui implique les critiques et l’existence d’autres acteurs publics : une opposition et la société civile. Lui-même affirme ne pas avoir un complexe vis-à-vis de son âge, mais serait-il rattrapé par les méfaits de cet âge ? À tous points de vue, le président IBK devrait garder la lucidité nécessaire pour mériter au mieux la confiance citoyenne de 2013 et accepter que le Mali n’est pas à lui, ni à sa famille et encore moins à son camp. Une stratégie qui ne laisse pas de place, même, à nos convenances sociales.
Tenez, Keita, son cousin est Sissoko. Dans le Mali profond, Sissoko a droit de dire à un Keita, ce que personne ne peut lui dire. Notre Directeur de Publication, Sissoko, s’y est essayé. Le président Keita ne l’a jamais compris et ne lui pardonnera certainement pas. Le même IBK est fier d’écouter de la bouche des griots ce que c’est un Keita. Un pouvoir qui se conjugue sans vecteur social à un nom. Un pouvoir sauvage, et, celui du président IBK, l’est et sans pitié.
Un fait qui explique aujourd’hui l’intensité de la haine dans la rupture avec certains de ses anciens collaborateurs. On ne dit pas de mauvais au président IBK. Et, il est toujours victime de l’ingratitude des autres. Serait-il alors ce Saint sur terre ? Gardez-vous surtout de le critiquer, sinon vous serrez traité de «petit monsieur». Lui qui aime tant Ségou, en oublie alors que pour être un bon chef, Ségou enseigne par son histoire la capacité de savoir tout écouter et de tout accepter.
Si bien que de nos jours, le discours du président IBK, ses déplacements sont attendus non pas pour les messages de réconciliation, d’espoir, de paix, mais pour les clashs. IBK en est devenu aujourd’hui l’un des meilleurs au Mali. Le président de la République s’obstine à clasher en grand public et est applaudi pour cela par son camp comme si le Mali s’arrêtait là. Au président IBK. Le comble en somme !
Le second niveau qui porte cette stratégie est encore pire. Les médias du camp IBK, eux, n’ont autre mission que de livrer aux chiens au travers de publications les honneurs et les dignités de ceux qui ont exprimé leur désaccord avec leur Champion. Pendant ce temps, l’ORTM excelle dans la production exclusive IBK, en direct ou en différé.
Quant au dernier niveau, il est difficile d’en parler. Assis derrière un clavier, sans courage, des posts d’insultes et de dénigrement envahissent les réseaux sociaux. L’équipe médias sociaux du président IBK est vraiment à saluer pour sa conscience morale. La déception tout court ! Sauf que cette stratégie n’a jusque-là pu faire accepter ce pour quoi le président IBK avait bénéficié de la confiance des citoyens, ou encore moins coiffer les sorties publiques de ceux d’en face.
Et pourtant, il est difficile de soutenir que, sous le président IBK, le Mali n’a pas avancé. Mais il appartient au camp d’IBK de faire valoir les réalisations de ce premier quinquennat par une stratégie adaptée et convaincante. Que henni !
Au lieu de cela, avec IBK en tête, on voit plutôt une stratégie mal inspirée, arrogante, et infantile, sans anticipation, conjuguée aux reports, avec un seul mérite, celui de contribuer à la promotion des concepts de l’opposition. Toujours dépassée, sans intelligence, elle se limite aux concepts contraires des autres. Ainsi, le concept «An tè a bana» de l’opposition devient pour IBK et son camp : «Aw sonna a bana», «Boua ka bla», devient «Bou ta bla», pour devenir ensuite «Bou ta bla maasi nfa ka ta».
Plus que jamais au Mali, le débat est dans un caniveau. L’honneur et le mérite en reviennent au président IBK. Celui-là même qui avait réussi à donner l’espoir pour restaurer l’honneur et le bonheur des Maliens, supposé être un homme à poigne avec assez de retenue pour un Mali nouveau. Pour cela, il est à saluer.
Sauf que la page du président IBK dans un Mali post-crise n’est pas à tourner mais à oublier. On a bien peur de reconnaître que l’autre avait raison quand il affirmait que le leadership de l’homme politique Ibrahim Boubacar Keita était à prouver.
Békhaye Dembélé
Le Reporter