Pour son premier rapport de vérification attendu tant par l’Etat malien, le citoyen malien que les partenaires techniques et financiers du Mali, on peut affirmer que le nouveau Vérificateur général, Samba Alhamdou Baby n’a pas bénéficié du bénéfice du doute. La quasi totalité des entités contrôlées rejettent en effet en bloc le fruit de son travail parce que n’ayant pas bénéficié du principe du contradictoire comme l’exige la loi. D’autres plus acerbes vont jusqu’à mettre en doute sa probité et ses compétences techniques en matière de l’audit. Toutes choses qui nous ont poussés à nous intéresser de très près à cette institution qui faisait un peu l’originalité du Mali en la matière au grand dam des autres pays de l’Uemoa qui exigent à ce que le Mali se conforme à sa directive communautaire qui prône la création dune Cour des comptes.
Après l’époque de Sidy Sosso Diarra où le sensationnel était de mise, l’ancien procureur anti-corruption, Amadou Ousmane Touré qui a hérité du bureau est parvenu à mettre de l’ordre dans la maison et à rassurer en se conformant scrupuleusement aux principes qui régissent l’audit, le contrôle ou la vérification. Ainsi, les canadiens qui nous ont accompagnés, tout au long de cette noble entreprise, nous ont fortement soutenus contre les velléités des autres pays membres de l’Uemoa qui ne voulaient que la disparition pure et simple du bureau du vérificateur général au profit d’une cour des comptes.
Mais aujourd’hui, force est de constater qu’à peine après sa prise de fonction comme Vérificateur Général, Samba Alhamdou Baby, au lieu de consolider les acquis de ses prédécesseurs, s’est résolument inscrit dans une dynamique sulfureuse et approche d’une autre ère qui frisent le règlement de compte ou une mission commandée.
Violation de la règle de confidentialité
Le bureau du vérificateur général qui a toujours prôné la confidentialité dans tout ce qu’il faisait a décidé cette fois-ci de violer allègrement lui- même ce principe. En effet, l’actuel patron du bureau à savoir Samba Alhamdou Baby, tout en ignorant royalement les observations et réactions des entités contrôlées, a délibérément violé ce principe sur les réseaux sociaux et pour la première fois dans l’histoire du Mali dans le journal Télévisé de l’Ortm de 20 heures, les contenus sensibles desdits rapports comme un trophée de guerre.
Violation du principe du contradictoire
Aussi, a-t-il violé le principe sacro-saint du contradictoire inhérent à toute vérification ou tout audit ou contrôle qui exige de prendre en compte les observations légitimes de la structure vérifiée. Est-il en effet besoin de rappeler que dans le rapport d’audit, un rapport provisoire est fait, envoyé à l’entité vérifiée qui en donne ses observations et éclaircissements à l’issue desquels un rapport définitif est établi ?
Fort curieusement, après investigation auprès des différentes entités vérifiées, aucune d’entre elles n’a jusqu’ici reçu le rapport définitif. Il faut noter à juste titre à ce niveau que ce rapport définitif a plutôt un rôle pédagogique que répressif.
Les droits élémentaires des entités bafoués
Il faut donc penser à l’idée d’un ancien Vérificateur Général qui disait que « le rapport de vérification n’est pas une Bible mais un avis de la structure de vérification… ».
A quelle fin donc, l’actuel Vérificateur général s’est adonné à une telle communication ou pour quel intérêt roulerait-il ?
Toujours, est-il que le citoyen lambda se demande pourquoi d’autres rapports de vérification n’ont jusqu’ici pas été publiés notamment les rapports de vérification du bureau du Vérificateur Général et d’autres structures ? Des indiscrétions recueillies au niveau de ses services nous informent qu’une farouche opposition s’était dressée contre cette manière particulièrement non anodine et non sans partialité de communication du tout puissant Vgal.
Des interrogations sur l’actuel Vérificateur Général
Au regard de ce qui précède, il est légitime de s’interroger sur les critères objectifs qui ont prévalu au choix de Samba Alhamdou Baby pour le fauteuil du vérificateur général.
En effet, pour qui sait que dans la déontologie du métier de l’audit, l’actuel Vérificateur Général était le Secrétaire général au niveau du ministère de la Solidarité, donc signataire de beaucoup de décisions de mandatement et autres instruments de gestion. Un Département qui se trouve être au cœur de beaucoup de préoccupations de gestion financière notamment au niveau de l’Inps et de la Canam. Il est donc évident que des conflits d’intérêts sont de façon ostentatoire loin d’être inimaginables.
Des insuffisances par rapport aux missions diplomatiques
Le Vérificateur Général est-il suffisamment outillé pour vérifier une mission diplomatique ?
Le Cas de l’ambassade du Mali au Burkina-Faso est révélateur en soi d’autant plus qu’après seulement deux ans de gestion dans ce pays, on impute à cette ambassade un trou de gestion de plus d’un milliard huit cent millions de Fcfa. Tout esprit éclairé qui aurait une petite idée des menus fretins du budget de nos ambassades s’interrogerait sur la crédibilité d’un tel chiffre effarant.
La question qui se pose alors est de savoir si les textes ont été bien interprétés par les équipes de vérification au regard des spécificités d’une mission diplomatique sachant bien que l’ambassadeur est le représentant du Chef de l’Etat.
Raison pour laquelle, il faut veiller à ce que ce rapport ne donne pas l’impression de ne pas être susceptible d’aucun recours c’est à dire d’avoir l’autorité de la chose jugée. En effet si on ne fait pas attention, cela pourrait ouvrir des brèches à des dérives de corruption ou de requêtes malsaines ou de rackets de certaines équipes de vérification auprès des entités vérifiées.
Une légitimité de plus en plus compromise
Aujourd’hui plus que jamais se pose avec acuité la question de légitimité du bureau du Vérificateur Général à côté de la section des comptes. Cela fut et est aujourd’hui d’ailleurs l’objet de directives de l’Uemoa qui privilégie la création d’une cour des comptes comme souligné plus haut. Surtout qu’on se demande, de plus en plus, si Samba Alhamdou Baby a réellement les compétences pour diriger le bureau du Vérificateur Général. En effet, comparativement aux deux autres à savoir Sidy Sosso Diarra et Amadou Ousmane Touré qui avaient des compétences techniques, morales et intellectuelles avérées, M. Baby est loin de répondre aux attentes, non seulement des partenaires techniques et financiers du Mali mais aussi du citoyen Malien.
Birama FALL
Source: Le Prétoire