Evoquant la situation de la participation des Aigles du Mali à la troisième édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) qui vient de se tenir en Afrique du Sud, le département des sports s’est carrément planté. Le communiqué de presse, publié le vendredi 7 février, a été démenti par le bureau fédéral sur certains aspects du voyage. Et l’idée de ramener le voyage au 1er janvier 2014 n’a jamais été une proposition du 1er vice-président de la fédération, Boukary Sidibé dit Kolon. Ce dernier était même en déplacement en France afin de négocier le contrat avec le nouvel entraîneur des Aigles du Mali, Henry Kascperzack. Aujourd’hui, le ministère doit à la fédération 4 millions de FCFA comme reliquat du paiement des primes de sélection des joueurs d’un montant global de 15 millions de nos francs. Et en tout et pour tout, chaque joueur devrait empocher un million de FCFA (500 000 FCFA comme prime de sélection et 500 000 FCFA de prime pour les quarts de finale). C’est pourquoi le capitaine Soumaïla Diakité et ses coéquipiers se disent prêts à boycotter cet argent.

Le communiqué de presse, publié le 7 février, par le ministère de la Jeunesse et des Sports, dresse la situation de la participation des Aigles du Mali au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) qui s’est tenu récemment en Afrique du Sud. A travers ce document, il s’agissait de répondre aux accusations formulées par le ministère de la Jeunesse et des Sports lors de l’émission sportive de l’ORTM du lundi 3 février, sur certains aspects. Lesquels sont entre autres: la préparation et la participation, le voyage notamment le problème de visa ainsi que la situation des primes de l’équipe nationale.

Ainsi, pour la préparation et la participation,  d’après le communiqué, l’Etat a arbitré et mis à disposition un budget de 391 millions de FCFA, sur la base d’un prévisionnel soumis par l’ancien bureau fédéral.  Par la suite, la nouvelle équipe dirigée par Boubacar Baba Diarra a soumis, précise le communiqué, un budget additionnel de 91 millions de FCFA, arbitré à 62 millions de FCFA et immédiatement mis à disposition afin d’assurer la préparation de l’équipe. Ce budget, toujours selon le communiqué, aura permis la prise en charge partielle du match amical contre la Libye et l’intégralité des charges pour le deuxième match amical livré contre le Ghana à Accra.

Un perdiem de 30 000 FCFA  par personne

S’agissant de ces deux matches amicaux, il faut préciser que la première rencontre face à la Libye, qui s’est déroulée au Maroc, a été totalement prise en charge par la partie libyenne. Le département n’a payé que le perdiem d’un montant de 30 000 FCFA pour chaque membre de la délégation y compris les joueurs et l’encadrement technique. Et même les officiels ont reçu chacun cette somme symbolique.

S’agissant de la deuxième rencontre amicale contre le Ghana, à Accra, afin de mieux préparer le CHAN, en fait, le département des Sports a pris en charge les billets d’avion de la délégation et le perdiem (30 000 FCFA). La prise en charge a été assurée par la partie invitante en l’occurrence le Ghana. Ce qui était l’une des conditions de cette rencontre amicale. Et en tout et pour tout, le département n’a déboursé que près de 12 millions de nos francs. Si, c’est plus que ça, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Me Mamadou Gaoussou Diarra a l’intérêt de vérifier auprès de son département.

L’internat dont l’équipe a bénéficié du 26 au 31 décembre 2013 au centre d’entrainement sportif de Kabala n’était que de nom. Donc, aucune dépense extraordinaire ne peut être enregistrée dans ce cas.

S’agissant du voyage pour l’Afrique du Sud, selon nos informations, c’est suite à un appel d’offres que le Groupe Azur Voyages a été retenu face à une autre agence, parce que, tout simplement, il avait présenté une meilleure offre. C’est dans ce cadre que le voyage devrait être effectué, d’abord, pour le 3 janvier 2014 avant d’être ramené au 1er janvier. En réalité, cela est dû au fait que l’équipe était attendue en Afrique du Sud, le 3 janvier, pour un stage avant le début du CHAN pour lui permettre de mieux se préparer. Selon nos informations, l’idée de ramener le voyage au 1er janvier n’a jamais été une proposition du vice-président de Malifoot. Ce dernier était en déplacement en France afin de négocier le contrat de Henry Kascperzack, qui a, d’ailleurs, officiellement signé le 30 décembre 2013.

Sur le changement du départ, selon nos informations, le Directeur national des sports avait été informé, à temps par l’ancien secrétaire général de Malifoot, Me Ousmane Thierno Diallo afin de prendre des dispositions nécessaires pour l’organisation du voyage notamment l’obtention de visa pour la délégation. Malheureusement, le message n’a, peut-être, pas été transmis au niveau du département des Sports. Raison pour laquelle la délégation était contrainte de quitter Bamako sans le visa parce qu’elle avait un document de la CAF pouvant lui permettra d’obtenir le visa sur place à Johannesburg. Conséquences : la délégation a été bloquée à l’aéroport de Dakar au moment d’embarquer à cause d’un problème de visa.

Le département doit aujourd’hui 4 millions de FCFA comme reliquat des primes de sélection

Parlant des primes, il faut souligner que les joueurs et l’encadrement technique n’ont pas jusqu’à présent perçu leur prime de qualification pour la phase finale du CHAN. C’est à la veille du départ pour l’Afrique du Sud que la Fédération Malienne de Football était obligée de payer les primes de sélection d’un montant de 500 000 FCFA pour les 23 joueurs et les sept membres autres membres, dont l’encadrement technique. Ce qui a coûté à Malifoot une enveloppe financière de 15 millions de FCFA. A la date d’aujourd’hui, selon nos sources, le département n’a remboursé que 11 millions de FCFA, contrairement au communiqué de presse où l’on prétendait que le montant a été totalement versé.

En Afrique du Sud, le département des Sports et la Fédération Malienne de Football ne se sont pas mis d’accord sur les primes dont les joueurs devraient bénéficier. C’est pourquoi la tension était souvent très vive entre les deux parties. Jusqu’à l’élimination des Aigles du Mali en quart de finale, aucun joueur ni encadreur ne connaissait le montant qu’il allait empocher. Donc, la grande motivation n’était pas au rendez-vous. Ce qui est une première dans l’histoire de la participation des équipes nationales aux différentes compétitions internationales. Finalement, il n’y avait plus de confiance entre les joueurs, les responsables de Malifoot et du département des Sports. Voilà les vraies raisons de l’élimination de l’équipe de Djibril Dramé à ce stade de la compétition, qu’elle pouvait même remporter. « Les joueurs étaient tout simplement engagés pour honorer leur pays. Sans l’intervention de certains membres de cette délégation, ils allaient même refuser de jouer parce qu’il n’y avait plus de motivation » nous a confié un membre de la délégation.

Pour motiver les joueurs, la fédération était obligée d’offrir à chaque joueur et encadreur une enveloppe symbolique de 100 000 FCFA, après la qualification en quart de finale. Au même moment, le gouvernement du Nigeria débloquait une enveloppe de 100 000 dollars, soit 50 millions de FCFA, à chaque joueur. Et chaque joueur du Zimbabwe avait perçu plus de 4 millions de FCFA, pour avoir battu le Mali en quart de finale. Près de deux semaines après l’aventure sud-africaine, le département s’est enfin décidé à payer les primes. C’est seulement depuis le 6 février que l’argent des primes est disponible au ministère. D’après nos informations, seules deux personnes (intendant de l’équipe et un joueur) ont pu toucher leur argent. Il s’agit de la prime de qualification pour les quarts de finale d’un montant de 500 000 FCFA au lieu de 750 000 FCFA. Les autres joueurs sont en déplacement avec leur club pour les compétitions interclubs (Coupe CAF et Ligues des Champions). Selon nos sources, le capitaine Soumaïla Diakité et ses coéquipiers sont prêts à refuser ces primes, pour la simple et bonne raison qu’elles sont insuffisantes. En tout cas, les primes ont coûté à l’Etat la somme de 39 millions de FCFA. En tout et pour tout, durant cette campagne sud-africaine du CHAN, chaque joueur n’a perçu qu’une enveloppe d’un million de FCFA (500 000 FCFA pour la prime de sélection et 500 000 FCFA comme prime pour les quarts de finale). Quelle honte !

Alou BADRA HAÏDARA

De quoi le ministre Diarra a peur ?Après la publication de notre article intitulé : « Ministère de la Jeunesse et des Sports : Vivement, un dirigeant sportif chevronné à la tête du département des sports, Me Mamadou Gaoussou Diarra doit se contenter de la jeunesse »,  le jeune ministre a eu la peur de sa vie. Il a dit à qui veut l’attendre que cet article est commandité. Il a même soupçonné certaines personnes d’être à l’origine de cet article. Alors que l’information véhiculée traduit la stricte vision des acteurs qui évoluent dans le milieu sportif malien, six mois après sa prise de fonction.

C’est une analyse personnelle et objective du journaliste sportif de l’évolution du sport malien depuis son arrivée aux affaires. Loin de nous douter de la compétence de Me Mamadou Gaoussou Diarra en tant que jeune cadre malien dévoué. Seulement, nous constatons que la gestion du département des sports lui donne du fil à retordre. Peut-on dire cependant que le sport est un secteur très complexe pour lui bien qu’il soit toujours le président de la fédération malienne de tennis de table? Toutefois, je pense comme tous les acteurs du monde sportif malien qu’il est important que le jeune avocat se contente du département de la jeunesse.

Inutile d’accuser des personnes à tort d’être à l’origine de notre article au seul motif qu’elles veulent votre place.  Moi, je ne rentrerais pas dans ce jeu.

                            A.B.HAIDARA

Boukary Sidibé, vice-président de Malifoot

« Nous visons les mêmes objectifs que le département des sports »

Joint au téléphone, le samedi 8 février, le 1er vice-président de la Fédération Malienne de Football, Boukary Sidibé dit Kolon était très surpris du communiqué de presse du ministère de la Jeunesse et des Sports, sur la participation du Mali au CHAN d’Afrique du Sud. Selon lui, l’heure n’est pas à la polémique.

« Je pense que le département des sports et la fédération malienne de football ont les mêmes objectifs. Il s’agit de faire en sorte que nos équipes nationales puissent voyager dans de meilleures conditions. Cette année, c’est vrai qu’il y a eu des problèmes. Je pense qu’il faut maintenant chercher à tirer les enseignements bénéfiques pour l’avenir de nos sélections nationales » a-t-il précisé.

Selon lui, le département des sports et la fédération restent toujours des partenaires. Donc, l’aventure pour le CHAN est terminée, il faut maintenant fixer d’autres objectifs et préparer dès maintenant les échéances à venir.

 A.B. HAÏDARA

SOURCE: L’Indépendant