S’il y a cinquante deux (52) semaines dans l’année, il n’est pas certain que les vraies familles nobles atteignent en nombre ce chiffre au Mali.
Elle comprend deux groupes : les horons ou hommes libres et dions ou esclaves. Les horons se répartissent en trois groupes : les horons «Totigui» (possesseurs de carquois constituent le haut sommet de la société avec les familles royales, les chefs militaires ou chefs de guerre. Les horons «touloblé» constituent la grande majorité des hommes libres. Ils forment le peuple.
En dehors de ces considérations viscérales, les hommes de castes de par leurs professions sont entourés d’une certaine réputation de dons magiques maléfiques, comme les compagnons maçons du Moyen-âge.
En outre, en Afrique, les peuples de l’oralité attachent une certaine force mystique à la parole ; tout le monde ne peut pas, sans inconvénient, manier le verbe dont la puissance peut brûler les néophytes. Les Niamakalas, vrais maîtres de la parole, échappent aux maléfices du verbe. Ce sont eux seuls qui ont droit à la parole dans les assemblées publiques. Parce qu’ils ont naturellement en eux, l’antidote contre les maléfices du verbe.
Rappelons que le président Léopold Sédar Senghor du Sénégal, à son arrivée à Londres pour présider, en 1972, la première conférence sur la civilisation mandingue, a déclaré à la BBC que la civilisation mandingue est «la civilisation de la femme et de la kola, du cheval et du fusil».
C’est donc une civilisation fière de guerriers. En effet, partout il y a eu le cheval, il y a eu l’empire ; le cheval est l’objet de certains chants épiques, dans nos pays, depuis le Mali jusqu’au Tchad, au Nord Cameroun et dans les sultanats de Kano et du Bornou au Nigeria.
Le fusil symbolise l’arme de combattant. C’est pourquoi nos griots magnifient encore Soundiata Keïta, le fondateur de l’empire du Mali en chantant: «Prends l’arc et le carquois et promènes-toi». C’est une invite à la conquête. La guerre a toujours été une activité royale chez nous et les rois la conduisaient toujours secondés par de brillants officiers.
Les victoires et les défaites étaient fêtées de la même façon si la bravoure et l’honneur avaient prévalu lors des combats de part et d’autre. C’est ainsi que le vieil adage du pays dit que c’est la guerre qui a construit le Mandé et que c’est la guerre qui a détruit le Mandé (Mali).
Le combat était l’art suprême de vie. L’Européen a de l’Afrique un cliché suranné de femmes esclaves. Il se trompe, il a tort. La femme africaine noire en tant qu’épouse est dominée et même brimée par la société mais reine en tant que mère. Pourquoi ? Nos sociétés traditionnelles sont communautaires. Le couple mari-épouse n’est qu’un maillon dans un ensemble. Cet ensemble est communautaire, le couple est individuel.
Pour pérenniser la communauté, il faut étouffer le couple dans ce qu’il a de plus fragile, la femme. L’amour fou d’un époux pour son épouse peut disloquer la grande famille, le clan. Mais la femme africaine, mère de famille, est la gardienne du foyer et de traditions. Elle règne largement sur les siens et quelque soit l’intensité de la passion d’un homme pour son épouse, il n’hésitera pas à renoncer à elle, si elle se montrait irrespectueuse pour sa belle-mère.
Lorsqu’un homme allait à l’étranger, il s’agenouillait devant sa mère qui lui mettait sur la tête, ses deux seins. Lorsqu’il arrive un malheur à quelqu’un, ses amis et proches lui disent toujours que «les deux (02) seins de ta mère t’accompagnent et te protègent». Quand les soldats se lançaient à l’attaque, la dernière phase qu’ils entendaient de leurs chefs était: «chacun est dans les mains de sa mère».
En outre, on demeure encore convaincu que le succès et l’insuccès d’un homme dans la vie dépendent largement de la conduite plus ou moins reprochable de sa mère.
Démocratie à l’africaine
L’adaptation de la démocratie européenne aux spécificités africaines pose la problématique de la nécessaire conservation des cultures africaines face à la nécessaire évolution de la société africaine dans le concert des nations.
L’Afrique a le devoir de changer sa vision d’elle-même et du reste du monde. Comme l’a dit Jean Paul Sartre, il y a eu le monde des anciens et des masques, ce monde n’existe plus. C’est la volonté de s’assumer pleinement qui doit motiver l’Afrique. Pour cela, comme le dit Daniel Etoungo Manguelle, l’Afrique doit apprendre à projeter dans le temps et savoir bien gérer les moyens dont elle dispose.
L’Afrique ne doit pas comprendre la démocratie comme une des clauses exigées de l’ajustement structurel, servilement calqué sur la démocratie à l’européenne. À l’Afrique seule de définir sa voie démocratique et, partant de l’arbre à palabres, de transporter la sensibilité de l’Afrique dans les hémicycles des Assemblées des députés, tout ceci ayant pour toile de fond, la participation effective de tous, majorité et minorité parlementaires au développement socio- économique et au partage réel du pouvoir entre tous selon un vrai consensus national de multipartisme ou de pluralisme politique .
Pour la bonne marche de nos institutions et la paix sociale, il faut :
- Que les dirigeants actuels africains cessent de croire que la vérité est dans leurs mains et d’eux seuls.
- Qu’ils cessent de prendre, comme l’a dit Rabemanajara, pour critère de vérité, la logique dans un préjugé ou une passion.
- Qu’il est temps en Afrique pour les politiques de préférer la conscience à la consigne des Partis. Ce qui pose le problème de courage en politique. Courage qui manque bien souvent dans nos pays.
- Que les dirigeants des partis majoritaires abandonnent cette pratique qui consiste à réserver à leurs militants, les projets, les marchés publics et l’avancement dans la carrière administrative; enfin comme l’a dit le prince Michel Poniaowsky, ami et ancien ministre de l’Intérieur du président Valéry Giscard d’Estaing, évitons que nos pays ne deviennent «la République des copains et des coquins».
Source: «Les chants du Kandjo»