Les forces spéciales européennes pourraient être engagées aux côtés des forces maliennes, comme les soldats de Barkhane aujourd’hui (crédit : DICOD / EMA)
La participation estonienne en détail
D’après les informations de B2 puisées à bonne source, un point est déjà acquis : la participation des Estoniens. Le parlement estonien a donné son accord pour la présence renforcée dans les sables maliens. 40 hommes des forces spéciales seront présents à Gao en tandem avec les Français. L’Estonie n’a pas en effet les moyens d’opérer en solo. Et l’avantage c’est qu’ils peuvent mutualiser avec les autres troupes qu’ils mettent à disposition, un peu moins de 60 qui continueront de travailler avec Barkhane.
Des Tchèques
Autre présence attendue : celle des Tchèques. Cela peut être surprenant pour ceux qui ne connaissent pas l’engagement tchèque au Sahel. Mais Prague est très engagé au Mali. Leurs forces spéciales ont été présentes depuis le début, en protection de la mission de formation de l’UE (EUTM Mali) basée à Bamako. Ils ont su, avec un grand professionnalisme, assuré la défense contre une attaque terroriste à leur QG (lire : Le QG d’EUTM Mali attaqué à Bamako. Une cible nouvelle au Sahel : l’Europe) puis en intervenant, hors zone, pour contre une Attaque terroriste sur Le Campement (Lire : Européens (et Maliens) ont, bien, réagi). La diplomatie tchèque veut s’investir aussi dans la région et a même rouvert son ambassade dans la capitale malienne.
Les Nordiques bien présents
Les Norvégiens et Suédois devraient aussi être présents. Pour la Suède, ce serait un vrai retour en Afrique de leurs forces spéciales. Leur dernière participation des Suédois remonte à 2008 et l’opération EUFOR Tchad. Le Danemark (voire les Pays-Bas) pourraient aussi répondre à l’appel. Copenhague a déjà décidé l’envoi de deux hélicoptères de transport Merlin EH-101, et du personnel adéquat (70 personnes et deux officiers d’état-major).
Les pays du sud également
Autre présence possible (non confirmée pour l’instant) : Espagne et Portugal. La présence espagnole serait assez logique. L’Espagne est très engagée dans la zone, et a souvent défendu avec la France, une action plus ‘renforcée’ de l’Europe dans cette région. L’armée de l’air apporte depuis le début un soutien logistique aérien notable depuis le Sénégal avec un ou plusieurs C-130. Les militaires espagnols sont présents aussi à Koulikoro au centre de formation de l’armée malienne dans le cadre de la mission européenne EUTM Mali, assurant sa défense contre des attaques terroristes (lire : Des détails sur l’attaque du camp d’EUTM Mali à Koulikoro).
Madrid a été sollicité, mais n’a jusqu’à présent pas répondu de façon expresse positivement, selon nos informations. En cause : la situation politique qui empêche le gouvernement Sanchez, en affaires courantes, de s’engager dans une nouvelle opération. Les élections et la formation d’une nouvelle coalition pourraient peut-être débloquer le sujet.
Des Britanniques sous contrainte de personnel
Le Royaume-Uni est aussi dans la boucle. Londres pourrait envoyer des forces spéciales, mais elles sont actuellement prises sur d’autres terrains (Irak, Afghanistan, Nigeria…). « On ne communique jamais sur la présence de forces spéciales » a répondu une source de sa Royale Majesté interrogée par B2 qui n’a donc pas voulu « ni confirmer ni infirmer » cette information. La situation politique préelectorale et l’absence du Parlement explique aussi cette absence britannique.
Les Belges occupés au Niger
Les Belges, bons connaisseurs du terrain africain ont aussi été sollicités. Mais la situation d’un gouvernement en intérim empêche de répondre vraiment. C’est la version officielle (1). Dans la réalité, la Belgique est déjà bien occupée. Le gouvernement a donné son feu vert pour le déploiement d’une centaine d’hommes des forces spéciales du SOR (Special Operations Regiment, ex régiment para-commandos pour les connaisseurs) au Niger, afin d’aller former un bataillon de l’armée nationale, comme l’a confirmé Didier Reynders dernièrement (lire : Carnet 11.11.2019). Cela participe aussi de l’effort européen pour renforcer les troupes du G5 Sahel.
(Nicolas Gros-Verheyde)
En pratique, cette situation n’empêche pas de partir en opération. En 2011, le gouvernement de Yves Leterme, alors en affaires courantes, avait décidé l’intervention aérienne en Libye, avec l’assentiment de sa chambre des députés. Un assentiment obtenu à l’unanimité quasi-totale, majorité et opposition confondues, Verts y compris, comme me l’a rappelé un collègue de l’agence Belga, spécialiste des affaires militaires. Une seule voix manquait (celle de la droite populiste wallonne).
Source: bruxselle.dr