L’espacement des naissances n’est pas en contradiction avec les prescriptions religieuses. En tout cas c’est de l’avis de l’imam Serigne Saliou Mbacké, le président du Cadre des religieux pour la santé et le développement (CRSD) au Sénégal. S’entretenant avec les femmes journalistes dans le cadre de l’atelier régional sur le rôle-clé des leaders religieux dans la promotion de la santé de la reproduction et la planification familiale, il précise que le Sénégal s’est doté d’un argumentaire islamique sur l’espacement des naissances. « Nous œuvrons pour la planification des naissances et non la limitation des naissances » a-t-il précisé.
Avant d’ajouter que de plus en plus les barrières religieuses s’estompent malgré quelques poches de résistance de la part de certains religieux qui, à l’en croire, n’ont pas d’argument solide sur la question. Il affirme que le Sénégal est un pays où plusieurs confréries cohabitent ce qui, du coup, avait alimenté les discussions contradictoires sur la planification familiale.
« Dès lors nous pensons à réunir les arguments religieux sur l’espacement des naissances dans un document. Lors des séances de sensibilisation, les religieux s’appuient sur les argumentaires pour convaincre les plus sceptiques sur les espacements des naissances. Aussi, l’argumentaire, déclare-t-il, sert de base pour toutes les activités organisées par les membres musulmans de l’association ». Même son de cloche au niveau du Pasteur Adama Faye, président de l’église luthérienne du Sénégal et Simon Ramde de l’Union des religieux et coutumiers du Burkina Faso dans leurs communications respectives ont vanté les bienfaits de l’espacement des naissances. Ils ont affirmé que la bible n’est pas contre la planification familiale au sein du couple. Il faut noter que l’Ong Américaine Population Référence Bureau l’initiatrice du programme dénommé Women’s Edition, destiné aux femmes journalistes a concocté un agenda riche pour les participants. Les journalistes ont eu, au cours de leur séjour, a rencontré les différents acteurs intervenant dans la promotion de la santé de la reproduction comme les Bajenou Gokh. Bajenou Gokh le trait d’union entre les structures sanitaires et la communauté Au Sénégal, l’initiative des ‘’Bajenou Gokh’’ a pour objectif de réduire la mortalité liée à la procréation en accompagnant les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes, les femmes qui accouchent et les nouveau-nés. Affectueusement appelées les marraines de quartier, les Bajenou Gokh comme Ndeye Fatou Diouf se bat au quotidien pour qu’aucune femme ne meurt en donnant la vie. Exerçant dans le département de Mbour, la soixantaine révolue, ne ménage ni son temps, ni son effort pour veiller sur la vie des femmes en état de grossesse. Elle sensibilise au quotidien à travers les causeries les femmes de sa communauté sur les bénéficies de l’espacement des naissances, le suivi des grossesses, la planification et la fréquentation des centres de santé. Tout comme Ndeye Fatou Diouf, Mme Rokhaya Thiam, sage-femme d’Etat et présidente d’association de femmes religieuses, est aussi engagée dans la promotion de la santé de reproduction aux côtés du Cadre des religieux pour la santé et le développement. Ici, la planification occupe une place de choix dans l’offre de services aux communautés, indique-t-elle, lors de la visite des femmes journalistes dans sa clinique. Cette formation des femmes de medias a pris fin par la visite au Réseau africain de l’éducation, de la santé et de la citoyenneté (RAES). Mis en place en 2004, il met en avant le potentiel démocratique des médias, classiques ou numériques afin d’informer, de mobiliser et de faire agir les acteurs de terrain et des communautés. L’ONG s’active, selon la directrice dans la production médiatique (TV, radio, presse et édition, internet, et téléphonie mobile) et dans des activités communautaires (création de messages, diffusion communautaire, mobilisation sociale). Elle rappellera que « C’est la vie », une série TV est l’un des projets phares initié par sa structure. D’après elle, il vise à éduquer, par le divertissement, à travers un scénario qui incite les jeunes filles à prendre en compte les questions de santé maternelle et infantile, de santé de la reproduction des jeunes et des adolescents, des violences basées sur le genre et de la qualité des soins en Afrique de l’Ouest. Rappelons qu’à travers cette formation, l’Ong Americaine PRB entend encourager les journalistes à travailler avec les leaders religieux, leurs associations et coalitions pour mieux promouvoir la santé de la reproduction dans leur pays et au plan régional.
Ramata Tembely
Source: l’Indépendant
