Après la présentation du Plan d’action de son gouvernement conformément à la Feuille de route de la transition, le jeudi 18 février dernier, le Premier ministre chef du gouvernement, Moctar Ouane, était encore face aux membres du Conseil national de la transition (Cnt), cette fois-ci, pour répondre aux questions de ces derniers sur le document en question.
En réponse aux questions relatives aux opérations de démolition enclenchée par le gouvernement de Transition, notamment celle de la zone aéroportuaire, le Premier ministre a laissé entendre que le domaine aéroportuaire est un domaine public inaliénable de l’Etat. Et de poursuivre que des sanctions administratives et pénales seront prises contre ceux qui ont délivré des permis d’occuper et des lettres d’attribution. A le croire, ces sanctions peuvent aller de l’abaissement d’échelon des agents de l’État fautifs à la révocation d’office des fonctionnaires des collectivités impliqués dans des malversations.
Pour le Premier ministre Moctar Ouane, les réformes politiques et institutionnelles sont une demande forte des Maliens. Et d’ajouter que ces réformes seront menées en collaboration étroite avec les partis, les groupements politiques et les organisations de la société civile conformément à l’axe 4 de la feuille de route de la Transition consacré aux réformes politiques et institutionnelles comportant quatre priorités, notamment le parachèvement du processus de réorganisation territoriale ; la réforme du système électoral en prenant en compte les Maliens établis à l’extérieur ; l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution ; la poursuite du chantier de la régionalisation.
Sur la question de la dissolution des milices d’autodéfense, le chef du gouvernement a déclaré que son équipe est déjà engagée dans la dynamique de la dissolution de toutes les milices d’autodéfense.
En ce qui concerne la question de la diplomatie, il a laissé entendre que le gouvernement envisage de poursuivre le renforcement et la modernisation de l’outil diplomatique à travers la relecture de la carte diplomatique pour plus d’efficacité et d’efficience. Et d’ajouter que ce travail de relecture est déjà en cours.
Par rapport à la question de la relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger conformément au vœu de plusieurs composantes de la société civile malienne et des acteurs politiques, le Premier ministre dira que toutes les parties signataires de l’Accord sont d’accord pour la relecture.
Pour la création d’un organe unique de gestion des élections conformément aux recommandations du Dialogue national inclusif (Dni), M. Ouane a rappelé que la Charte et la Feuille de route assignent à la Transition de jeter les bases des réformes y compris l’organe unique de gestion des élections. Cependant, il a fait savoir que la Transition est confrontée à des contraintes majeures parce qu’elle ne dispose pas de temps nécessaire pour rendre fonctionnel l’organe unique de gestion des élections afin de prendre en charge tout le processus électoral de la Transition.
C’est pourquoi, il précisera qu’il convient de façon raisonnable d’apporter des améliorations au dispositif actuel de façon consensuelle afin d’organiser les élections dans le respect strict de la durée de la Transition. “Lors du cadre de concertation qui sera mis en place avec la classe politique et la société civile, nous allons nous approprier cette question afin de trouver des réponses consensuelles”, a-t-il renchéri.
En réponse à la question relative à la dépénalisation des délits de presse, le Premier ministre dira qu’un projet de décret dans ce sens est déjà en discussion avec les groupements et organisations de presse afin d’arrondir les points de vue sur le document avant sa présentation très prochaine au Conseil nationale de transition (Cnt).
La flambée des prix des denrées de première nécessité n’a pas été occultée lors de cette session. En effet, le chef du Gouvernement a indiqué que pour lutter contre la flambée des prix des produits de première nécessité, le Gouvernement n’est pas resté inerte parce que, selon lui, ce problème est en train d’être traité en synergie avec l’ensemble des acteurs.
S’agissant de la question relative à la durée de la Transition, le Premier ministre est formel : “La durée de la Transition est fixée à 18 mois et le Président Bah N’Daw a clairement fait part de sa volonté de respecter ce délai, dont je me fais volontiers l’écho, à mon tour, ici”.
Sur la question du financement de cet ambitieux plan d’action, il notera que la Loi de finances 2021 prend en compte la Feuille de route de la Transition dont découle le Plan d’action du gouvernement. Ainsi, poursuit-il, un montant de 310 milliards 920 millions de francs est prévu pour notre outil de défense.
A l’issue de l’exercice, le Premier ministre, Moctar Ouane, a largement été ovationné par les membres du Conseil national de transition (Cnt). Ainsi, 100 conseillers ont approuvé le document en votant pour la mise en œuvre du plan. Quatre ont voté contre et trois se sont abstenus.
Boubacar PAÏTAO