Très tôt ce vendredi, pendant que les lève-tard étaient encore dans les mains de Morphée (Dieu du sommeil dans la mythologie grecque), des jeunes gens aménageaient des places devant accueillir les motos des manifestants de ce 19 juin. Des vendeurs à la sauvette de vuvuzela, de masques chirurgicaux et lavables, de tapis de prière et d’articles divers, avaient déjà colonisé les quatre voies principales menant au monument de l’Indépendance du Mali.
Equipés d’équipements de protection individuelle, le nez et la bouche maqués, les agents des forces de l’ordre et de sécurité attroupés un peu partout au pied des murs. L’on prend du café noir. Les éléments de la protection civile sont également visibles partout. Prêts à sauver des vies ou éteindre des feux. Au cas où ça dégénérait.
Sous leur regard serein, des contestataires du «régime d’IBK» arrivent au compte-goutte. Certains d’entre eux s’apprêtent à poser la théière sur le fourneau. Vous êtes là à l’appel du Mouvement du 5 juin–Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) pour demander la démission du président de la République ? «Nous sommes là à l’appel de l’imam Dicko», s’empresse de clarifier le leader du groupe. Il dépose le fourneau et argumente : «Il (Dicko) se bat contre la mal-gouvernance, les inégalités, l’injustice, la corruption, la dépravation des mœurs, donc pour l’équité, la justice sociale, l’égalité des chances, l’accès aux droits fondamentaux : éducation, santé, eau, électricité, alimentation, sécurité, un environnement sein. Des droits bafoués dans ce pays».
Pendant ce temps, la sécurité autour de l’estrade du mythique monument de l’Indépendance nourrit de vifs débats entre gens de la sécurité. Habillées en gilets de couleurs orange et verte, ils encerclent le joyau. Sur l’estrade et un peu partout, des véhicules de livraison déchargent des centaines de paquets de sachets d’eau destinés à hydrater les manifestants. Visiblement lucides, certains, craignant une «contamination provoquées», se refusent de porter des masques délivrés par des personnes de bonnes volontés.
Arrivant à bord de 4×4 de luxe, des grandes dames de la hôte sphère sociopolitique et économique, que l’on ne rencontrerait presque jamais dans la journée, descendent. Habillées en tenus pour femmes ordinaires, leur teint, la splendeur et la démarche trahissent cette modestie vestimentaire. Elles se dirigent vers l’estrade du monument. «Je suis là au nom du Collectifs pour la libération de Soumaïla Cissé », murmure-t-on.
Tout autour, banques, instituions et autres services ont fermé boutique. Le niveau de sécurité est renforcé.
C. M. TRAORE
Source : L’ESSOR