La signature d’un accord tant attendu depuis lundi dernier entre le gouvernement et les groupes armés touaregs à Ouaga est dans l’impasse. Ce qui a d’ailleurs nécessité la venue à Bamako hier mercredi du ministre des affaires étrangères du Burkina Faso et des représentants de l’UE, de l’UA, des Nations-Unies et France. Les discussions ont achoppé autour des modalités du déploiement de l’armée malienne à Kidal, du cantonnement et du désarmement des groupes armés touaregs MNLA/HCUA ainsi que de la levée des poursuites judiciaires lancées par la justice malienne contre certains responsables de ces mouvements. Bamako souhaite que des amendements soient apportés au projet d’accord, mais le médiateur veut mettre » une pression amicale « pour l’amener à le signer.
Depuis lundi, l’émissaire du gouvernement malien Tiébilé Dramé est revenu à Bamako en vue de soumettre aux autorités le projet d’accord issu des discussions directes dans la capitale du Burkina Faso. Les autorités maliennes ont émis des réserves sur ce document d’office accepté par les groupes armés du MNLA et du HCUA.
Le Chef de la diplomatie burkinabé, Djibril Bassolé est arrivé à Bamako à la tête d’une forte délégation comprenant des représentants de l’Union Africaine, des Nations-Unies, de la France et de l’Union Européenne. Ceux-ci ont eu une séance de travail tendue hier pendant plusieurs heures avec les autorités maliennes sans parvenir à harmoniser les points de vue.
Les discussions ont porté sur les amendements que le gouvernement malien souhaite apporter au projet d’accord. Il s’agit notamment des modalités du déploiement de l’armée malienne à Kidal, du cantonnement puis du désarmement des groupes armés. De sources proches de la médiation ont affirmé que le gouvernement a proposé qu’une fois cantonné que le MNLA et HCUA soient immédiatement désarmés. Alors que ceux-ci souhaitent se cantonner mais sans être désarmés. L’autre point de friction est la levée des poursuites judiciaires lancées par la justice malienne contre des responsables du mouvement national de libération de l’Azawad et du Haut conseil unifié de l’Azawad. Bamako a refusé toute cessation desdites poursuites judiciaires contre ces personnes accusées de terrorisme et de narcotrafic.
En tout cas, la venue de l’émissaire du médiateur Blaise Compaoré à Bamako est perçue plus ou moins comme une manière pour Ouagadougou de faire avaler le projet d’accord concocté avec les groupes armés. Bamako reste prudent. Pour éviter des erreurs qui pourront se retourner contre lui une fois l’accord signé, le gouvernement espère revoir les points ci-dessus cités. Certes, le temps presse avec l’élection présidentielle qui profile à l’horizon, mais il s’avère trop risquer voire dangereux de signer un accord vouer à l’échec dès le départ.
Abdoulaye Diarra