A peine débutée, la formation de soldats maliens, sous l’égide de la commission de l’union européenne (l’Eutm), connaît un gros problème. Les soldats du premier contingent formé à Koulikoro, auraient exigé de la hiérarchie le paiement de primes. Une affaire très embarrassante pour les autorités maliennes et qui interpelle fortement le ministre de la défense et des anciens combattants, le général Yamoussa Camara.
En effet, la formation des 650 soldats (soit un bataillon) est arrivée à terme le 8 juin dernier. Ce bataillon dénommé «Gtia Waraba » (groupe tactique inter armes Waraba) devrait être (re)présenté sous les drapeaux au cours d’une cérémonie officielle qui devrait se tenir à Koulikoro. Mais coup de théâtre ! Les soldats entrent en rébellion contre la hiérarchie et exigent le paiement de primes. Quelles primes ? Le son de cloche diffère d’une source à une autre. Pour la hiérarchie, c’est une revendication qui n’a aucune raison valable et qui est loin de se justifier. Aussi, il a été décidé de renvoyer à la maison l’ensemble du contingent.
Cette mesure d’urgence précède d’autres mesures qui pourraient être prises à l’encontre des éléments du Gtia Waraba. Pour l’heure, la hiérarchie militaire semble à la fois mal à l’aise et dépassée par la tournure prise par cette affaire, au moment où des efforts colossaux sont fournis par la communauté internationale pour remettre sur pied une armée malienne en état de déconfiture avancée. Cependant, la fronde des «Waraba» a une autre explication (lire l’article de I. Dembélé).
Quel spectacle !
Cette nouvelle affaire vient malheureusement ternir (une nouvelle fois) l’image de l’armée malienne, si image il en existe encore.
Après le coup d’Etat de mars, après la débandade au nord, après les affrontements entre militaires à Bamako, après les scènes d’agressions et d’enlèvements de citoyens, voilà que des soldats de l’armée malienne s’offrent en spectacle. Quel spectacle ! Il faut dire qu’au-delà, cette affaire interpelle les autorités de la transition, particulièrement le ministre de la Défense, le général Yamoussa Camara. Or, jusqu’ici celui-ci a été incapable de gérer le moindre problème au niveau d’une armée dont il a la charge depuis le coup d’Etat.
L’affaire des bérets rouges ? Il a fallu l’implication du Premier ministre, Diango Cissoko, pour qu’elle trouve une solution. Que dire de cette autre affaire d’achat de véhicules (Pick-Up), où le ministre de la Défense a fait le mort, au moment où son département défrayait la chronique. La réconciliation au sein des forces armées ? L’effritement de la discipline dans les rangs ? Ce sont là autant de maux qui minent les rangs…
Absent sur le théâtre des opérations, invisible alors que son ministère enchaîne les affaires, les unes plus sulfureuses que les autres, le général Camara qui a été placé là où il est, grâce à des cadets (les putschistes), est le premier à répondre de ce qui se passe à Koulikoro. Il a une obligation d’explication à l’adresse du peuple malien, meurtri par les agissements d’une armée, dont certains éléments ne semblent avoir aucun respect ni pour l’uniforme, ni pour la République.
C.H. Sylla