La friperie est très prisée dans notre pays à cause de ces prix très accessibles à la population. En période de froid, précisément à partir du mois de décembre, le nombre de revendeurs de ces anciens vêtements en provenance principalement de l’Europe augmente. Le marché de Medina Coura, communément appelé «Sougouni koura» en bambara, est considéré comme le centre d’approvisionnement des friperies à Bamako. Dans ce vaste marché opèrent des grossistes de friperie qui importent des fringues (vestes, chemises, pantalons, pull-overs, jackets, lainages, écharpes, chapeaux) de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie par air comme par mer. Les habits arrivent dans des emballages bien tenus appelés «balles» qui sont achetées par des détaillants pour être revendues par pièces.
Le revendeur Adama Coulibaly, alias Damy, explique : «En période de froid, je ne vends que des pull-overs et des jackets, mais il y a moins d’affluence par rapport à l’année dernière». Cela est du au manque de moyens, dit-il, avant d’ajouter que le prix d’une balle de pull-overs ou de jackets varie entre 45 et 50.000 FCFA pour un bénéfice de 2500 à 5.000 FCFA. Quant aux prix au détail, un pull-over coûte environ 1000 FCFA et un jacket, 2.500 FCFA, a fait savoir le détaillant. A quelques mètres, Sekouba Camara, à la barbe bien touffue, classe ses marchandises sous son hangar. Les temps, selon lui, sont durs, car il y a assez de clients par rapport à l’an dernier.
«Je peux faire des jours sans finir de vendre une seule balle de pull-overs que j’achète à 35.000 FCFA. Je vends des pull-overs de tous genres à des prix allant de 300 à 1000F FCFA», souligne-t-il. Pour lui, le marché de friperie est de moins en moins rentable. Mariam Bérété, elle, expliquera qu’il n’y a pas de prix fixe en matière de friperie. N’Golo Keïta, un grossiste que nous avons rencontré, insiste sur le fait qu’il n’y a pas de logique en matière de friperie. Le poids des balles varie entre 40, 50, 55k et même 80kg, précise-t-il. Mais les 80kg sont importés généralement d’Asie et sont très rares, a-t-il ajouté. Pour lui, les friperies en provenance d’Europe sont préférables à celles d’Amérique, car les habits sont moins usés. «Nos friperies viennent par le port du Sénégal, du Ghana, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Un conteneur de friperie y compris les frais de transports et de dédouanement, du port à Bamako, revient à 8 000 000 – 8 500 000 FCFA précise t-il.
Pour épuiser leurs marchandises, les marchands ambulants se dirigent vers le centre-ville et les marchés des autres quartiers de Bamako, voire l’intérieur du pays. Certains détaillants ont des clients spéciaux à qui ils livrent les fringues de premier choix. C’est le cas du jeune Drissa Coulibaly. Revendeur ambulant, il se lève tôt le matin et se dirige vers le marché de Medina Coura pour s’approvisionner. Il fait le tour de la ville pour les revendre. Selon lui, il achète les pull-overs entre 400 et 750 FCFA pour les revendre à 500 et 1250 FCFA. «En cette période de froid, je remercie le bon Dieu, car le marché est juteux», dit le jeune Coulibaly. Les mains remplies de vestes, Baba Mariko, accompagné d’un jeune homme, marche sous un soleil accablant. Il donne à son compagnon 2000F par jour. Il achète ses vestes au prix de gros, de 1000 à 1500F et les revend à 2000 ou 2500 FCFA. «Ce travail est vraiment bénéfique en ce moment», avoue-t-il. Bien élégant dans son pull-over, Youssouf Coulibaly estime que les prix sont abordables pour le moment. Un marchand est venu lui livrer des fringues à son lieu de travail. Il a acheté des vestes qui pourraient faire son affaire pendant cette période de froid.
Yaya DIAKITÉ
Source: Essor