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Périls sur la Transition malienne : Les partenaires bloquent les appuis financiers !

Le remaniement, fatal à la présidence du Colonel Bah N’Daw et à son Premier Ministre Moctar Ouane, est survenu sur fond d’extrême tension de trésorerie, illustrée par une tension sociale exacerbée. Dans un pays divisé, survivant à coup de dettes contractées de façon quasi hebdomadaire, les appuis extérieurs indispensables s’amenuisent progressivement !


La grève générale comme élément révélateur
En fait, dans le courant de la semaine suivant la démission du gouvernement de Transition, une importante réunion a regroupé les cadres de plusieurs départements techniques autour de la situation plus qu’exsangue de l’Etat, notamment au plan économique et social. Le constat, au terme des conclusions de cette réunion, serait plus qu’alarmant d’un pays divisé, dont la partie utile se réduit comme peau de chagrin, quasiment au bord de la banqueroute et de surcroît privé de l’appui des partenaires du fait de la corruption généralisée de ses gouvernants et de son élite militaire et sécuritaire.
La grève dure, entamée par l’UNTM et stoppée in extremis, a permis de se rendre compte des sombres perspectives. Cette crise sociale a été à l’origine de cette rencontre de diagnostic sans complaisance. Et pour cause, face aux revendications catégorielles tous azimuts, l’administration a fait le constat que les PTF demeuraient assez timorés quant à déjà tenir leurs engagements en cours, à plus forte raison en souscrire de nouveaux.
La réticence classique des partenaires qui suspendent la quasi-totalité des relations et des aides, dans un contexte d’incertitudes face à un régime intermédiaire comme la transition actuelle. Le plus souvent, la suspension est corrélative à un boycott organisé contre des autorités ayant accédé au pouvoir à la suite d’un coup de force. Une situation qui replace les potentialités nationales au cœur de la gestion publique, alors recentrée sur les priorités pour sortir au plus vite de la Transition. D’où cette rencontre !
Un pays économiquement exsangue
Au terme des constats de la réunion, il est apparu qu’à ‘heure actuelle, le Mali, dit ‘’utile’’, se résume, en plus du District de Bamako, à seulement trois régions (fonctionnelles sur la base de l’ancienne division administrative) économiquement viables que sont la première région de Kayes, la troisième de Sikasso et en partie la seconde région de Koulikoro, mitoyenne de Bamako.
Si l’entité administrative du District constitue de loin la plus forte densité économique en terme de production et donc de ressources prélevées pour le Trésor public, elle ne peut suffire à combler tous les besoins financiers de l’Etat. L’atonie générale de l’activité, du fait d’un contexte politique et sécuritaire défavorable depuis plus d’une décennie, impacte le dynamisme de la production et donc des échanges déjà à l’interne. Ce qui fait que les trois régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso végètent en mode survie plus qu’en production et développement en termes de richesses.
Le contexte sécuritaire a contraint les planificateurs nationaux, sinon à faire une croix sur la cinquième région centre de Mopti et la quatrième région de Ségou, du moins à classer cette dernière dans les potentialités lointaines. Car en effet, la région de Ségou constituait de loin, il y a peu, la plus dynamique et la plus industrialisée après le territoire du District. Toutefois, elle est aujourd’hui rendue pratiquement ingouvernable et économiquement improductive, du fait des avancées terroristes dans une large partie utile, en l’occurrence la zone Office du Niger, avec la chape de plomb djihadiste progressivement étendue sur les plaines rizicoles. Quant à la région centre de Mopti, immense zone pourvoyeuse de ressources halieutiques et d’élevage, elle a été depuis longtemps neutralisée et échappe quasi totalement au contrôle de l’Etat, à l’instar des régions du Nord du pays.
Voilà la situation dont a hérité une Transition qui ne disposait pas de baguette magique pour sortir de l’ornière. Et depuis pratiquement son avènement, le Gouvernement de Transition de Moctar Ouane a multiplié les emprunts sur le marché obligataire communautaire. Les successives émissions de bons du trésor, bien qu’ayant artificiellement maintenu l’économie nationale sous perfusion, n’en ont pas moins érodé la confiance en un pays qui, au vu de la situation politique et sécuritaire, ne disposait pas d’un capital important. D’abord quant à ses mœurs littéralement délictueuses en matière de gouvernance des ressources publiques. Ce qui insupporte de plus en plus les volontés d’aide les mieux disposées.
Des scandales financiers, et pas de sanctions
Les scandales financiers à répétition au sein de l’armée malienne sont également des éléments justifiant l’attitude de plus en plus rétive des partenaires du Mali à continuer à débloquer des subsides financiers. Car le Mali est devenu un vrai tonneau de Danaïde, un gouffre financier pour les aides qui sont essentiellement des produits fiscaux des pays donateurs. Le récent scandale des détournements des appuis financiers en faveur de l’armée, révélé par la Commission de l’Union européenne, s’est greffé sur bien d’autres filouteries du genre, dont visiblement la Grande Muette paraît friande. Non seulement, les exigences européennes sont clairement énoncées relatives à la traçabilité des fonds accordés, dépensés semble-t-il mais non justifiés, mais les autorités successives maliennes, et plus particulièrement la hiérarchie militaire, ne se sont jamais souciées de fournir le moindre début de réponse.
L’irruption sur la scène des proconsuls de Kati de Kati n’a guère fait avancer les dossiers, en dépit de leurs tonitruants engagements à sévir contre la délinquance financière, juste pour amadouer les classiques concerts de condamnations consécutives au pronunciamiento du 18 août 2020. Au demeurant après avoir renversé Bah N’Daw, Assimi Goïta et ses camarades du CNSP n’ont pas manqué de le charger des réticences, voire de l’opposition manifeste à fouiner, en plus des nombreux dossiers de malversations financières, dans le dessous des 1.200 milliards de la loi de programmation militaire.
Autant de contentieux non apurés sur lesquels sont venues se greffer les prétentions boulimiques, à la limite prédatrices, des nouvelles autorités.
Prétentions financières boulimiques ou prédatrices ?
On avance ainsi la somme pharaonique de quelques 200 milliards Fcfa auxquels le Colonel Major Ismaël Wagué aurait évalué le coût de la Réconciliation dont il dirigeait le département dans le gouvernement Moctar Ouane. D’après certaines informations proches des chancelleries, aucun support rigoureux et scientifiquement vérifiable ne soutenait une telle estimation financière. Si les bailleurs n’ont pas ouvertement épinglé cette ambition quelque peu irréaliste, ils ne l’en ont pas moins jugé fastueuse, voire onirique.
Les récents bouleversements politiques ont finalement permis à Wagué de sauver les meubles en évitant une déconfiture similaire à celle que n’aurait pas manqué d’essuyer le Lieutenant-Colonel Abdoulaye Maïga, le Ministre de l’Administration et de la Décentralisation, la tutelle des élections. Et pour cause, le budget avancé par celui-ci, en vue des échéances électorales générales, référendaire, présidentielle, législatives et municipales, toisait allègrement la centaine de milliards, doit près de 94 milliards Fcfa.
Il est vrai qu’entre-temps et avant le remaniement catastrophique qui a précipité la fin de l’ère du duo Bah N’Daw/Moctar Ouane, les partenaires du Mali, dont les organisations internationales, avaient vivement conseillé aux autorités de la Transition de réduire la voilure électorale. L’équipe transitoire avait été poliment invitée à écarter certaines échéances de son agenda, si bien que progressivement, ce processus de révision, à la baisse de ses ambitions, allait infailliblement conduire à dégrossir quelque peu l’enveloppe financière électorale de la Transition.
La nouvelle équipe exécutive aura du grain à moudre, si la planche ne lui est pas déjà savonnée. L’absence de sanctions, clairement énoncées au portefeuille, n’en révèle pas moins l’existence de sanctions autrement plus pernicieuses, avec la rétention des appuis financiers indispensable pour stabiliser le pays, organiser les échéances afin de sortir au plus vite de cette période intermédiaire.
Le second pronunciamiento n’arrange pas les affaires, loin de là !
Jean-Baptiste Satono

La Révélation

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