L’eau est devenue une ressource rare à Niamana. Indispensable pour la vie, cette ressource est désormais un luxe pour les habitants de ce quartier périphérique de Bamako, situé dans la commune rurale de Kalaban-coro. C’est ce qui ressort de l’enquête du mois de votre hebdomadaire préféré d’Analyses, d’Enquêtes et d’Informations Générales, ‘’Ziré’’.
A Niamana, le fléau s’explique par divers facteurs, selon les témoignages que nous avons recueillis sur place. Le constat est que dans certains endroits, l’eau ne vient dans les réseaux de distribution de la Société Malienne de Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP) que très tard dans la nuit. Dans d’autres localités du quartier, des semaines peuvent se passer sans qu’une seule goutte d’eau ne sorte des robinets. Une situation qui cause actuellement d’énormes difficultés aux habitants du quartier. Pour s’approvisionner en eau, les femmes et les jeunes sont obligés de se diriger vers les endroits où il y a l’espoir que l’eau soit disponible dans les réseaux de distribution tard dans la nuit. Et là encore, c’est une file d’attente qui est dressée. Du coup, pour la plupart des cas, cette corvée ne finit pas sans des altercations entre les femmes.
Fatigués, les habitants de Niamana demande de l’aide au gouvernement, car, selon eux, la situation est devenue insupportable. Chargées des ménages, ce sont les femmes qui souffrent davantage de cette situation. Pour Mariam Sogodogo, ménagère, la question de l’eau concerne généralement plus les femmes dans le foyer que les hommes, car ce sont les femmes qui s’occupent de la maison et des tâches ménagères et, qui parle de tâche ménagère, parle forcément de l’eau. « Ici à Niamana, depuis plusieurs jours, voire des semaines, nous sommes confrontés à de véritables problèmes d’eau. Les habitants du quartier passent des heures devant les fontaines publiques de la SOMAGEP et les forages pour avoir de l’eau à la maison », a-t-elle précisé, avant de poursuivre : « Beaucoup n’ont pas les moyens de prendre le robinet à domicile. Ce qui fait que les gens se servent toujours des fontaines publiques pour avoir de l’eau. Malheureusement, il y a toujours des coupures en cette période de forte chaleur. Je me lève entre 3 heures et 4 heures du matin pour aller chercher de l’eau, sinon, au-delà de 9 heures, on risque de ne plus avoir de l’eau pendant tout le reste de la journée. »
Des bousculades dans les points d’eau !
Véritable luxe, c’est autour de l’eau que les batailles se mènent actuellement à Niamana, surtout entre les femmes. Tard dans la nuit, les sommeils sont très souvent perturbés par des bagarres et des engueulades de femmes. Mamoutou Sidibé, gérant d’une fontaine d’eau, cède le bidon de vingt litres à 10 francs CFA et celui de vingt-cinq litres à 75 francs CFA. Il nous fait aussi savoir que le problème de l’eau est dû à des coupures répétitives. « Il faut savoir aussi que pendant la période de forte chaleur, il y a coupures d’eau dans notre quartier et cela depuis longtemps. C’est une situation qui rend difficile l’accès à l’eau. Dès lors,, il devient très difficile aussi de satisfaire la clientèle. Ce qui fait que je suis obligé de me lever à partir de 3 heures du matin pour répondre aux besoins des clients et faire face à des histoires entre les vendeurs ambulants et les femmes qui viennent directement elles-mêmes s’approvisionner pour leurs ménages », nous a-t-il déclaré.
Bourama Diarra, un vendeur ambulant, nous confie : « Je vends dans les familles, ainsi que dans les chantiers de construction avec ma moto tricycle. Le problème de coupures d’eau nous affecte énormément. Ce qui fait qu’il n’est plus possible de satisfaire la demande d’eau de tous nos clients ces temps-ci. Pour pouvoir servir les premiers clients, je viens à la fontaine à partir de 4 heures. Mais, il y a toujours une file d’attente devant ces fontaines. Avant, je pouvais vendre vingt barriques par jour, mais maintenant je dépasse rarement trois à quatre bidons. On achète les bidons de vingt-cinq litres à quinze francs CFA et on les revend à cinquante francs CFA.»
Tout comme lui, N’yélé Diarra, vendeuse, réagit dans le même sens : « Notre problème est surtout lié au courant. Le délestage est devenu récurrent dans le quartier et cela complique la tâche aux propriétaires du système de forage. Donc, c’est devenu impossible de satisfaire les clients. »
Les autorités interpellées !
A bout de force, les habitants invitent les autorités en charge de la question d’eau à être plus sensibles au quartier de Niamana. Selon Souleymane Samaké, habitant du quartier de Niamana, la SOMACEP, structure en charge de la gestion de l’eau potable, ne parvient plus à satisfaire ses abonnés. « C’est tout le problème et c’est ce qui explique la pénurie d’eau dans notre quartier et dans plusieurs autres endroits à Bamako. Dans certains endroits de Niamana, les habitants font des jours et des jours sans qu’une goutte d’eau ne sorte de leurs robinets. Dans d’autres endroits, il faut attendre minuit pour avoir de l’eau. C’est vraiment pénible », a-t-il témoigné.
De l’espoir, mais… !
Cependant, les habitants de Niamana, n’ont pas perdu tout espoir, surtout après avoir vu le gouvernement installer des tuyaux partout, à travers le projet du nouveau pompage de la station de Kabala, même si la distribution à partir de cette centrale peine à atteindre tout le monde. En attendant, les populations continuent de se battre au quotidien avec tous les moyens possibles dans le seul but de s’approvisionner en eau potable.
Daouda Arama, Stagiaire
Source : Ziré