Après avoir longuement entendu une délégation du Saint-Siège mi-janvier 2014 – entre autres sur sa gestion des affaires de pédophilie au sein du clergé – le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a publié le 5 février 2014 un rapport particulièrement sévère vis-à-vis des autorités vaticanes.
Le comité onusien y a notamment demandé au Vatican de livrer à la justice l’ensemble des prêtres coupables de crimes sur des enfants et de tous les exclure. La réponse du Vatican n’a pas tardé.
Avec notre correspondant au Vatican, Antoine-Marie Izoard
Deux heures après la publication du rapport de l’ONU sur les affaires de pédophilie au sein de l’Eglise, le Saint-Siège a d’abord répondu à travers un communiqué assez sobre, affirmant « prendre acte » des critiques formulées à son encontre et promettant d’examiner minutieusement les conclusions du Comité des droits de l’enfant. Dans un premier temps, le Vatican a regretté toutefois une « tentative d’interférer dans l’enseignement de l’Eglise catholique ». De fait, dans son rapport, l’ONU dénonçait aussi les positions du Vatican sur l’avortement, la contraception ou encore l’homosexualité.
« Surprise »
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Un peu plus tard, c’est le chef de la délégation vaticane à l’ONU qui a fait part de sa « surprise » devant l’aspect « négatif » du rapport. Celui qui avait répondu le 16 janvier dernier aux innombrables questions du Comité des droits de l’enfant accuse l’ONU de « déformer » les faits, jugeant aussi que ce rapport semblait avoir été rédigé avant les réponses apportées par le Saint-Siège. Le diplomate, remonté devant la sévérité du rapport et certaines requêtes, a également montré du doigt les lobbies homosexuels, coupables selon lui d’encourager « une ligne idéologique ».
Quelle sera désormais l’attitude du Saint-Siège ?
Comme tous les autres pays qui passent devant le Comité des droits de l’enfant, le Vatican va prendre le temps de répondre à l’ONU. Il semble cependant que les critiques de Genève concernent des temps révolus car, depuis quelques années, Rome a établi des règles de plus en plus strictes devant les affaires de pédophilie. Dans les jours ou semaines qui viennent, le Vatican devrait annoncer un nouveau vaste plan d’action en ce sens, même si Benoît XVI avait déjà entamé une véritable opération de transparence. Au Vatican, enfin, nombreux sont ceux qui soulignent que nulle autre institution ne s’est autant penchée sur les crimes commis en son sein.
Quelles sont les affaires qui ont éclaboussé l’Eglise catholique ces dernières années ?
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C’est principalement en Europe et sur le continent nord-américain que des victimes ont brisé le silence. Il y a eu cet énorme scandale au Canada à la fin des années 80 lorsque sont révélés les sévices subis par les pensionnaires d’un orphelinat dans les années 50 et 60. Mais c’est dans les années 2000 que les révélations se succèdent. Aux Etats-Unis, une enquête de 2004 recense 11 000 enfants agressés sexuellement et 4 400 prêtres pédophiles.
A Boston, un archevêque est contraint à la démission. A Los Angeles, un autre sera démis de ses fonctions ; tous deux avaient couvert des prêtres pédophiles. La très catholique Irlande est également secouée par des témoignages. Près de 15 000 enfants seraient concernés. Des évêques et des prêtres sont sanctionnés.
Plusieurs dizaines de religieux catholiques sont aussi accusés en Allemagne, alors qu’en Autriche, l’Eglise met en place une commission d’enquête : 800 cas sont traités et les victimes obtiennent au total huit millions d’euros de dédommagement. En Belgique, l’évêque de Bruges démissionne en 2010. Il reconnaît des abus sexuels sur deux de ses neveux. La Belgique, où la hiérarchie catholique du pays est actuellement visée par une enquête.
On a des cas également aux Pays-Bas, en Pologne, en Australie. Et puis il y a des affaires en France, comme celle de l’abbé Bissey, accusé d’une douzaine de viols à la fin des années 90. Il sera condamné, ainsi que l’évêque de son diocèse, qui avait couvert ses terribles agissements.
Source: RFI