Le président Paul Kagame a pour la première fois démenti tout rôle du Rwanda dans l’assassinat de Patrick Karegeya, cet ancien chef des renseignements extérieurs retrouvé assassiné dans un hôtel de Johannesburg le 1er janvier dernier. Des propos tenus à Davos, lors du forum économique mondial auquel le président rwandais a participé et cités par le Wall Street Journal. La dernière déclaration d’une longue série.
Il y a d’abord le discours prononcé lors d’un petit-déjeuner de prière. La trahison a des conséquences, avait dit Paul Kagame, une dizaine de jours après l’assassinat de son ancien chef des renseignements extérieurs.
« Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment », avait-il ajouté. Washington s’était dit très inquiet de ces déclarations, et troublé par une succession de meurtres d’exilés rwandais qui « semblent avoir une motivation politique ».
En début de semaine, une télévision kenyane avait interrogé Paul Kagamé sur l’implication d’agents rwandais dans l’assassinat de ces exilés. Pas à ma connaissance, avait dit le président rwandais. Mais jeudi, à Davos, selon le Wall Street Journal, Paul Kagame a été catégorique. Il a démenti toute participation du Rwanda dans l’assassinat de Patrick Karegeya. « Mais j’aurais souhaité que le Rwanda l’ait fait », a ajouté le président rwandais.
Le Wall Street Journal précise que Paul Kagame aurait comparé son assassinat à la mort d’Oussama Ben Laden lors d’une opération militaire américaine en 2011. Interrogé par RFI après ce démenti, le département d’Etat américain a déclaré que sa position restait la même.
Pour un observateur des droits de l’homme dans les Grands Lacs, même si le président rwandais dément aujourd’hui, ces propos restent « très choquants », ajoutant que « le plus grave c’était qu’il continuait d’approuver l’acte ».
« Il n’y a pas eu d’évolution dans son discours, on l’avait tout simplement mal compris », assure, quant, à lui, un officiel rwandais.