Samedi dernier, le ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a procédé à la pose de la première pierre des travaux de restauration du tata de Koniakari. C’était en présence des membres de son cabinet, des autorités régionales de Kayes et autres dignitaires traditionnels et religieux de la localité.
A la demande des populations de Koniakari et de sa diaspora (par l’entremise du khalife général de la tidjanya, Thierno Amadou Hady Tall) qui ont toujours montré un grand attachement au tata, le projet de restauration de ce site, a vu le jour, a précisé le ministre. Le tata de Koniakari, dans le chef-lieu de la commune du même nom, situé à 70 km à l’est de Kayes, a été construit en 1855, sous la houlette de El Hadj Oumar Tall (Umar al-Futi ou Omar Seydou Tall), par l’un de ses lieutenants, Thierno Djiby Bane, à la tête d’une vingtaine de maçons maliens et sénégalais.
D’autres tatas du genre ont été également construits par El Hadj Oumar Tall : Hamdallahi, Koundian. De plan quadrangulaire, la structure est une imposante muraille de pierres qui mesure 115m de long sur 107m de large et par endroits, 6m de haut pour une épaisseur moyenne de 2m à la base. Les travaux qui ont duré moins de deux mois, étaient organisés à la chaine, depuis la carrière de pierre située à environ deux kilomètres du chantier. Aux quatre angles de la structure se dressent des tours de guet, permettant d’apercevoir l’ennemi de loin.
Les populations restent très attachées à cet édifice. Chaque année, le site accueille des milliers de fidèles de notre pays, du Sénégal et de la «communauté oumarienne» de divers horizons pour la ziaara, grande rencontre de prière et de bénédictions. Durant trois jours, ces fidèles récitent le Saint coran et égrènent le chapelet en invoquant les noms d’Allah.
Bien que relativement bien conservé, le tata de Koniakari est, aujourd’hui, confronté à d’énormes problèmes dont le manque d’entretien, l’urbanisation, les interventions inappropriées (plantation d’arbres fruitiers) et surtout l’érosion due à l’effritement des berges du marigot «Kirgou», sa limite naturelle au Nord.
Pour ses valeurs historiques et scientifiques, le tata de Koniakari avait déjà fait, pendant la période coloniale, l’objet d’une inscription à l’inventaire par arrêté n°4179 du 16 décembre 1954, prononçant inscription des monuments naturels et des sites relevant du ministère de la France d’Outre–mer. Sa protection a été renforcée par son classement dans le patrimoine culturel national par décret n°2011 – 839/P-RM du 22 décembre 2011.
Né vers 1794 à Halwar d’une famille d’érudits, près de Podor, dans le Fouta-Toro, actuel Sénégal, El Hadj Oumar Tall, après son pèlerinage à la Mecque entre 1820 et 1836, suivi de plusieurs voyages d’études coraniques, fonda l’empire théocratique toucouleur (1850-1862). En luttant contre l’armée coloniale française, il fit construire la forteresse de Koniakari pour servir de retraite aux soldats, à l’issue de leurs expéditions guerrières. Le 15 Juin 1890, les troupes françaises, dirigées par le colonel Archinard, s’emparèrent du tata.
Source :
ministère de la Culture