L’élevage est la deuxième source de revenus des populations maliennes après l’agriculture. Pratiqué sous une forme traditionnelle et extensive dans la majorité des régions du pays, il permet à de nombreuses familles de subvenir à leurs besoins.
Cependant, cette activité est aujourd’hui confrontée à deux menaces majeures : l’insécurité croissante et les effets du changement climatique, qui compromettent la survie des communautés pastorales et l’équilibre du secteur.
Depuis plusieurs années, les éleveurs doivent composer avec une dégradation alarmante de la sécurité qui limite leurs déplacements et l’accès aux pâturages. Les attaques de groupes armés, les vols de bétail et les conflits intercommunautaires rendent la transhumance de plus en plus dangereuse.
Dans certaines régions comme Gao, Tombouctou, Ménaka et une partie de Mopti, les éleveurs sont contraints de modifier leurs itinéraires traditionnels, entraînant une pression accrue sur les pâturages restants et des tensions croissantes avec les agriculteurs.
Le pastoralisme joue un rôle central dans l’économie malienne. Il contribue à l’emploi rural, avec près de 80 % de la population active impliquée dans le secteur. Parmi ces travailleurs : 10 % sont des éleveurs exclusifs et 75 % combinent agriculture et élevage, assurant ainsi une stabilité économique dans les zones rurales.
En outre, il représente un levier important des exportations, notamment par la vente de bétail, de viande et de produits laitiers, favorisant les échanges économiques avec les pays voisins.
Parallèlement à l’insécurité, les effets du changement climatique accentuent les difficultés du pastoralisme. Les sécheresses prolongées, les inondations soudaines et la dégradation des sols entraînent une baisse préoccupante des ressources naturelles, réduisant l’accès aux pâturages et aux points d’eau.
La transhumance se fait principalement sur un axe nord-sud, mais avec la raréfaction des précipitations, les terres arables disparaissent à un rythme alarmant. Cette situation pousse les éleveurs à vendre davantage d’animaux pour subvenir à leurs besoins, fragilisant encore plus leurs moyens de subsistance.
Face à ces défis, les éleveurs de la région de Gao interpellent l’État et demandent des mesures fortes pour préserver le secteur. Parmi les recommandations ils demandent la sécurisation des couloirs de transhumance afin de garantir une circulation sans risque, d’investir dans des infrastructures hydrauliques pour assurer un accès durable à l’eau.
Promouvoir des pratiques d’élevage résilientes face aux défis climatiques et encourager le dialogue entre agriculteurs et éleveurs afin de prévenir les conflits liés à l’accès aux terres.
Le pastoralisme malien est à un tournant décisif. Sans interventions adaptées, ce mode de vie ancestral risque de disparaître, entraînant des conséquences économiques et sociales majeures.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune