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Parité genre : EN DEBAT AUJOURD’HUI A L’ASSEMBLEE NATIONALE

La sous représentation des femmes dans les instances de décision et les postes électifsapparaît comme un dysfonctionnement majeur de notre démocratie qu’un projet de loi entreprend de corriger

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Le débat reprend sur les 30% de quotas tant réclamés par les Maliennes. En effet, les députés vont statuer aujourd’hui sur une nouvelle loi élaborée par le ministère de la Femme, de l’Enfant et de la famille. Cette nouvelle disposition adoptée par le Conseil des ministres, si elle est votée par le parlement, règlera en partie le problème de la sous représentation des femmes dans les instances de décision et aux postes électifs.

Dans la pratique, la proportion des personnes de l’un ou de l’autre sexe ne pourra être inférieure à 30%  lors des nominations dans les Institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics dans notre pays par décret, arrêté ou décision. Lors des élections, aucune liste d’au moins trois personnes, présentée par les partis politiques, groupement de partis politiques ou regroupement de candidats indépendants, ne sera recevable si elle présente plus de 60% de femmes ou d’hommes. La loi est élaborée, elle n’attend que l’aval de l’Assemblée nationale.

En attendant, les Maliennes, comme en 2006, restent mobilisées vers un objectif : la parité genre. En 2006, un projet de loi déposé sur la table de l’Assemblée nationale, avait été rejeté. Ce texte accordait la possibilité aux femmes d’occuper 30 % des places sur chaque liste électorale, de promouvoir une répartition équilibrée des hommes et des femmes sur les listes de candidature aux élections. Les femmes devaient ainsi bénéficier de la possibilité effective d’accéder au mandat politique au même titre que les hommes.

Après 20 ans de démocratie,  la sous-représentation  des femmes et des jeunes dans la vie publique et politique est criarde dans notre pays. Pourtant les associations, les pouvoirs publics et les partenaires au développement ont pris au cours de ces dernières années, plusieurs initiatives pour donner aux femmes et aux jeunes la place qu’ils méritent dans les formations politiques et dans le processus de prise de décision. La sous-représentation de ces couches sociales qui représente la majorité de la population (51% pour les femmes et 60% pour les jeunes) apparaît comme un dysfonctionnement majeur de notre démocratie.

Pour le cas spécifique des femmes, les autorités ont ratifié, en faveur de la parité genre, plusieurs textes et conventions régionales et internationales parmi lesquels la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Les échéances électorales passées auraient dû donner l’occasion d’une meilleure application des dispositions de la CEDEF, de sorte à atteindre au moins le seuil de 30% de représentation des femmes à tous les niveaux de prise de décision.

 

UNE STRATEGIE ET UN PLAN D’ACTION. Le  gouvernement, à travers le ministère de la  Famille, de la Promotion de la Femme et de l’Enfant, en collaboration avec ses partenaires et les organisations de la société civile, avait élaboré une stratégie dénommée « Stratégie nationale pour une participation et une représentativité accrues des femmes aux élections générales » et son plan d’action 2012-2015. La stratégie se voulait un cadre fédérateur de toutes les initiatives dans le domaine de « Genre et élections ». L’un des objectifs visés par cette orientation était justement d’accroître la représentation des femmes dans les postes électifs grâce à des mesures institutionnelles et de soutien prises par l’Etat et par les partis politiques. Il s’agissait d’améliorer le niveau de représentation des femmes dans les instances politiques nationale. Cependant, la composition des listes électorales ainsi que les résultats des urnes lors des législatives dernières prouvent à suffisance que cette nouvelle stratégie a échoué. La liste définitive proclamée par la Cour constitutionnelle autorisait seulement 147 femmes sur les  409 candidats à solliciter les suffrages des Maliens pour ces législatives. Une régression par rapport à 2007 où 218 candidatures féminines avaient été enregistrées. Parmi celles-ci, seulement 15 femmes ont pu être élues. La présente mandature de l’Assemblée nationale ne compte que 14 femmes. Or, il est établi que la participation des femmes à la vie politique est une des conditions pour asseoir une démocratie forte et un Etat de droit. La balle est donc dans le camp des parlementaires. Souhaitons que les nouvelles mesures déposées sur la table du parlement ne soient pas boudées comme en 2006 par les députés.

D’autant que la réalité des chiffres est alarmante. Selon le « Bulletin statistique » du Centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant (CNDIFE) : sur 147 députés, il y a 14 femmes. Sur les 703 maires,  on ne compte que 8 femmes. Sur 10 774 conseillers communaux, 927 sont des femmes. Elles sont 6 sur 75 conseillers nationaux. Sur les 14 conseillers de la Chambre de commerce et d’industrie (CCIM), il n’y a que 2 femmes. Pour les 32 conseillers de l’APCAM, les femmes ne sont que 3. Sur les 30 conseillers de la Chambre consulaire des métiers, il n’y a que 3 femmes. Ne parlons pas des postes nominatifs. Sur les 31 ministres seulement 5 sont des femmes.

La volonté et l’engagement de l’Etat et de ses partenaires pour corriger cette situation ne faiblissent pas. Mais le chemin reste, indéniablement, long pour résoudre ce problème de représentation des femmes dans la vie publique et politique.

Vivement donc la nouvelle loi !

M. A. TRAORE  

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