Né avec ses 32 dents, suite à l’appel lancé par Ibrahim Diawara, le mouvement “Maliens tout court” s’est très rapidement mis à la tâche, notamment avec des rencontres “pour le vivre ensemble, la paix et la cohésion sociale” organisées au centre du Mali, plus précisément à Bandiagara dans la région de Mopti, les vendredi 12 et samedi 13 avril 2019. A l’issue des concertations et échanges qui ont regroupé, outre des chefs coutumiers du centre du pays, des leaders d’opinion et chefs communautaires du nord du pays, un engagement de toutes les parties à entretenir la flamme de la paix et de la cohésion sociale a été fortement exprimé à travers “la Déclaration de Bandiagara”. Prenant son bâton de pèlerin infatigable, le mouvement “Maliens tout court” se rendra d’ailleurs à Goundam et dans d’autres localités du pays, pour y prêcher la paix et le vivre ensemble.
Mais où sont passés les responsables politiques qui sont partis réunir des foules au centre du Mali, il n’y a guère longtemps, pour leur demander de voter pour eux ? Cette remarque vaut son peson d’or car si de la même manière que lors de la campagne présidentielle ils avaient tous accouru vers cette parte du Mali en feu et en flammes, pour y prêcher la paix, la tolérance et le vivre ensemble dans la cohésion sociale, certainement que le pire pouvait être évité. Mais lorsqu’on entend un député de l’Assemblée nationale prendre la parole de façon solennelle pour dire “Ma communauté” devant toute la nation malienne, surtout après les événements douloureux survenus à Ogossagou, il y a de quoi se désespérer des dérives d’un pan important de la classe politique, qui a réellement tourné le dos aux vrais problèmes du Mali.
Heureusement que, au moment où ceux qui disent parler et agir au nom du Mali sont restés à Bamako pour se chamailler ou non sur le départ éventuel du Premier ministre ou d’épiloguer sur une éventuelle révision constitutionnelle, comme si le Mali se résumait à une bagarre de chiffonniers autour d’un pouvoir devenu rabougri, il se trouve de dignes fils du Mali, pour prendre conscience que le pouvoir politique et administratif ne servirait à rien si le pays s’effondrait. Tout comme une révision constitutionnelle ne saurait se faire que pour consolider la nation, qui se trouve attaquée dans son fondement avec ses affrontements interethniques.
Regroupés au sein d’une association apolitique, non lucrative, neutre et impartiale dénommée “Maliens tout court”, ces femmes et ces hommes, qui ont préféré laisser de côté leurs différentes identités pour en prendre une seule, celle du “Malien tout court”, sont en train de prouver leur sens profond du patriotisme par les actes qu’ils posent. Les rencontres de vendredi 12 et samedi 13 en sont la parfaite illustration.
En effet, dès la rencontre tenue le vendredi 12 avril à la Préfecture de Bandiagara, des chefs de village qui n’ont pas communiqué depuis plusieurs mois à cause de la situation délétère dans la zone et qui les dressait les uns contre les autres, ont pu se parler. Des témoignages forts ont été recueillis et dans les échanges qui ont suivi, des incompréhensions ont été levées. Et à travers ces témoignages sur les exactions subies par les populations, se dégage un constat largement partagé : personne ne peut dire exactement pourquoi les Peuls et les Dogons se font la guerre.
C’est donc une entré en matière réussie pour le mouvement “Maliens tout court”. Des raisons d’espérer des résultats des deux rencontres prévues pour le lendemain, samedi 13 avril 2019. Les attentes furent effectivement comblées car dès le matin, dans la salle du conseil de cercle où étaient regroupés tous les leaders communautaires du cercle de Bandiagara, auxquels se sont joints des notabilités et chefs coutumiers venus de tous les coins du Mali, ce fut une atmosphère cordiale, fraternelle, pour faciliter le dialogue direct, franc et sincère, avec échange d’expériences. En effet, le chef songhoy de Gao, Moussa Souma Maïga ; l’Amenokal de Kel Ansar, Abdel Majid dit Nasser ; le leader de la communauté Hel Arouane, Baba Sidi Elwafi, présents à cette rencontre, ont parlé à “leurs frères” de Bandiagara de la nécessité de vivre ensemble dans la paix et la tolérance mutuelle.
Serment de ne plus se faire la guerre
Le chef religieux et guide spirituel de la localité, Sékou Sallh Karembé, par ailleurs très respecté sur l’ensemble du territoire, a exhorté les Peuls et les Dogons, unis par un pacte millénaire, à sauvegarder le climat d’entente et de fraternité dans lequel ils ont toujours vécu, avant de faire des bénédictions et des prières pour que la paix revienne au Mali en général et dans cette localité en particulier.
Le coordonnateur local de l’association Dan Na Ambassagou, a rassuré par son engagement à travailler dans le sens du renforcement de la paix et de la tranquillité.
Dans l’après-midi du samedi, joignant l’utile à l’agréable, des groupes musicaux dogons et peuls ont animé ensemble la grande rencontre tenue sur la place Somiex de Bandiagara où, solennellement, Dogons et Peulhs ont dit “plus jamais ça !”. En termes plus précis, ils ont fait le serment de ne plus se faire la guerre. L’occasion était donc belle pour lire, devant ce public venu très nombreux, la déclaration dite de Bandiagara.
L’occasion saisie aussi par Ibrahim Diawara, initiateur du Mouvement “Maliens tout court”, pour lancer un message solennel aux gouvernants lors de la lecture de cette déclaration : “Nous demandons au gouvernement d’écouter et de discuter avec tous les fils du pays sans aucune exclusion pour ramener la paix au Mali”. Il a aussi demandé aux pays amis du Mali, “d’aider le peuple malien à retrouver la paix, la concorde et le vivre ensemble qui a été toujours le ciment de notre cohésion nationale”.
Rappelons que si le mouvement “Maliens tout court” a foncé droit vers Bandiagara pour y poser ses premiers actes, cela obéit à une stratégie bien pensée par ses membres : il faut d’abord éteindre urgemment le foyer d’incendie, s’assurer qu’il n’y a pas de poche de récidive, avant de déployer d’autres mesures. En effet, après Bandiagara, le mouvement “Maliens tout court” prévoit de se rendre à Goundam et dans d’autres localités du pays pour y faire le même travail : œuvrer pour la paix et le vivre ensemble au Mali.
Que le chemin de Dieu accompagne les pas des “Maliens tout court” dans leur noble et exaltante mission !
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali