Le chef du gouvernement a aussi indiqué que la CMA aurait annoncé son ralliement au paraphe de l’Accord d’Alger
Le Premier ministre Modibo Keïta a rencontré hier la classe politique et les organisations de la société civile autour de l’une des principales préoccupations de l’heure, la signature de l’accord d’Alger. L’événement s’est déroulé dans la salle de conférences de la Primature en présence des chefs de partis et de représentants des organisations de la société civile malienne. Le chef du gouvernement, qui devait être le principal intervenant, a innové pour la circonstance en demandant que la présidence des débats soit confiée à une personnalité que la société civile aura désignée.
Le choix s’est porté sur le président des organisations de la société civile, Allaye Bouréma Touré. Ce dernier a remis à son tour la parole au Premier ministre. Ce dernier s’est réjoui d’avoir l’honneur de rencontrer pour la troisième fois ses interlocuteurs du jour. La précédente rencontre s’est située au début du mois de mars dernier après le paraphe de l’Accord d’Alger par le gouvernement et la Plate-forme des mouvements armés. La Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA) avait conditionné son adhésion à la consultation préalable qu’elle devait organiser avec sa base.
Pour aider la Coalition à la prise d’une décision positive, les représentants de la médiation internationale s’étaient déplacés à Kidal le 17 mars dernier. Leur démarche en faveur du paraphe du document malgré les faiblesses que celui-ci comportait n’avait pas porté fruit. D’autant plus que la Médiation avait bien fait comprendre à ses interlocuteurs qu’aucun additif ne pouvait être apporté à l’Accord. Selon le Premier ministre, avant-hier encore, les parties s’étaient séparées sans que le document ne soit paraphé. Cependant la Médiation vient de recevoir un document de la Coordination dans lequel les mouvements armés s’affirment disposés à parapher l’Accord le 15 avril prochain. Le lieu n’a pas été déterminé. Ce sera à la Médiation de fixer les dispositions pratiques.
Entretemps, a déploré le Premier ministre, la situation sécuritaire s’est dégradée partout dans le pays, y compris à Bamako. L’insécurité qui prévaut préoccupe donc les plus hautes autorités qui sont déterminées à y trouver une solution. Le Mali n’a pas les moyens de faire la guerre, a indiqué le Premier ministre, mais il a les moyens d’imposer la paix. « Nous avons besoin aujourd’hui d’une sainte alliance de tous les Maliens, a insisté Modibo Keïta. Tant qu’il n ‘y a pas de paix, nous risquons de laisser la porte ouverte à de nombreux amalgames. Notre pays a besoin de l’accompagnement de tout le monde ».
Le président de la majorité présidentielle Boulkassoum Haïdara a félicité la Médiation pour le dénouement prochain qu’elle a annoncé. La cérémonie de paraphe de l’Accord devrait, selon lui, se dérouler entre la Médiation et la Coordination. Le chef de file de l’opposition républicaine, Soumaïla Cissé, qui a dit ignorer au départ l’objet de la rencontre, a salué l’annonce du prochain paraphe et a proposé que soit défini le contenu du concept de « sainte alliance ». Il a adhéré à un effort partagé dans la recherche de la paix. « Nous devons nous retrouver sur l’essentiel et avancer. L’Accord n’est pas parfait, il y a des choses à corriger. C’est une préoccupation que nous partageons avec vous », a précisé le président de l’URD qui a souhaité que la signature de l’Accord d’Alger intervienne dans les meilleures conditions possibles.
Le nombre d’invités, la formule à adopter pour la signature restent à déterminer. D’ici là, toutes les parties préoccupées par la sécurité doivent avoir la même compréhension du document. Les chefs de quartier, les leaders religieux, les femmes et les jeunes doivent se convaincre que le Mali a besoin de la cohésion et de l’union de tous ses fils pour sortir de la crise.
S. DOUMBIA