Un monstre à trois têtes, l’opposition politique l’est aujourd’hui au regard des pôles de revendication. Au lieu d’une seule opposition politique forte pour affronter et remporter les élections présidentielles de 2018 face à la Convention de la Majorité Présidentielle en perte de vitesse, un profond malaise fragilise les leaders politiques qui l’animent. Un problème de leadership ?
Le constat est désolant ! Constituée suite aux élections présidentielles de 2013, l’opposition Démocratique et Républicaine représentait un véritable contrepouvoir. Des hommes unis avec pour unique objectif, dénoncer par tous les moyens possibles les bavures des tenants du pouvoir. Une semaine ne passait sans entendre des sorties virulentes de Tiébilé Dramé, PPR (PARENA), Amadou Koïta (PS YELEEN KURA), Soumaïla Cissé (URD), Modibo Sidibé (FARE), Soumana Sacko (CNAS FA HERE) ; Sadou Diallo (PDES) etc. Grâce à leur union forte, les Maliens ont découvert les dessous de la gestion de la République. Elle est arrivée à déstabiliser la majorité présidentielle, qui dès son entrée en fonction s’était donnée pour ligne de conduite le vol du dénier public. Ainsi, le Mali d’abord et autres concepts d’espoir renaissants lors des campagnes se sont soldés à l’instauration d’un boulevard de gaspillages.
A eux seuls, quelques partis politiques, ils sont parvenus à faire trembler plus de 70 partis politiques que représente la majorité. Dans leur lutte dite démocratique et républicaine, d’autres formations politiques ont emboité le pas. Il s’agit de ADP MALIBA et le parti SADI du Dr Oumar Mariko. Les deux, suivies d’autres mécontentes, ont claqué la porte de la majorité laissant tous les avantages au bénéfice d’un Mali prospère débarrassé des gangrènes.
Trois pôles, pour quoi faire ?
La majorité présidentielle a désormais en face d’elle trois pôles politiques. Celle dirigée par Soumaïla Cissé, la première, composée de l’URD, PARENA, PDES… la deuxième : ADP MALIBA, SADI etc. et la troisième, la dernière-née, composée de FARE AN KA WULI de Modibo Sidibé, RPDM de Cheick Modibo Diarra, le PIDS de Daba Diawara etc.
Ces pôles que nous considérons de division prouvent à suffisance un malaise profond au sein de l’opposition. Un problème de leadership ? Cette interprétation est irréfutable. Nous savons qu’entre Soumaïla Cissé de l’URD et Modibo Sidibé des FARE, il y a toujours eu un climat tendu. Modibo a toujours été en retrait à chaque fois qu’il a été question d’un rassemblement de l’opposition. Même si à l’époque le camp de l’URD a rejeté le soupçon de la division, la création du Nouveau Pôle Politique par Modibo Sidibé met fin au doute.
Le passé de ces hommes politiques est marqué de bras de fer mais si réellement ils luttent pour le Mali, comme chacun le dit étant dans sa tour d’Ivoire, ils devraient faire bloc au nom d’une seule opposition forte pour inverser la courbe lors des futures échéances électorales.
Aujourd’hui le peuple est plus que jamais déterminé à imposer le changement. Mais sur qui reposer son espoir ? C’est la vraie question. L’opposition étant divisée, cet acte démontre à suffisance que ses chefs de partis politiques ont un penchant égocentrique. Dans les discours, ils disent lutter pour le Mali mais au fond c’est tout autre.
Si vraiment ils veulent gouter au fauteuil présidentiel qu’ils s’inspirent de l’exemple des pays de la sous-région tels la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Gambie etc. où l’opposition n’avait qu’un seul représentant et elle est parvenue à faire basculer la République en sa faveur.
Ils ont intérêt au Mali à en faire autant à défaut, qu’ils disent à Dieu au pouvoir.
Boubacar Yalkoué