Depuis quelques temps, un nouveau mouvement sort de l’ombre sous la bannière de l’imam de Badala, lequel était resté jusqu’ici timide malgré l’imminence d’une épreuve de force avec le pouvoir. Ces derniers jours, la Synergie d’Action pour le Mali pointe le nez avec une ligne plus claire : le refus de toute prolongation de la Transition.
Et la CMAS de Mahmoud Dicko s’affirme tête de pont d’une coalition en gestation depuis l’annonce du report de la présidentielle en décembre 2023. À l’époque, une prolongation de 3 à 18 mois s’annonçait déjà, selon les propos du ministre de l’administration territoriale, lors de sa rencontre avec la classe politique le mardi 8 août 2023. Le gouvernement du Mali avait alors renoué le dialogue sur le retour à l’ordre constitutionnel avec les acteurs politiques dont la majorité avait opté pour la concentration des efforts sur la seule présidentielle.
Sauf que le Ministre d’État, Colonel Abdoulaye Maiga, appuyé de Mme Fatoumata Sékou Dicko, ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée des réformes politiques et institutionnelles et le Pr Ikassa Maiga ministre en charge de la refondation, n’avait donné aucune date. Déjà à l’époque, Mahmoud Dicko réagissait par un refus catégorique et une prédisposition à peine voilée au bras de fer, quoique sa manifestation en gestation sera avortée à la demande de certains coreligionnaires. En clair, son successeur au Haut conseil islamique était allé le solliciter pour que partisans renoncent à battre le pavé. Toutefois, la CMAS restera aux aguets face aux velléités d’un certain Collectif pour la défense des militaires qui prônait en même temps le contrepoids par une démonstration de force au Boulevard de l’indépendance. De quoi déclencher les concertations entre toutes les tendances opposées à la prolongation du CNSP au-delà de 2024. C’est le front du refus qui donnera naissance à la Synergie qui entend remettre au pas les 5 colonels sur leur engagement pris de mettre un terme à la transition en Mars 2024.
Au demeurant, le communiqué rendu public, avant-hier, rappelle que la journée du 24 février était censée être celle du 1er tour de la bataille pour Koulouba. L’imam Dicko et alliés, en même temps qu’ils font cas du non-respect de ce calendrier, prônent l’avènement d’une transition civile pour que les 5 colonels passent la main. Si la CMAS maintient que son parrain sera bientôt de retour au pays, l’opinion voit en son absence un exil qui ne dit pas son nom jusqu’à preuve du contraire. Il est clair qu’étant à distance, le Malien le plus célèbre de 2020 ne peut manœuvrer à sa guise. Dans cette plateforme cohabitent par ailleurs le vieux mouvement Karoual et plusieurs autres entités visées par une dissolution et les adeptes du pouvoir misent même sur une arrestation du puissant Guide dont la présence à Alger a fait grand bruit.
Si certains leaders proches de la Synergie pour le Mali estiment que les sympathisants de Dicko parlent en leur nom propre, reste que la CMAS reste l’instrument officiel de celui par qui est née la Transition. On attend de voir ce qui sera déployé par cette opposition afin de situer à quel degré elle peut s’avérer dissuasive.
I. KEITA