La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’est retirée, le mardi dernier, du processus du Dialogue national inclusif. La volonté du Président de la République malienne, Ibrahim Boubacar Keita, de revoir certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, serait le motif de cette décision, selon la déclaration de Mossa Ag Attaher dans Jeune Afrique. Mais il faut enfin dire à ces ex-rebelles que l’accord auquel ils tiennent, comme la prunelle de leurs yeux, n’est pas un livre saint.
Ils font encore parler d’eux ; il s’agit bien des membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad, ceux-là qui trouvent du miel dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger en l’état. L’accord d’Alger, loin d’être le Coran ou la Bible, est considéré comme tel par la CMA, car toute relecture de ce document est mise de côté. Pendant que le plus grand nombre de Maliens reprochent à l’Accord d’Alger de contenir les germes de la partition du Mali, eux, les éléments de la CMA, se battent pour qu’il soit appliqué tel qu’il est actuellement. Ils nient toutes les insuffisances de ce document et veulent à tout prix sa mise en œuvre. Ils s’opposent à toute décision de révision de cet accord. La preuve, c’est leur décision de se retirer du processus du Dialogue national inclusif parce que tout simplement le Président IBK n’exclut pas la révision de certaines dispositions de l’accord.
Dans son adresse à la nation à l’occasion de la fête du 59e anniversaire de l’indépendance du Mali, IBK a déclaré: « Je tiens à réaffirmer l’attachement du gouvernement malien à cet accord, quitte à en discuter certaines dispositions. L’essentiel étant d’en conserver l’esprit. »
Voilà cette volonté du chef de l’État malien qui a coupé le sommeil aux responsables de la CMA qui refusent de voir les insuffisances de l’Accord d’Alger. Même si beaucoup de Maliens, engagés pour l’unité du Mali, trouvent que le document contient des éléments qui favorisent la « partition » du Mali, la CMA, quant à elle, refuse d’admettre ces insuffisances, peut-être pour ses intérêts sordides.
La CMA se retire du processus du Dialogue national inclusif
Les ex-rebelles de la CMA, comme un serpent blessé, piquent partout. Ces derniers temps, ils prennent des décisions à la hâte pour faire mal aux autorités. Après le Comité de suivi de l’Accord (CSA), la CMA a annoncé, mardi dernier, son retrait du processus du Dialogue national inclusif. Les raisons : s’opposer au président IBK qui a annoncé, dans son discours, que certaines dispositions de l’accord pourraient être revues. C’est en tout cas cette raison qu’a avancé Mossa Ag Attaher, un des responsables de la CMA dans Jeune Afrique : « L’accord de paix et le dialogue sont étroitement liés. Nous venons de finir l’atelier de validation des termes de références du dialogue national inclusif et sommes en train de préparer le déroulement futur de ce dialogue. Et, à notre grande surprise, le président Ibrahim Boubacar Keïta affirme dans son discours à la nation qu’il est possible de revoir certaines dispositions de l’accord. Nous pensons qu’il y a problème. À la veille du dialogue national inclusif, IBK a ouvert la porte à tous ceux qui ne jurent que par le rejet ou la relecture de l’accord de paix, qui veulent mettre à mal certaines dispositions de cet accord. Nous n’allons pas participer à un dialogue qui aboutira à démonter l’accord de paix, même s’il ne s’agit que de certaines de ses dispositions. Toutes les dispositions de l’accord de paix sont primordiales pour nous et leurs mises en application sont notre priorité pour parvenir à un Mali nouveau et en paix ».
À travers cette déclaration, la CMA, elle-même, donne raison à ceux qui estiment que l’Accord ne fait pas l’affaire des Maliens, mais celle des ex-rebelles. La Coordination des mouvements de l’Azawad dirigée par Sidi Brahim Ould Sidatt cacherait, ce qui est sûr, quelque chose au peuple malien par rapport à cet accord en l’état. Nous comprenons maintenant pourquoi, lors du débat de Africable télévision, le représentant de ce mouvement controversé, le même Mossa Ag Attaher, n’a jamais voulu répondre à cette question de Dr Choguel Kokalla Maiga : « Qu’est-ce qui a été ajouté à l’accord le 20 juin 2015 ? ».
Quelque chose a donc été ajouté ce jour-là et que les Maliens ignorent toujours. Mais il est temps que les autorités du Mali et les responsables de la CMA disent aux populations ce qui est dans l’Accord dont la révision de certaines dispositions est de plus en plus vue comme une nécessité. S’il n’y a aucun complot contre le peuple malien, n’étant ni Coran ni Bible, pourquoi l’Accord peut être intouchable ? Non, il ne devrait pas l’être ! L’heure de la vérité a sonné et les Maliens doivent être vigilants pour l’unité de ce pays.
Boureima Guindo
Source : Le Pays