Rien ne va plus entre les populations de la commune rurale de Débéré, cercle Douentza, et leurs autorités administratives. Et pour cause ? Les habitants de ladite commune accusent leur sous-préfet et le maire d’avoir détourné 29 sur 44 tonnes de mil et de sorgho, qui leur avait été offertes par le gouvernement, à travers le commissariat à la sécurité alimentaire. Mais les populations n’entendent pas se laisser faire, les chefs des six villages de la commune refusent de payer leurs impôts tant que le complément de dons n’est pas restitué
Située à 15 kilomètres de Douentza, la commune rurale Débéré relève de ce cercle. Depuis quelques jours, les populations de la commune sont à couteaux tirés avec le maire et le sous-préfet. Il est reproché à ces deux responsables, le détournement de plusieurs tonnes de céréales sur un don de 44 tonnes aux populations de la commune en vue de faire face à la soudure. Après moult réclamations, les chefs de village ont arrêté à leur tour un plan pour obliger le maire et le préfet à s’exécuter. Ainsi désormais dans la commune rurale de Débéré « ’sans le reliquat des céréales à eux offert par le Commissariat à la sécurité alimentaire, point d’impôt ! »
Joint par téléphone, hier mardi, M. Alidji BAGNA, le sous-préfet de la commune de Débéré nie en bloc les accusations à lui portées par les populations. Il nous a confié que les 29 tonnes restantes étaient en cours de route.
“Toutes ses accusations ne sont pas fondées. Dans les villages quand on parle de don, certaines personnes ne cherchent pas à comprendre. Les vivres étaient en retard, c’est pourquoi nous avons décidé de partager la première tranche de 20 tonnes arrivée et les 24 autres l’ont été il y a dix jours de cela. Et puis, contrairement à ce que les gens racontent, ce ne sont pas 45 tonnes qui ont été données à la commune, mais 44”, a-t-il expliqué.
Ces détails du sous-préfet ont été rejetés en bloc par des sources villageoises. M. Amadou Cissé, un habitant de la commune soutient qu’à part les 15 tonnes, les populations n’ont rien vu encore.
“Aucun village n’a reçu aucune graine de mil ou de sorgho à part les 15 tonnes distribuées à des centaines d’habitants de la commune. Il ment ! Il sait très bien que cela n’est pas vrai ! Nous voulons notre donation, car ce n’était ni à vendre ni destiné à une autre commune”, a-t-il dit, avant de nous informer de la nouvelle attitude adoptée par les chefs de village : le refus de collecter les impôts avant la restitution du reliquat du don.
M. Harouna TANGARA, conseillé à la maire de ladite commune déplore les agissements du maire et du représentant de l’État dans leur commune.
“Je suis conseillé ici et je suis au courant de tout. Les 25 autres tonnes de céréales n’ont pas vu la couleur du sol de notre commune. S’il dit qu’il a distribué ces céréales, il a menti !”, a-t-il dénoncé. Comme pour enfoncer le clou, M.TANGARA regrette que l’aide l’Etat à l’endroit de la population en des périodes de soudure soit détourée par les autorités administratives et communales sa commune. Il a par ailleurs déploré que les cantines scolaires de deux villages de la commune soient fermées, depuis l’arrivée des deux compères. “Nous remercions l’État d’être au chevet de nos populations. Mais il faut un contrôle rigoureux sinon tous ces dons sont détournés à d’autres fins. La preuve, seulement les cantines du programme alimentaire (PAM) sont opérationnelles, celles de l’État sont fermées, pourtant l’on estime que les sous de la cantine viennent à la mairie. Cependant, ils disparaissent et les cantines sont fermées au préjudice des enfants. C’est le problème de ces écoles communautaires de chez nous”, a-t-il déploré.
Un enseignant de la commune a décrié la malhonnêteté des deux responsables qui constituent de véritables dangers pour leur école.
“Bien avant ces donations, le sous-préfet et le maire sont à l’origine du détournement de plusieurs sommes pour le fonctionnement de notre école. Quant aux cantines scolaires, la manne financière détournée s’élève à 1500.000CFA. Il faut faire quelque chose sinon les gens souffrent ici”, a interpelé l’enseignant.
Quant à M. Hamadoun Ali MAIGA, maire de Débéré, il était injoignable par nos soins.
Au moment où nous mettions sous presse, un habitant du village nous a informé que sur les 29 tonnes restantes, 12 tonnes étaient arrivées hier même.
Affaire à suivre donc !
Par CHRISTELLE KONE
Source: info-matin