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ONU : l’avenir des casques bleus au Mali en discussion

Près de quatre ans après l’accord de paix de 2015, des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et onusiennes.

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a annoncé mercredi 3 avril qu’il se pencherait dans les mois à venir sur l’avenir de sa mission de casques bleus au Mali, visée par des roquettes dans la journée, en soulignant dans une déclaration adoptée à l’unanimité que tout changement ne devait pas compromettre la stabilité du pays.

Dans la perspective du renouvellement de son mandat en juin, il « demande au secrétaire général de présenter des options en vue d’une possible adaptation significative de la Minusma […] afin que cette dernière renforce l’efficacité de son soutien à la mise en œuvre de l’accord » de paix de 2015, « sans pour autant mettre en péril la stabilité du Mali et de sa région », indique la déclaration rédigée par la France.

Vendredi, les Etats-Unis avaient jugé qu’il était temps d’évaluer si une mission de maintien de la paix de l’ONU était toujours la meilleure solution au vu de l’insécurité qui continue de régner au Mali. En regrettant le manque de progrès dans l’application de l’accord de paix, ils avaient été les premiers à réclamer des options à Antonio Guterres sur l’avenir des 14 000 casques bleus déployés depuis 2013 dans le pays.

« Certains progrès »

Près de quatre ans après l’accord de paix de 2015, des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises (de l’opération « Barkhane ») et de l’ONU, qui sont régulièrement visées par des attaques meurtrières. Le camp des forces de l’ONU (Minusma) et de l’armée française à Kidal (nord) a été visé mercredi en début d’après-midi par des tirs d’obus, selon un habitant de ce bastion de l’ex-rébellion à dominante touareg. Le gouverneur de la région, Sidi Mohamed Ag Icharach, a indiqué à l’AFP que les roquettes avaient « dépassé le camp », ne faisant « aucun dégât matériel ». Un casque bleu tchadien s’est néanmoins blessé en sautant de son poste de garde.

Dans sa déclaration, le Conseil de sécurité « regrette vivement que plusieurs dispositions de l’accord […] n’aient pas encore été pleinement appliquées, voire amorcées, malgré ses appels répétés dans ce sens ces derniers mois ». Il cite un manque de décentralisation d’administrations dans le nord du pays, une démobilisation et une réintégration de combattants insuffisantes.

S’il note « certains progrès » depuis la présidentielle de 2018, le Conseil de sécurité rappelle disposer de « sanctions » pour les contrevenants à l’accord de paix. Comme l’avait réclamé vendredi la France, il demande au gouvernement une « nouvelle feuille de route » pour s’y conformer pleinement. Vendredi, Antonio Guterres avait affirmé voir « de forts risques que la situation dégénère » au Mali.

« Des conséquences extrêmement négatives »

Présent à New York, le premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, avait averti qu’« une réduction des moyens ou des missions de la Minusma » aurait « des conséquences extrêmement négatives » qui aboutiraient « au final au renforcement des groupes terroristes et à une nouvelle dégradation de la situation ». Au cours des mois de janvier, février et mars, 400 civils et 150 militaires (soldats maliens, de « Barkhane » et de la Minusma) ont été tués, a par ailleurs affirmé mercredi devant le Parlement le ministre de la sécurité et de la protection civile, Salif Traoré.

Le ministre était interrogé par les députés sur une tuerie imputée à des chasseurs dogon se présentant comme un « groupe d’autodéfense » antidjihadiste ayant fait quelque 160 morts le 23 mars dans le village peul d’Ogossagou, près de la frontière burkinabée. Le gouverneur de Mopti (centre), Sidi Alassane Touré, a affirmé mercredi à l’AFP que « le bilan était de 157 morts et 65 blessés à ce jour ».

Dans un communiqué, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaida, s’est présenté comme le « rempart » des Peuls, les appelant au djihad et accusant la France de « complicité totale »« Nous disons aux croisés français et au gouvernement fantoche de Bamako, ainsi qu’à ses milices [autant les forces armées gouvernementales, gendarmerie et police que les milices dozo et autres] que votre guerre et vos agressions contre nos parents et frères peuls ne resteront pas sans réponse », selon le communiqué, reçu par le centre américain de surveillance des sites djihadistes SITE.

Source: Le monde.fr

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