DROIT DE COLÈRE
On ne se moque pas du corbillard
Les « obsèques », un terme qui englobe l’ensemble des rites funéraires célébrés à la suite d’un décès. De nos jours, au Mali, les lieux d’obsèques sont devenus des lieux de causeries, de papotages et de consommation bruyante de thé. Pendant que les parents de la défunte ou du défunt pleurent à chaudes larmes, d’autres se comportent comme s’ils étaient dans une cour de récréation. Un phénomène condamnable qui interpelle tout le monde. Car, il est d’une nécessité impérieuse de respecter la douleur des parents de la personne décédée et aussi de respecter la mémoire du défunt ou la défunte.
Y a-t-il une valeur que notre comportement collectif respecte encore dans ce pays ? De plus en plus, on assiste à une scène stupéfiante et qui se répète lors des obsèques dans notre pays. Les funérailles sont normalement un moment de grande douleur pour les parents proches et les intimes de la personne décédée. Cette douleur doit aussi être partagée par toutes les personnes venues aux obsèques pour présenter leurs doléances. Malheureusement, on assiste à un tout autre spectacle qui transforme nos cérémonies de décès en une cour de bavardage et de récréation.
Oubliant l’objet de leur présence, beaucoup de gens s’adonnent à cœur joie à des rires, papotages, prises de thé, causeries etc. A tel point qu’ils oublient toute la peine du moment qui frappe la famille en deuil. Cette habitude se généralise hélas ! à Bamako et même dans les autres localités du pays.
Or, voilà une attitude qui ne convient guère à la posture de compensation qu’il faut avoir sur un lieu de décès. Pour l’imam Moussa Sidibé, ce phénomène est dû à beaucoup de facteurs.
« Premièrement, beaucoup des gens ne connaissent pas la signification des versets du Coran ou de la Bible. Deuxièmement, il y a l’évolution du monde et la modernité des choses. Présentement, la mort ne fait plus peur, à telle enseigne que d’autres croient qu’après la mort, il n’y a rien. Et troisièmement, il n’y a plus de pitié ou de cohésion entre les gens. La vie moderne est en train de nous perdre nos valeurs ancestrales de jour en jour », a-t-il fait savoir.
Les moments des obsèques sont des moments de compassion et de prières au cours desquels le bon sens de tout un chacun est recherché. Au Mali, qu’on soit musulman, chrétien ou autre, on doit se recueillir et avoir le plus grand respect pour l’âme du défunt ou de la défunte.
Ce phénomène social de non-respect à l’égard du deuil est un constat regrettable qui gagne du terrain dans notre pays. Il est donc du devoir des prêcheurs de sermonner et d’informer les gens afin que chacun comprenne que la mort est un temps d’affliction qui ne saurait aller de pair avec les habitudes du “grin”. Que chacun se le dise !
Mamadou Komina
Source: Les Échos- Mali