Le film nous emmène à Bamako, au Mali. À 77 ans, le cinéaste malien Souleymane Cissé dénonce dans son nouveau film Oka (« Notre maison ») l’injustice sociale et la corruption qui minent son pays.
C’est l’histoire d’une querelle familiale qui tourne mal. Au programme : jalousie, envie et corruption à Bamako. Le film raconte l’histoire des quatre sœurs de Souleymane Cissé, expulsées de chez elles. Au cœur du conflit, leur maison de Bozola, située dans un quartier très recherché de Bamako et que leur enviait une branche rivale de la famille.
Il n’en fallait pas moins pour que leur frère, réalisateur mondialement reconnu, auteur de classiques du cinéma africain comme Yeelen ou Finyè, s’empare de sa caméra pour relater toute l’affaire, et clamer son indignation.
« Oka » est un film terriblement efficace
Devant l’objectif, Cissé récolte les témoignages révoltés des voisins et des voisines, filme l’arrivée de la police qui expulse violemment ses sœurs et jette leurs affaires à la rue, puis revient hanter les lieux désormais déserts. Ces lieux qui ont marqué son enfance, pour y revenir, nostalgiquement sur sa jeunesse.
Mais au-delà de la nostalgie, Oka est aussi une charge en règle contre la justice corrompue et toute la classe politique malienne. À ce jour, peu de cinéastes ont pris leur caméra pour porter un conflit privé sur la place publique.
C’est la dimension un peu gênante de ce plaidoyer pro domo où la parole n’est jamais donnée à la partie adverse. Gênante, mais terriblement efficace. Le 5 octobre 2015, la Cour de Justice a annulé l’arrêté d’expulsion de la famille Cissé.
RFI