Les objectifs assignés au titre de la campagne agricole qui s’achève n’ont pas été atteints à cause de multiples contraintes
L’Office Riz Ségou a tenu jeudi dernier, la 23è session de son conseil d’administration. Cette session qui s’est déroulée dans la salle de conférence de la structure survenait dans un contexte particulier pour le département de tutelle qui bénéficie d’un environnement favorable pour le renouveau du secteur agricole.
En effet, pour la première fois dans notre pays, la campagne agricole a été bâtie dans le cadre d’un plan harmonisé et consolidé autour d’objectifs de production céréalière, végétale, animale, halieutique, aquacole et forestière. Ce plan s’inscrit dans le cadre du projet de société du président Ibrahim Boubacar Keïta qui ambitionne de faire de l’agriculture le moteur du développement économique et social et du Mali, un exportateur de produits agricoles compétitifs sur le marché international. Pour amorcer cette marche, il a décidé lors du dernier Conseil supérieur de l’agriculture d’allouer 15% du budget national au secteur rural. C’est dans la même dynamique que le Conseil des ministres a adopté la Politique foncière agricole, a relevé le ministre du Développement rural, Bocari Tréta, qui présidait les travaux du conseil d’administration. Bientôt, la Loi foncière agricole devrait être adoptée.
Ces instruments viennent en appui à la Politique de développement agricole (PDA) dont l’outil de mise en œuvre est le Plan national d’investissement dans le secteur agricole (PNISA).
Les objectifs du PNISA qui est en chantier sont, entre autres, l’accroissement de la production céréalière (maïs, mil/sorgho, riz) par l’intensification et la modernisation des systèmes de production et de commercialisation, l’augmentation des productions animales (viande/lait/poisson) par l’intensification des systèmes de production pastorales et aquacoles.
Il s’agit aussi d’améliorer les revenus des producteurs par une meilleure valorisation économique des surplus de production et l’état nutritionnel par des actions d’information, d’éducation, et de communication (IEC).
L’Office Riz Ségou joue un rôle important dans le dispositif conçu pour parvenir à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Et cette année, malgré une crue insuffisante du fleuve Niger ayant entrainé la perte de 7410 ha, l’ORS affiche des résultats globalement satisfaisants sur l’ensemble des systèmes irrigués et non irrigués.
Ainsi, au terme de la campagne agricole 2014-2015, sur une prévision de 168 453 tonnes, toutes céréales confondues, l’Office a produit 127.488 tonnes (113.041 tonnes en 2013-2014), soit un taux de réalisation de 76%. Dans cette production globale, la part du riz est de 51.007 tonnes pour une prévision de 73.148 tonnes soit un taux de réalisation de 70%.
IMMATRICULATION DES EXPLOITATIONS FAMILIALES. L’excédent céréalier dégagé est de l’ordre de 35 763 tonnes contre 21 210 tonnes en 2013/2014. « Au regard des résultats affichés, nous pouvons constater aisément que les objectifs assignés au titre de la campagne agricole qui s’achève n’ont pas été atteints à cause de multiples contraintes qui sont, entre autres, l’insuffisance de la crue sur le fleuve Niger, l’insuffisance de l’effectif du personnel chargé de l’appui-conseil, le niveau élevé des arriérés de crédit agricole au niveau des paysans rendant difficile l’accès de ceux-ci aux financements bancaires », a noté le ministre Tréta. Un autre facteur qui a négativement joué sur les résultats est le gel de 1271 hectares en cours d’aménagement dans le casier de Tien Konou.
En ce qui concerne les perspectives, les prévisions de production pour la campagne 2015-2016 tablent sur 177.046 tonnes, toutes céréales confondues, dont 79.940 tonnes de riz paddy.
« Fort de l’accompagnement de ses partenaires et surtout de l’adhésion des producteurs aux prévisions du projet de plan de campagne agricole, l’ORS devra prendre toutes les dispositions idoines pour la réalisation des objectifs assignés », a préconisé le ministre du Développement rural avant de rappeler aux dirigeants de l’ORS les défis à relever dans le cadre de certains articles de la Loi d’orientation agricole (LOA). Il a demandé à la direction générale de veiller au respect et à l’observation des dispositions des articles évoqués. L’article 16 est de ceux-là. Il stipule que les exploitations agricoles familiales sont enregistrées et immatriculées sans frais sur le registre. Quant à l’article 23, il précise que seules les exploitations familiales agricoles immatriculées peuvent bénéficier des subventions de l’Etat dans le cadre des appuis financiers apportés aux exploitations. L’article 77, lui dispose que l’Etat, de concert avec la profession agricole, élabore la politique foncière agricole qui repose sur le cadastre.
Parmi les articles évoqués par le ministre, il y a aussi le n° 79 qui prévoit qu’une commission foncière est créée dans chaque commune. L’article 80 fait référence aux litiges fonciers, tandis que le suivant (81) stipule que tout aménagement réalisé sur la maîtrise d’ouvrage est préalablement immatriculé. A ce propos, le ministre du Développement rural a exhorté la direction générale de l’ORS à immatriculer toutes ses terres agricoles afin de pouvoir disposer d’un décret de gérance à l’instar de l’Office du Niger.
L’article 119 définit le Fonds national de développement agricole comme un dispositif qui vient au secours des exploitations agricoles pour des appuis financiers spécifiques. Ce fonds est alimenté depuis quelques années déjà dans une fourchette de 2 à 3 milliards Fcfa.
Le ministre a demandé à la direction générale de s’inscrire résolument dans la dynamique des directives évoquées dans la LOA afin que les paysans puissent bénéficier pleinement des avantages y afférents.
Le conseil d’administration a été l’occasion de présenter les niveaux d’avancement des différents chantiers d’aménagement engagés dans le cadre du Projet d’appui au développement rural de Tien Konou et Tamani (PADER-TKT) financé à hauteur de 14,9 milliards Fcfa. Ce financement est assuré par la Banque islamique de développement (74%) et le gouvernement (26%). Le lot 1 relatif au recalibrage du canal principal de Dioro, nécessitant un investissement de 2 milliards Fcfa et le lot 2 relatif à la conversion en maîtrise totale de 1271 hectares financé à hauteur de 7 milliards Fcfa connaissent des difficultés d’exécution.
Les différentes entreprises adjudicatrices de ces chantiers sont confrontées à des difficultés d’ordre technique, matériel et financier pour achever les travaux. Mais les responsables de l’entreprise responsable du marché du lot 2 promettent de livrer le périmètre pour la prochaine campagne. Quant au lot 3 concernant l’aménagement du périmètre de Tamani, le démarrage effectif de ses travaux est prévu dans quelques jours, le 16 février.
Le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali, Bakary Togola, a saisi l’occasion pour demander au ministre du Développement rural de sécuriser davantage le barrage de Markala qui est l’outil majeur de production de riz dans notre pays.
M. COULIBALY