Courant 2020, une convention de partenariat a été signée entre le gouvernement du Mali et un entrepreneur malien, pour la construction de l’Institut national des arts (Ina), sur un nouveau site sur la route de l’Aéroport international Président Modibo Kéita de Senou, avec toutes les commodités requises. L’ancien Ina ne sera la propriété du nouvel acquéreur qu’à la remise officielle des clés des nouvelles infrastructures, dont la construction, évaluée à plus du milliard de F CFA, est entièrement à la charge de l’opérateur.
La construction de nouveaux bâtiments pour l’Ina, dans la zone aéroportuaire, découle d’une seule logique : l’actuel Institut national des arts (Ina), presque centenaire (91 ans), est vétuste avec des murs crasseux ne respectant plus aucune norme académique, sanitaire et sécuritaire. Les élèves ne parviennent plus à se concentrer en classe, les enseignants sont démotivés à cause de la promiscuité et des nuisances sonores et autres du grand marché qu’il jouxte.
Ces constats alarmants ont motivé les autorités de l’époque à le délocaliser sur un site encore vierge, pour l’épanouissement des élèves et de leurs professeurs, à l’image du Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté, logé au flanc de la colline du Point G.
Une Convention de partenariat public-privé a été signée entre le repreneur et trois ministres de la République : les ministres des Domaines et de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement, de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Pour la construction des bâtiments, le projet qui est au nom de l’Etat du Mali, à travers le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, a bénéficié de l’avis de non objection de l’Agence nationale de l’Aviation civile (Anac) et de la Direction générale des aéroports du Mali (ADM). Même la direction de l’Ina est partie au processus à travers l’approbation du plan. Nulle part, il n’est question dans le document de vente ou de cession de l’Ina. Aucun prix de vente n’est dégagé, si ce n’est l’investissement évalué à plusieurs milliards de nos francs. Si on était encore au moyen-âge, on parlerait de troc. Mais le terme qui sied aujourd’hui est la délocalisation de l’Ina sur une zone vierge.
Le promoteur réalise les travaux à ses propres frais. En retour, il prend possession de l’ancien site à la réception définitive des nouveaux bâtiments. L’expertise, les plans d’urbanisme, le choix du terrain et son emplacement ont été réalisés sous la responsabilité de la direction nationale de l’urbanisme et de la construction, qui en est le maitre d’ouvrage.
Conformément à la Convention, le nouvel Ina sera bâti sur un terrain spacieux de 3ha, près de 3 fois plus que la superficie de l’ancien. Il promet d’être une des infrastructures scolaires futuristes du pays. Les travaux sont supervisés sur place par des techniciens de l’urbanisme et de l’ingénieur en génie civil, le Turc Kaoroba Mahrumi, directeur du Consortium malien de construction (CMC).
Les travaux, d’une durée de 18 mois, sont à ce jour exécutés à 40 % et avancent normalement, 4 mois après leur lancement. Sur le plan de construction, le style architectural allie modernisme et tradition, avec un goût prononcé pour l’architecture Soudano-sahélien, à l’image de l’ancien Ina. Les deux blocs principaux sont déjà sortis de terre.
L’ingénieur en chef, M. Mahrumi s’est, de prime abord, rendu dans les locaux de l’actuel Ina, pour se rendre compte de ce qui leur faut. « Nous travaillons sur la base des besoins exprimés par la direction de l’école en terme de conforts académiques », a-t-il dit. Il y a deux blocs : le bloc A, construit sur 400m2 en R+2, est conçu pour abriter l’administration avec des salles de spectacles de 200 places et d’exposition à l’étage. Le bloc B en R+1 bâti prévu sur 1 800 m2, abrite les salles de classe et ateliers. En plus, le projet prévoit des terrains de sports (football, basket, volley, etc.), des parkings, espaces verts, etc. Les besoins en électricité seront assurés par un branchement en moyenne tension d’EDM, relayé par un groupe électrogène de 400 Kva.
Au vu de la convention qui n’offre aucune autre garantie au repreneur que le droit à la propriété de l’ex-Ina à la fin des présents travaux, il s’agit là d’un acte de patriotisme d’un Malien qu’il convient de magnifier à sa juste valeur. L’Etat sera le principal gagnant dans ce partenariat public-privé, avec à sa possession les clés d’une infrastructure académique aux normes internationales.
C’est la première fois au Mali qu’un repreneur d’un bâtiment public se lance dans une convention visant à mettre à la disposition de l’Etat un autre immeuble avant d’entrer en possession de son bien. Tous les cas qui se sont passés, non seulement les immeubles et les terrains ont été vendus à de vils prix, en plus l’Etat a été obligé de compenser à ses propres frais ce qu’il a lui-même cédé.
Abdrahamane Dicko
Source: Journal Mali Tribune