A la lecture de la composition du tout premier gouvernement d’IBK, l’on se dit que les cadres de son parti, le RPM, n’ont aucune raison de se plaindre. Cela dans la mesure où les départements dits stratégiques en termes de nombre des militants qu’un parti politique peut y héberger, de gré ou de force, sont tous détenus par des cadres du RPM. A commencer par le ministère du Développement rural, qui fait son retour dans l’architecture gouvernementale, confié au Secrétaire général du RPM, Dr Bokary Tréta. C’est vrai que cet ancien étudiant de l’ex-Union Soviétique n’est pas, ici, en terrain inconnu car il servi longtemps dans ce département sous le régime d’Alpha Oumar Konaré. Il y a ensuite l’éternel trésorier du RPM, Ousmane Koné, conseiller technique depuis de nombreuses années au ministère de la Santé, qui hérite de ce département stratégique à surveiller comme le lait sur le feu, surtout après le scandale du Fonds mondial.
Oumar Tatam Ly
L’éducation nationale, là où se recrute le maximum de militants des partis politiques, tombe dans les mains d’une cadre du RPM, Mme Togola Jacqueline Togola. Enfin Mme Sangaré Oumou Ba, vice-présidente du parti d’IBK, est nommée au ministère de la promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.
Après le RPM, c’est l’ex-junte qui voit sa proximité avec le nouveau pouvoir récompensée par le maintien de deux de ses membres dans la nouvelle équipe ; à savoir le controversé Général Moussa Sinko Coulibaly qui reste à l’Administration territoriale et le Colonel Abdoulaye Koumaré qui est également retenu à l’Equipement et aux transports
L’ADEMA-PASJ est représentée dans le gouvernement par deux proches de l’ancien président de la Républiquepar intérim, Dioncounda Traoré, en l’occurrence Moustaph Dicko à l’Enseignement supérieur et Abdel Karim Konaté au ministère du Commerce.
Quant à la multitude de partis et associations à caractère politique qui ont soutenu la candidature d’IBK, c’est le président de l’ASMA, le stratège Soumeylou Boubèye Maïga – il a quitté l’ADEMA pour rejoindre IBK à la veille de la présidentielle – qui bénéficie d’un gros morceau : le ministère de la Défense. Attendu comme Premier ministre, à l’instar de Soumeylou Boubèye Maïga, Tiéman Hubert Coulibaly devra se contenter du ministère dit des Domaines et des affaires foncières sans le Logement confié à un certain Mohamed Diarra.
Quant à Moussa Mara, le président du parti Yelema et maire de la commune IV, il s’en sort avec un ministère dit de l’Urbanisme et de la politique de la ville. Il sera intéressant de voir ce que ce désormais ancien maire pourra faire à ce poste quand on observe tous les montagnes d’ordures qui élèvent dans sa propre commune et ailleurs dans la ville de Bamako.
Bien qu’il fût l’un des tout-premiers à féliciter IBK avant même la proclamation des résultats officiels, Maître Mountaga Tall, le président du CNID, n’est pas invité au gouvernement. C’est le cas de la vingtaine de petits candidats ayant obtenu moins de 1% lors de l’élection présidentielle. Dans ce camp, c’est la grosse déception.
Comme on le voit, même s’il ne s’agissait pas d’un partage de gâteau, comme l’a toujours répété le président de la République, l’on se demande bien comment un pays aussi pauvre que le nôtre peut offrir le luxe d’un gouvernement de 34 membres. Au moment où l’opinion s’attendait à pas plus de 24 membres…C’est dire que la politique a ses propres réalités.
Mamadou Fofana