Transféré en Belgique en 2018, après sa brillante prestation à la CAN avec les Aiglonnets, l’ancien défenseur
du Djoliba peine à s’imposer à Antwerp. Dans cette interview, le jeune international tente d’expliquer sa situation
et n’écarte pas l’hypothèse de quitter le club pour «avoir plus de temps de jeu». Pour le meilleur joueur de la CAN U17, Gabon 2017, 2020 est une année charnière et il se dit prêt à tous les sacrifices pour marquer le coup. Interview
L’Essor : Vous êtes en Belgique depuis 2018, précisément à Antwerp, mais vous n’êtes toujours pas titulaire. Quelles explications donnez vous à cette situation ?
Abdoulaye Diaby : Déjà, la première saison a été très compliquée car je suis venu avec deux mois de retard à cause de problèmes administratifs. Ainsi, à mon arrivée, on m’a mis dans l’équipe B. Ensuite, je me suis blessé lors du premier entraînement et je suis resté à la touche pendant plus de deux mois. Après, il y a eu le temps d’adaptation et les échéances de l’équipe nationale. La deuxième saison, je suis allé en prêt à Lokeren en deuxième division.
Pour un jeune défenseur, ce n’était pas facile car l’expérience est un atout majeur pour un joueur défensif. Néanmoins, j’ai réussi à m’imposer au fil des mois. Malheureusement, cette période a coïncidé avec la crise sanitaire qui nous a même empêché de disputer notre dernier match, le 28 février. Après la pandémie du coronavirus, je suis revenu à Antwerp. Je viens de commencer ma troisième saison, je travaille pour progresser et franchir un nouveau palier.
L’Essor : Quelle est la durée de votre contrat et qu’envisagez-vous de faire à la fin du bail ?
Abdoulaye Diaby : J’ai signé un contrat de trois ans plus un an en option. Pour l’avenir, je travaille très dur, je garde le focus et je reste concentré sur le présent car c’est de là que dépendra l’avenir. Je me sens bien dans cette équipe et je compte donner le meilleur de moi-même afin de pouvoir retrouver très vite l’équipe A. C’est un grand défi, mais je suis prêt à tous les sacrifices pour le relever.
L’Essor : Vous revenez d’un prêt à Lokeren en D2. Comment les choses se sont passées là-bas ?
Abdoulaye Diaby : Là-bas, c’était assez bien, j’étais dans l’équipe A, je progressais beaucoup, je gagnais en notoriété. J’avais commencé à m’imposer, mais avec la crise de la Covid-19, on n’a pas pu terminer le championnat. C’est dommage, parce que j’étais dans de bonnes dispositions physiques et mentales pour réaliser une grande saison. Je fais un grand coucou à tous les joueurs de Lokeren sans oublier les dirigeants et les supporters du club.
L’Essor : Quelle est la situation actuelle de votre équipe, à savoir Antwerp ? Quels sont les objectifs du club cette année ?
Abdoulaye Diaby : Je dirais que la situation actuelle d’Antwerp est passable, parce que nous sommes 8è du classement du championnat avec 7 points. C’est Charleroi SC qui est leader avec 15 points, suivi de Beerschot VA qui compte 12 points et du Standard qui affiche 10 unités au compteur. Comme vous le savez, en football, les choses peuvent aller très vite et il est possible que l’entraîneur, Ivan Leko, décide de me donner ma chance cette année pour jouer avec l’équipe A.
Il y a déjà des défenseurs expérimentés et c’est difficile pour un jeune défenseur comme moi de me faire un trou, mais je reste confiant. Les objectifs du club, c’est d’aller le plus loin en Europa League et avoir une place européenne l’année prochaine. Je pense que nous avons les moyens d’atteindre les objectifs fixés par la direction du club.
L’Essor : Est-ce que vous avez des contacts avec d’autres équipes européennes ?
Abdoulaye Diaby : Bien sûr, mais pour l’instant, je me concentre uniquement sur Antwerp et rien d’autre. J’ai un contrat avec cette équipe et je compte aller au bout. à la fin du contrat, on verra ce qu’il se passera. C’est possible que j’aille encore en prêt cette saison pour avoir plus de temps de jeu. Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est que j’ai besoin de jouer et franchir un nouveau palier.
L’Essor : Vous avez été formé au Djoliba, notamment par Fanyeri Diarra, l’actuel entraîneur de l’Usfas. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au Djoliba ?
Abdoulaye Diaby : Le Djoliba est ma famille, mes racines se trouvent dans cette équipe. Il y a beaucoup de souvenirs, mais le meilleur pour moi reste notre qualification à la phase de poules de la coupe CAF. Ce jour, tout le stade a vibré avec l’équipe, c’était fantastique, même si par la suite, nous n’avons pas réussi à aller au bout de notre rêve commun, à savoir la victoire finale.
Des jours comme ça, j’espère qu’il y en aura beaucoup pour le Djoliba. Parlant de Fanyeri Diarra, il a été plus qu’un coach pour moi. C’est un grand technicien, quelqu’un qui a une forte personnalité, bref, un homme de conviction. Je suis content d’avoir travaillé sous ses ordres et lui serais toujours reconnaissant. Je salue les supporters du Djoliba qui se sont toujours distingués par leur amour pour le club.
L’Essor : Parlons à présent des sélections nationales. Vous avez remporté les CAN U17 et U20, respectivement avec les Aiglonnets et les Aiglons. Vous avez même été désigné Meilleur joueur de la CAN U17. Que représentent ces sacres pour vous ?
Abdoulaye Diaby : Je suis très fier d’avoir porté le maillot des U17 et des U20 et offert deux trophées de Coupe d’Afrique à mon pays. C’est impossible d’oublier, j’ai vécu des moments incroyables avec les sélections cadette et junior. Quand on a été sacrés, il y avait une joie indescriptible et au retour de l’équipe au bercail, nous avons été reçus avec tous les honneurs. Ce sont des moments qu’on ne peut pas oublier. Nous avions un groupe qui vivait bien, chacun se battait pour l’équipe et c’était ça notre force. J’espère que d’autres trophées suivront ces deux sacres.
L’Essor : Quelles sont vos ambitions pour la sélection nationale senior, quand on sait que certains de vos coéquipiers des sélections de catégorie d’âge ont intégré le groupe des Aigles ? Ne pensez-vous pas que votre situation à Antwerp joue en votre défaveur ?
Abdoulaye Diaby : Oui, vous avez parfaitement raison, ma situation au club joue en ma défaveur. Cependant, je suis sûr d’une chose, mon heure sonnera bientôt et je serai très fier d’enfiler le maillot de la sélection A après celui des cadets et des juniors. Je suis content et fier de voir certains de mes partenaires comme Sékou Koïta, Amadou Haïdara et Mamadou Fofana «Nojo» évoluer aujourd’hui dans le groupe des Aigles. Pour moi, ces anciens coéquipiers nous montrent la voie à suivre.
Dès lors que ces anciens coéquipiers sont parvenus à faire leur trou au sein de l’élite, pourquoi pas nous autres. Pour ce qui me concerne, le premier défi, c’est gagner une place au sein de mon club, ensuite, tout est possible.
L’Essor : Vous avez dû suivre les Aigles lors de la dernière CAN en égypte. Quels commentaires vous inspire la prestation de la sélection nationale ?
Abdoulaye Diaby : On a été éliminé un peu tôt, c’est dommage parce que l’équipe avait les moyens d’aller loin. C’est vrai, nous avons une équipe jeune qui n’a pas beaucoup d’expérience, mais malgré tout, le Mali pouvait, sur l’ensemble de sa prestation, atteindre au moins le dernier carré. L’équipe a émerveillé tout le monde par la qualité de son football, mais a été prématurément éliminée. ça fait partie du football, il faut l’accepter.
La CAN est désormais derrière nous, il faut tourner cette page et regarder vers l’avenir. J’espère que la Fédération malienne de football prendra toutes les dispositions pour le suivi et l’encadrement de cette jeune génération qui a tout l’avenir devant elle. Bien entendu, je prie Dieu qu’il m’aide à rejoindre mes anciens coéquipiers, avant la prochaine CAN.
L’Essor : Avez-vous un message pour le public sportif malien ?
Abdoulaye Diaby : Je salue le public sportif malien et demande aux dirigeants de s‘entendre et de faire la paix des braves. Si les dirigeants de notre football se donnent la main et travaillent ensemble, je suis sûr que la sélection nationale A se hissera sur le toit du continent. Le football malien regorge de talents que l’on retrouve un peu partout à travers le monde.
En France, en Allemagne, en Angleterre, nous avons des joueurs dans presque tous les grands championnats européens et cela prouve la compétitivité de notre football. Pour moi, le football malien est sur la bonne voie et ne tardera pas à faire parler de lui.
Interview réalisée par
Djènèba BAGAYOKO
Source : L’Essor