Plus le temps passe, plus on se rend compte que l’équation malienne se complexifie malgré la relative victoire sur les groupes islamistes armés. Chaque jour lui apporte son lot d’inconnues et d’éléments nouveaux, tous, tendant à serrer davantage un nœud gordien pourtant déjà bien difficile à défaire à l’heure qu’il est.
Tenez ! Il y a juste quelques jours, le 2 mai 2013 précisément, on notait avec satisfaction la création d’un Haut conseil de l’Azawad qui se disait « conscient de l’impérieuse nécessité d’unir tous les fils de l’Azawad… » et assurait qu’il «appuierait tous les efforts en vue de trouver par le dialogue une solution politique négociée à la crise malienne.
Selon ses dires, ledit Conseil est un « mouvement pacifique » qui ne réclame nullement « l’indépendance d’une partie du Mali » et se positionne contre toute idée de partition de la région. Et les plus optimistes d’applaudir. Mais pas longtemps.
Car, juste quelques temps après, éclataient des affrontements à Ber, une localité située à une soixantaine de kms de Tombouctou.
Des heurts qui opposèrent Arabes et Touaregs de la région. Les mêmes accusations de vols et de violences fusent des deux côtés et les belligérants donnent l’impression de vouloir en découdre à tout prix, une fois pour toutes.
Au risque de donner la fâcheuse impression à ceux qui s’échinent à trouver une solution idoine à la difficile équation malienne que lorsqu’ils font un pas dans la bonne direction, il se trouve toujours de petits malins pour les ramener deux pas en arrière. Au point qu’on finit par se demander à quand la fin de tout ce cirque !
A vrai dire, à l’allure où se sont passés les événements, on ne pouvait peut-être pas s’attendre à un meilleur scénario.
Il est bien vrai que les soldats français aidés de leurs frères d’armes tchadiens ont fait une bonne partie du boulot au Nord-Mali en brisant les reins de la pieuvre islamiste. Mais nul ne se risquerait raisonnablement à affirmer qu’ils ont éradiqué de la zone tous les pêcheurs en eau trouble.
Le calme semble revenu à Ber, après les affrontements entre Arabes et Touaregs
Des militaires maliens sont toujours présents dans la ville de Ber, à 60 km au nord de Tombouctou. Une patrouille malienne et burkinabé était arrivée lundi 6 mai pour sécuriser la ville après les violences qui ont opposé les communautés arabes et touarègues, ces dernières semaines. Les militaires burkinabè se sont repliés dès lundi soir sur Tombouctou. Les soldats maliens, eux, sont toujours sur place.
Selon un représentant de l’armée malienne présent à Ber, joint par RFI le mardi 7 mai, l’ambiance est calme à Ber. Les combattants arabes qui étaient entrés dimanche dans la ville sont tous repartis. « Il n’y a plus d’Arabes sur place, ni même de combattants armés », a affirmé le militaire. Seules les populations touarègues sont restées.
La veille, lundi 6 mai, les armées malienne et burkinabè avaient cependant procédé à des interpellations dans la communauté tamasheq. Au total, 23 personnes ont été arrêtées et sont retenues depuis dans les locaux de l’école de la ville. On les soupçonne d’être des déserteurs de l’armée malienne.
La gendarmerie de prévôté, chargée des enquêtes, est sur place à Ber et procède actuellement à des interrogatoires. Selon notre source militaire malienne, beaucoup de ces personnes devaient être relâchées dans la soirée de mardi.
De vieux contentieux ravivés par des pillages à la frontière algérienne
L’armée malienne devra également tenter de faire libérer le fils du marabout de Ber : Al-Moustafa Ag Mohamed a été enlevé il y a une quinzaine de jours par des hommes armés, des Arabes, qui revendiquent le versement d’une forte rançon. La famille se dit inquiète, car elle n’a plus aucune nouvelle du fils du marabout.
De vieux contentieux entre communautés arabe et touarègue existent à Ber et ont été ranimés par des pillages de familles arabes à In Khalil, à la frontière algérienne. Pillages attribués au MNLA.
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