Après trois rencontres et moult démarches dans le sens du retour définitif de la paix au Mali, les composantes de la communauté Songhoï, réunies au sein du mouvement ‘’ IR-GANDA’’, ont procédé au lancement de leurs activité, Samedi 14 Octobre au Palais des Sports de Bamako.
C’était en présence du président de la République, de membres du gouvernement, de chefs d’institution ainsi que d’éminentes autres personnalités ayant rehaussé l’éclat du rendez-vous. On y dénombre des représentants de la Cma et de la Plateforme ainsi que de toutes les parties-prenantes de l’Accord pour la paix et réconciliation issu du processus d’Alger.
Il s’agit d’une «journée historique», selon les initiateurs de la grande convergence de communautés nordistes (peul, dogon et bozo, etc.) autour des Songhoï. Le décor de la cérémonie a été auparavant planté avec les traditionnelles invocations coraniques du président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, adhérent naturel du mouvement conçu par des cadres et populations de divers terroirs du septentrion autour de l’ancien ministre Ousmane Issoufi Maiga, son président. Place ensuite à la salve de déclarations d’intention, de récriminations et de réclamations. Tout en déplorant que le nord-Mali soit encore l’otage de groupes armés et terroristes – les uns au nom de la rébellion séparatiste et les autres de violents milices religieux -, les animateurs du mouvement préviennent que la reconstruction du septentrion malien se fera avec eux ou ne se fera jamais. C’est dans cette optique qu’ils ont invité les autorités maliennes à faire face à leurs responsabilités en soutenant ‘Ir Ganda’ dans ses desseins sublimes. Sans être plus explicites sur la nature du soutien attendu de l’Etat, la communauté Songhoï prévient en outre qu’elle sera désormais plus vigilante dans la défense de leur terroir contre tout prédateur.
La cérémonie a été par ailleurs ponctuée de témoignages assez instructifs comme celui du président de l’association Djina-Dogon, qui a insisté sur la cohabitation séculaires et harmonieuses de toutes les communautés du nord sur la «terre ancestrale commune aujourd’hui appelé nord-Mali». Et de mentionner que le retour de la paix reste un espoir pour lesdites communautés aujourd’hui privées de leur liberté, avant que le représentant de l’association Tabidal Pulaaku ne s’interroge sur l’origine des bouleversements ayant rompu les liens de fraternité dans le Nord-Mali. La réponse est à chercher dans la présence “parmi nous” d’étrangers venus de nulle part, a- t-il indiqué, assurant que son association milite pour la paix au nom du droit des enfants à la scolarisation et de la liberté pour les femmes.
“Cette situation actuelle nous a été injustement imposée”, a relevé pour sa part le président du mouvement l’IR-GANDA, Ousmane Issoufi Maiga, avant que le président de la République ne témoigne de sa confiance dans le mouvement ainsi que des assurances que lui donne sa démarche qu’il juge pédagogique. Et IBK d’exprimer sa foi dans la cohésion nationale, estimant au passage que le Mali dispose de l’une des sociétés rares au monde de par sa diversité culturelle.
A noter que le mouvement‘IR GANDA’ s’est bâti autour d’une série de valeurs et objectifs partagés par les différentes composantes de la communauté songhaï: la négation de l’injustice, du rejet racial et du repli communautaire; le combat pour la paix, la sécurité et le développement; le refus de la division du pays.
Toutefois le mouvement ressent-il comme un devoir la défense du terroir contre les terroristes, narcotrafiquants et alliés ainsi que sa participation à la reconstruction nationale et au développement socio-économique du Mali. Cela, en droite ligne de l’application de l’accord de paix issu du processus d’Alger.
C’est ainsi qu’une précédente rencontre à Gao donnait lieu à un atelier thématique de réflexion sur les voies et moyens de parvenir à une paix juste et réconciliation parfaite après tant de violence. Lequel conclave a été sanctionné par le rejet formel et catégorique de l’appartenance des régions du nord et du centre à l’espace géopolitique appelé Azawad, l’exigence du désarmement des groupes armés et la lutte contre la prolifération des armes, le retour de l’administration et des services sociaux de base dans toute la zone aujourd’hui abandonnée au profit des groupes armés.
Amidou Keita