La crise continue au sein du Parti démocratique populaire (PDP). Le parti au pouvoir au Nigeria subit une vague de défection sans précédent. Ce mercredi 29 janvier encore, 11 sénateurs du PDP ont annoncé leur défection pour rallier le parti d’opposition APC (Tous pour le Congrès progressif, en français). Un nouveau camouflet pour le président Goodluck Jonathan qui apparait de plus en plus affaibli à un an de la présidentielle.
Jamais le Nigeria n’avait connu une telle hémorragie au sein du parti au pouvoir, affirment les experts. En novembre dernier, cinq gouverneurs du mouvement avaient fait défection, suivis un mois plus tard de 37 membres de la Chambre des représentants. Le Parti démocratique populaire n’a plus la majorité à la Chambre basse, une première depuis 15 ans. Il est également affaibli au Sénat et doit désormais composer pour faire passer des textes.
L’enlisement dans le conflit contre Boko Haram est une des raisons avancées pour expliquer cette crise au sein du PDP. Parmi les onze sénateurs qui ont annoncé leur défection ce mercredi, neuf sont d’ailleurs des musulmans du Nord.
La présidentielle fait débat
Mais la grogne résonne également dans le sud du pays, et même dans la région du Delta, le fief du président Goodluck Jonathan, où certains responsables politiques chrétiens se verraient bien vice-présidents si un musulman était élu en 2015.
Car la présidentielle est l’autre source de divisions. Beaucoup affirment que le chef de l’État, chrétien du Sud, sera candidat à sa propre succession. « C’est clair que du côté des édiles politiques du Nord, il y a une revendication très forte pour que Goodluck Jonathan ne se représente pas. Or celui-ci, par différents signaux, montre bien en réalité qu’il a bien l’intention de postuler à un deuxième mandat », confirme Marc-Antoine de Montclos, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement.
Or une tradition implicite au sein du PDP veut que ce soit un musulman du Nord qui prenne sa suite. « Goodluck Jonathan ne semble pas vouloir respecter les règles du jeu », confie un expert. Selon lui, si les défections continuent et que l’opposition s’allie autour d’une candidature commune, le chef de l’État pourrait bien perdre l’élection.