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Niger : mésentente entre la presse et le gouvernement

Pour protester contre les agressions des journalistes, les pressions du gouvernement sur les presses, contre la confiscation des biens  et surtout encore contre le contrôle de la fiscalité s’étendant sur l’année 2018 et les quatre années passées ; la presse nigérienne a décidé d’observer, lundi 5 février, une cessation de la diffusion de leur programme habituel.

Les presses nigériennes voient dans ce contrôle de la comptabilité par le gouvernement une politique visant à violer leur liberté d’expression ; une technique pour faire taire certaines presses comme dans beaucoup de pays de nos jours. Pour riposter contre cet état de fait, toute la presse nigérienne a observé lundi un changement de programme, d’autres mêmes ont arrêté d’émettre  afin de faire revenir le gouvernement sur ces pas. C’est ce que nous dit ce passage du directeur de la radiotélévision canal 3, Lassana Abdoulaye : « Mon  groupe de presse, la radiotélévision canal 3 Niger a suivi, parce que c’est la défense des intérêts de toute la presse nigérienne. »

Cette journée aurait-il eu des effets sur le gouvernement ? La presse et le gouvernement ne se sont-ils pas compris sur le contenu dudit contrôle de la fiscalité ? En tout cas, lundi soir, le gouvernement s’est permis d’entrer dans des explications par rapport à cette situation. C’est dans ce cadre, en effet, que Hassoumi Massaoudou, ministre des Finances, s’est expliqué : « Pour le moment, il s’agit juste de l’amont de la procédure. Évidemment, loin de nous l’idée de faire en sorte que la presse soit éteinte. Il va de soi que nous sommes déterminés à ce que tout le secteur tient une comptabilité de manière à être fiscalisé normalement. Pour le moment, il s’agit d’un contrôle de comptabilité, nous verrons ensuite quelle décision nous prendrons. Nous regardons cela  de plus près de manière à ce que cela n’entraine pas la fin de la presse indépendante et libre. Évidemment que nous ne prendrions pas cette décision-là. »

De belles paroles comme à l’accoutumée. Nous attendons de voir la suite. Car la presse pense que cela est une première dans l’histoire de la presse nigérienne. En conséquence, elle aurait des répercussions graves sur le bon fonctionnement de certaines presses qui ne dépendent que de maigres ressources pour fonctionner. C’est ce qui ressort de ces explications de Soumana Maiga, directeur du quotidien, l’Enquêteur« Le principe de contrôle des organes de presse n’est pas ce qui nous gêne à proprement parler. Personne n’est au-dessus de la loi. Par contre, ce que nous trouvons inadmissible, c’est être en dessous de la loi. C’est-à-dire que sous couvert de la loi, on se cache pour régler des comptes politiques. C’est la première fois que la presse privée indépendante au Niger fait l’objet d’un avis général de comptes publics. »

Il convient juste de comprendre que nos gouvernements démocratiques n’ont eu d’autres adversaires que les presses et surtout privées qui n’ont pas leur langue dans leur poche ; qui n’hésitent pas à les critiquer afin de les mettre sur la bonne voie. Or, ils n’aiment pas qu’on leur critique, que nous dévoilions au grand jour leur manigance du pouvoir. C’est la raison pour laquelle ils cherchent tous les moyens possibles pour faire taire la presse qui ne doit pas, cependant,  se laisser jouer leur jeu. La presse doit rester indépendante et libre pour servir les citoyens en matière d’information et de sensibilisation.

Fousseni TOGOLA

Le Pays

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