Le samedi 3 août, le général Abdourahmane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger, a donné une interview à Télé Sahel où il a abordé des sujets relatifs aux menaces de déstabilisation et d’agression contre le pays, principalement imputées à la France.
Dans cette interview, Tiani a évoqué le départ des soldats français et l’expulsion de l’ambassadeur français Sylvain Itté, qu’il accuse d’avoir défié les nouvelles autorités nigériennes, pensant que la colonisation se poursuivait. Tiani a rappelé que le président français Emmanuel Macron avait soutenu que Itté était accrédité auprès de Mohamed Bazoum, et non auprès de la République du Niger, et insistait sur le fait que Bazoum restait le président légitime. Le 26 juillet 2023, le CNSP a renversé le président Bazoum.
Tiani a dénoncé les déclarations de Vincent Crouzet, ancien de la DGSE, qui aurait suggéré de déstabiliser le Niger après le retrait des forces françaises et le départ de Sylvain Itté. Selon Tiani, ces propos reflètent les intentions de la France, notamment celles de Macron qui, dès août 2023, aurait organisé des consultations pour trouver une « réponse corrective » à la situation au Niger et aurait donné des instructions à son conseiller Afrique, Jean-Marie Vaucelle, pour que le Niger ne serve pas d’exemple à d’autres États africains.
Le général Tiani a ensuite décrit l’initiative du « commandement pour l’Afrique », qu’il considère comme une tentative masquée de maintenir une influence militaire française. Ce commandement implique une réorganisation des troupes françaises dans différents pays africains, avec une réduction des effectifs au Tchad et au Gabon, et la création de nouveaux commandements à Dakar, Sénégal, et Libreville, Gabon. Selon le dirigeant nigérien, le commandement serait dirigé non par des chefs venant de la métropole, mais par des attachés de défense déjà présents dans les ambassades françaises.
Tiani a affirmé que malgré l’expulsion des agents français du Niger, ceux-ci ont été repositionnés dans des pays voisins comme le Bénin et le Nigeria. Il a mentionné spécifiquement Thomas Gliozzo, ancien chef de la sécurité de l’ambassade de France à Niamey, désormais basé à Abuja. Tiani a accusé ces agents de continuer à comploter contre le Niger en soutenant des groupes terroristes tels que Boko Haram, en leur fournissant du matériel militaire et en orchestrant des actions clandestines pour déstabiliser le pays. « Qu’est-ce qu’ils nous ont fait ? Les premiers à sortir ont pris rendez-vous avec des terroristes de Boko Haram et de Swap qui sont deux factions rivales. Ça s’est passé du 25 au 26 octobre 2023. Ils ont proposé à ces terroristes de partir en guerre ouverte contre l’Etat nigérien, contre les nouvelles autorités qui ont osé demander à la France de partir. Ils ne se sont pas arrêtés là. Dieu est avec les justes. Boko Haram et Iswap ne se sont pas entendus. Et ils ne s’entendront jamais. Ils ont reconduit la même manœuvre dans la nuit du 10 au 11 janvier 2024 où ils ont encore livre à travers deux hélicoptère du matériel militaire aux terroristes de Boko Haram qui semblaient plus enclins les propositions des troupes françaises. Ça s’est passée à Koukléwaké, une île dans le lac Tchad a 25 kilomètres au nord est de Bosso. Le 29 janvier, ils sont revenus à Boutoungourou, une île à une dizaine de kilomètres, au nord est de Bosso où ils ont livré de l’armement neuf à Boko Haram. Et ils ont récupéré les anciennes AK 47. Ils ont effacé les numéros pour qu’on ne puisse pas retracer l’origine de ces armes », a détaillé le chef de l’Etat nigérien.
Enfin, Tiani a évoqué des cas où la France aurait, selon lui, manipulé des informations sur des enlèvements d’occidentaux dans le Parc W du Bénin pour couvrir des opérations de soutien aux groupes terroristes. Il a cité des incidents où des « techniciens en guérilla », un « Canadien et un Danois » auraient été présentés comme des otages, alors qu’ils entraînaient en réalité des terroristes. Tiani a assuré que les autorités nigériennes surveillent ces activités et sont prêtes à agir pour défendre la souveraineté du Niger.
Suite à la prise du pouvoir par les militaires à Niamey, les relations entre le Niger et la France se sont considérablement détériorées. La France a suspendu son aide au développement et a soutenu la décision de la Cédéao d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel. En réponse, les nouvelles autorités nigériennes ont dénoncé les accords de défense avec Paris, protestant contre ses supposés actes hostiles.
AC/APA
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