Opération de lifting pour recrédibiliser l’As de la Junte qui assume sans fioriture son coup ou campagne de lynchage de ceux qu’il avait pris le pari d’investir de sa confiance ? La prise de parole nocturne du commis de service ressemble à s’y méprendre à la prosopopée d’une nuit des longs couteaux. Comment contextualiser le réquisitoire spécial du très spécial conseiller spécial Baba CISSE, à quelques heures de la libération sous pression du Président de la Transition et de son Premier ministre sinon que l’inélégance de les salir et de les jeter à la vindicte publique ? I ma min fo i siri yoro la, ka na o fo i foni yoro la !
Il faut bien espérer qu’à Kati la parenthèse de manque de lucidité, de perte de sérénité ne prospère pour ceux qui, débarrassés des empêcheurs de tourner en rond, ambitionnent d’avoir désormais les mains sur les commandes de l’État. En effet, les Maliens ne sont pas, en tout cas, plus dupes. Car, l’explosion numérique, de la connectibilité et l’accessibilité des nouveaux médias à tous, y compris aux ‘’broussards’’, ont révolutionné les temps de la crédulité et de la naïveté. Le cousin de chacun sait que quand on veut se débarrasser de son chien on l’accuse de rage. « Sur le plan de la gouvernance, il faut comprendre que le Vice-président de la transition avait nourri l’ambition de faire faire l’audit de la loi de programmation militaire, il y a eu blocage à ce niveau. Un autre blocage était l’opposition du Président de la Transition à l’arrestation de certains dignitaires impliqués dans la mauvaise gestion financière » a déclaré mercredi soir le Commandant Baba CISSE, conseiller spécial du Colonel Assimi GOITA
En chargeant imprudemment et maladroitement le Premier ministre et le président de la Transition qu’ils viennent de «mettre hors de leurs prérogatives », les vainqueurs de l’épreuve de force au sommet de l’État prennent le risque de faire de leurs victimes des héros adulés par le peuple du Mali qui a de l’affection, de la compassion et une petite larme pour la victime.
En démissionnant, le Président Bah N’DAW n’accroît certainement pas le mythe qui entoure sa réputation d’officier intraitable sur l’honneur, la dignité et le patriotisme.
Quant à Moctar OUANE qui a eu le courage suicidaire de rappeler à l’homme fort de la France (Jean-Yves Le Drian) que le dialogue avec les djihadistes est un choix souverain du Mali, que le France ne doit pas remettre en cause, sa démission le catalogue désormais parmi les patriotes qui ont eu à dire non à l’inacceptable et l’intolérable.
C’est pourquoi Kati ferait bien de ne pas se tromper sur le respect sacro-saint et le soutien inconditionnel des Maliens envers leur armée nationale et le silence, l’inaction, l’excuse qu’ils semblent leur octroyer pour ce second coup pour lui avoir accordés l’excuse de la bonne foi.
Aussi, la clairvoyance commande de ne pas espérer un soutien aveugle sans résistance au putsch permanent.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN