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Mutation du HCUA en parti politique : Un pas décisif dans le processus de paix

Le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) décide de se muer en parti politique. L’annonce a été faite lors de son congrès tenu récemment à Kidal. Quelle peut être la valeur ajoutée de cette mutation pour le processus de paix ? Quels sont les défis à surmonter pour réussir véritablement ce changement ? Les revendications armées vont-elles céder la place à la lutte politique ? Dans cette mutation, le HCUA pourra-t-il fédérer les autres mouvements armés pour ce projet en surmontant les clivages communautaires et identitaires qu’ils connaissent ? Voilà autant de questions que nous avons posées à l’ancien ministre de l’Administration territoriale, Ousmane Sy, au secrétaire général du ministère de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale Attaher Ag Iknane. Ces deux personnalités ont assisté aux assises du HCUA à Kidal. Nous avons recueilli aussi l’analyse de Baba Dakono, chercheur au bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest, le bassin du Lac Tchad et le Sahel de l’Institut d’études de sécurité.


Attaher Ag Iknane a d’abord expliqué qu’il a assisté à ces assises, porteur d’un message et des recommandations du ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale qui souhaitait que les travaux soient couronnés par des résultats qui font avancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. D’après lui, lors des travaux, l’accent a été mis sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation à travers ses volets institution, sécurité et développement.
Le secrétaire général témoigne d’une volonté affichée d’œuvrer pour faire avancer le processus de paix en cours. Une des recommandations fortes, dira-t-il, c’est l’union des mouvements signataires de l’Accord pour la paix. Un autre point important : les mouvements politico-militaires préconisent une transition vers des entités purement politiques. Cela veut dire qu’ils s’inscrivent déjà dans la perspective de la mise en œuvre intégrale de l’Accord, car une fois cette étape franchie, le terrain va être beaucoup plus celui du combat politique.
Attaher Ag Iknane estime que la valeur ajoutée de cette mutation est qu’elle impulsera davantage l’accélération du processus de paix en cours qui a connu un petit ralentissement ces derniers temps. Il trouve que le ton est ainsi donné car les dirigeants du MNLA qui ont pris part à ces assises, comptent également tenir les leurs en fin novembre.

APPARTENANCE AU MALI- Pour sa part, Baba Dakono rappelle qu’à la base, le HCUA est un mouvement politico-armé, créé au départ pour fédérer les groupes armés au lendemain de l’intervention militaire franco-africaine en janvier 2013. L’objectif était d’avoir un interlocuteur unique en mai 2013 dans le cadre des négociations à Ouagadougou.
Selon lui, si aujourd’hui, ce groupe décide d’abandonner les armes et de se muer en mouvement exclusivement politique, cela peut être une aubaine. Baba Dakono estime que le cadre sera beaucoup plus approprié pour porter des revendications politiques. Mais pour le chercheur, cette volonté peut se heurter à de nombreux problèmes notamment le fait qu’il s’agit de localités où la création des groupes obéit très souvent à des logiques identitaires et communautaires. Le tout sur fond de rivalités entre ces groupes communautaires. De ce point de vue, Baba Dakono pense qu’il est très difficile pour le HCUA de rassembler tous ses conglomérats armés qui gravitent autour des questions de paix et de sécurité dans ces localités.
Il rappelle, par ailleurs, qu’il n’y a pas de parti politique armé au Mali puisque la législation ne le permet pas. C’est pourquoi, la mutation du HCUA en parti politique passe par son désarmement intégral.
Ousmane Sy, ancien ministre de l’Administration territoriale, présent à Kidal au congrès du HCUA comme invité à titre personnel, pense que face aux problèmes auxquels notre pays est confronté aujourd’hui, c’est une bonne chose qu’un mouvement armé décide de se transformer en parti politique. Selon lui, le dialogue politique est toujours mieux que le dialogue des armes. Et le fait que le HCUA se retrouve avec les autres mouvements du Nord qui sont dans la CMA ou dans la Plateforme pour parler d’union d’action, est une bonne initiative. Cela fait avancer notre pays encore dans la voie de la paix, souligne Ousmane Sy qui témoigne que ce qu’il a entendu pendant ces quatre jours à Kidal prouve qu’il n’y a aucune remise en cause de l’appartenance à la nation malienne. Il a précisé que ce qui est discuté et là où il y a des crispations, c’est par rapport à l’état qui a du mal à gérer la diversité au cœur de la nation malienne.
L’ancien ministre se réjouit que tout ce monde qui est à Kidal reconnaît être de la nation malienne. Mais ce qui est demandé, c’est que l’état ait la capacité de se reformer. « à partir du moment où un mouvement décide de sortir de son statut de mouvement armé pour être un parti politique, cela voudrait dire qu’ils ont décidé de renoncer aux armes », explique Ousmane Sy, ajoutant que cela va de soi car on ne fait pas la politique avec les armes. « C’est d’ailleurs l’esprit de l’accord, fait-il remarquer. S’ils décident d’être un parti politique ou une association, des voies légales sont là pour qu’ils défendent leur projet politique. Dès qu’on est un parti politique, on a un programme dans lequel on peut mettre ce qu’on pense bon pour le pays et le défendre. »

Dieudonné DIAMA

Source: L’Essor-Mali

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